L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 28 Mars 2005 11:41 
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FA8 a écrit :

Fouché a négocié directement avec l'Angleterre en 1810 avec le consentement de Napoléon. Voyant que les tractations allaient encore capoter, Fouché a modifié les causes du traité sans en informer Napoléon... Quand ce dernier l'apprit, la disgrâce tomba.
Ces tractations n'étaient encore que des combines financières, dans lesquelles Ouvrard tiraient les ficelles .

Citation:
L'empereur n'a été mis au courant des transactions que tardivement: il désavouera Fouché dans un conseil des ministres tenu en avril 1810 en lançant: "Ainsi, monsieur le duc d'Otrante, vous faites maintenant la paix et la guerre?" et poursuit: "C'est la plus inouie de forfairtures que de se permettre de négocier avec un pays ennemi à l'insu de son souverain.." A la fin du conseil, le sort de Fouché était scellé... provisoirement

Citation:
Ces tractations n'étaient encore que des combines financières, dans lesquelles Ouvrard tiraient les ficelles

Un forumien m'a demandé des précisions sur cette phrase.
Je cite Tulard :

Citation:
"Les négociations servaient à habiller un remboursement par la France d'un emprunt fait par l'Espagne en Hollande, de 30 millions de florentins, avec pour caution 28 453 000 piastres recouvrables en 15 ans au Méxique. Seraient utilisés, pour l'extradition des piastres, des vaisseaux anglais."


Voilà un sujet intéressant qui sort de l'ordinaire et qui mérite d'être développé !


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Message Publié : 28 Mars 2005 12:38 
Bonjour,

Quel(s) point(s) voudriez-vous développer ?

Amicalement


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Message Publié : 28 Mars 2005 14:36 
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Ouvrard à la Magouille , Fouché à l'Espionnage et Bonaparte à la Castagne ! Trio mafieux qui fonctionnait au rapport de forces ! Ouvrard tenait Bonaparte par la bourse . Il avait tout financé : le Directoire , Joséphine et le Consulat ! Il finança même la dette espagnole envers la France grâce à un emprunt hollandais garanti sur l'or des colonies d'Amérique . En fait , Ouvrard était parvenu à se faire consentir ni plus ni moins l'exploitation du Nouveau Monde ! De sorte que l'Espagne ne paya pas ses créanciers et que ceux-ci ne purent faire valoir leur garantie . Agissant d'autorité par un acte de pur despotisme dans l'intérêt de son frère Louis , et sans aucune procédure judiciaire , Bonaparte déclara Ouvrard personnellement responsable de la dette espagnole . Contraint de négocier avec les banques hollandaises , Ouvrard subit alors le chantage de Fouché qui ne lui accorda de passeport qu'en échange de son entremise avec les Anglais . C'est ainsi qu'Ouvrard se trouva pris au piège du conflit Bonaparte-Fouché et que ce fut lui qui se retrouva trois ans à Sainte-Pélagie ! Là , Bonaparte essaya de le faire "craquer" , mais il montra qu'un financier pouvait aussi avoir du caractère en refusant de "négocier" sa liberté : on retrouvera cette marque de caractère plus affirmée chez son fils , Jules Ouvrard , qui fut un membre très vertueux de la commission des finances au corps législatif sous le Second Empire .
Bref , après le désastre d'Allemagne , Bonaparte fut contraint de le tirer de sa prison pour qu'il finance la campagne de France . Pas rancunier , il mit même tout le "paquet" sur Waterloo et il est encore à l'Elysée autour du 20 juin 1815 pour négocier avec Bonaparte des traites sur l'Amérique en vue de préparer un exil doré.
Donc , sans doute , Ouvrard fut-il le moins truand des trois . Et sans doute aussi sa mission britannique , soutenue par toutes les banquiers d'Europe , eût-elle porté ses fruits auprès du gouvernement de St-James , si la paranoïa d'un homme....etc...

A l'actif d'Ouvrard , victime du despotisme , cette belle et saine réflexion sur la nécessité de l'intervention de l'autorité judiciaire dans les conflits opposant l'Etat aux simples particuliers :
"Ferait-on à la Magistrature , seule garantie sociale , la cruelle injure de supposer les intérêts du Trésor compromis entre ses mains ? Et l'Etat peut-il vouloir soustraire ses intérêts à ceux à qui il confie la fortune et la vie de tous les Français ? Puissé-je n'avoir jamais à souffrir que des erreurs de la Justice ! " :20:

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Message Publié : 28 Mars 2005 17:30 
MERCI pour ce message, enfin un qui a tout compris. . .


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Message Publié : 28 Mars 2005 17:43 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Mon cher François,

Il me semble que vous devriez être plus prudent dans vos jugements...

Laisser entendre que notre ami Ouvrard qui était quand même une belle crapule -ne vous déplaise- ait pu compter sur la justice sous d'autres régimes est pour le moins aventureux.

D'ailleurs, nous savons -vous et moi- que la justice est encore extrêmement déférente envers le pouvoir exécutif quand il s'agit de la raison d'Etat.

Et je ne parle pas seulement de la "justice administrative" qui n'en est pas une...

Sinon, vous parleriez à un multi-millionnaire aujourd'hui... :diablotin: :hahaha:


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Message Publié : 28 Mars 2005 17:51 
Bonsoir,

L'argent est la principale cause des guerres napoléoniennes et des maux terribles de ce monde. Les Bourbon en voulaient à Napoléon, car il tenait la caisse à leurs places, alors qu'ils avaient été incapables de la garder quelques années avant. Pourtant un minimum de bon sens politique leur aurait évité l'exil, mais malgré l'ancienneté de leur maison, il n'avait plus la grandeur de leurs anciens.

Amicalement


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Message Publié : 28 Mars 2005 19:11 
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FA8 a écrit :
Bonsoir,

L'argent est la principale cause des guerres napoléoniennes et des maux terribles de ce monde.


C'est sans doute une des causes, mais ce n'est pas la seule... :16:

Citer :
Les Bourbon en voulaient à Napoléon, car il tenait la caisse à leurs places, alors qu'ils avaient été incapables de la garder quelques années avant. Pourtant un minimum de bon sens politique leur aurait évité l'exil, mais malgré l'ancienneté de leur maison, il n'avait plus la grandeur de leurs anciens.


Un peu prosaïque comme explications... L'argent n'est pas la seule motivation pur la conquête du pouvoir !


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Message Publié : 28 Mars 2005 19:22 
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Le jugement que je rapporte sur les garanties judiciaires , Bruno , est d'Ouvrard lui-même , qui avait été confronté à des actes arbitraires de Napoléon où l'Etat était à la fois juge et partie !
A deux reprises , Ouvrard fut déclaré co-débiteur de la dette d'autrui envers l'Etat par simple décret impérial ! Moeurs ottomanes ...

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Message Publié : 28 Mars 2005 19:58 
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Par contre, l'Etat n'est jamais reconnu débiteur de ses propres dettes. Ou si peu....


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Message Publié : 28 Mars 2005 22:58 
Citer :
La tentative de Walcheren avait aggravé les rapports entre Napoléon et Louis. Celui-ci avait été contraint de dégarnir son royaume pour se porter avec huit mille hommes entre Zandvliet et Anvers. Loin de s'attirer la reconnaissance de son frère, il dut essuyer une terrible colère impériale. Napoléon songeait probablement à annexer la Hollande.
" C'est une colonie anglaise, confiait-il à Fontanes, plus ennemie de la France que de l'Angleterre. Je veux manger la Hollande." Pour sauver son royaume, l'infortuné Louis ne voyait qu'une issue : la paix entre la France et l'Angleterre.
Fouché avait joué les médiateurs entre les deux frères. De cette réconciliation était née l'idée de négociations avec l'Angleterre, négociations autorisées par Napoléon.
Un homme d'affaires hollandais, Labouchère, gendre et associé du banquier Baring, recommandé par Ouvrard à Fouché, devait sonder le cabinet anglais. Cette fois, Napoléon était au courant. Cette nouvelle négociations se heurta à l'intransigeance anglaise sur la Sicile et l'Espagne. Napoléon autorisa pourtant un deuxième voyage de Labouchère à Londres. C'est ici que Fouché prit une initiative. Conscient qu'un nouvel échec était plus que probable, il modifia les instructions de Napoléon, s'inspirant du plan proposé par le financier Ouvrard : on offrait à l'Angleterre de l'aider à reconquérir les Etats-Unis et on ouvrait pendant un an tous les ports du Grand Empire au commencer anglais.
Napoléon découvrit la substitution au tout au moins l'ampleur des négociations lors de son voyage à Anvers.
Fouché par Tulard.


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