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Le Directoire est le gouvernement qui dirige la France du 26 octobre 1795 au coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Composé de cinq membres appelés Directeurs, son histoire se divise en trois périodes. Le premier Directoire doit faire face à une très grave crise financière et se heurte à l'opposition de certains révolutionnaires et à celle des royalistes. Il mène en Italie une guerre contre l'Autriche et succombe au coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Le deuxième Directoire subit la domination des généraux qui ont sauvé le régime le 18 fructidor ; craignant l'anarchie, il annule les élections de l'an VI et crée en Italie des républiques-sœurs dominées par la France, ce qui irrite le reste de l'Europe contre elle. Il est renversé par le coup d'État du 30 prairial an VII (octobre 1797). Le troisième Directoire voit le retour au pouvoir des extrémistes qui prennent des mesures sévères contre les soulèvements royalistes et organisent, en 1799, l'expédition d'Égypte contre l'Angleterre, qui échoue. En même temps, les armées françaises sont expulsées d'Italie et la France risque d'être envahie : pour faire face, le Directoire crée le service militaire obligatoire et décide un emprunt forcé. Le coup d'État du 18 brumaire, fomenté par Sieyès, cause sa chute et donne le pouvoir à Bonaparte.
DISCOURS DU 18 BRUMAIRE A mon retour à Paris, j'ai trouvé la division dans toutes les Autorités, et l'accord établi sur cette seule vérité, que la Constitution était à moitié détruite et ne pouvait sauver la liberté.
Tous les partis sont venus à moi, m'ont confié leurs desseins, dévoilé leurs secrets, et m'ont demandé mon appui : j'ai refusé d'être l'homme d'un parti.
Le Conseil des Anciens m'a appelé; j'ai répondu à son appel. Un plan de restauration générale avait été concerté par des hommes en qui la nation est accoutumée à voir des défenseurs de la liberté, de l'égalité, de la propriété : ce plan demandait un examen calme, libre, exempt de toute influence et de toute crainte. En conséquence, le Conseil des Anciens a résolu la translation du Corps législatif à Saint-Cloud; il m'a chargé de la disposition de la force nécessaire à son indépendance. J'ai cru devoir à mes concitoyens, aux soldats périssant dans nos armées, à la gloire nationale acquise au prix de leur sang, d'accepter le commandement.
Les Conseils se rassemblent à Saint-Cloud; les troupes républicaines garantissent la sûreté au dehors. Mais des assassins établissent la terreur au dedans; plusieurs Députés du Conseil des Cinq-cents, armés de stylets et d'armes à feu, font circuler tout autour d'eux des menaces de mort.
Les plans qui devaient être développés, sont resserrés, la forte majorité désorganisée, les Orateurs les plus intrépides déconcertés, et l'inutilité de toute proposition sage évidente.
Je porte mon indignation et ma douleur au Conseils des Anciens; je lui demande d'assurer l'exécution de ses généreux desseins; je lui représente les maux de la Patrie qui les lui ont fait concevoir : il s'unit à moi par de nouveaux témoignages de sa constante volonté.
Je me présente au Conseil des Cinq-cents; seul, sans armes, la tête découverte, tel que les Anciens m'avaient reçu et applaudi; je venais rappeler à la majorité ses volontés et l'assurer de son pouvoir.
Les stylets qui menaçaient les Députés, sont aussitôt levés sur leur libérateur; vingt assassins se précipitent sur moi et cherchent ma poitrine: les Grenadiers du Corps législatif, que j'avais laissés à la porte de la salle, accourent, se mettent entre les assassins et moi. L'un de ces braves Grenadiers (Thomé) est frappé d'un coup de stylet dont ses habits sont percés. Ils m'enlèvent.
Au même moment, les cris de hors la loi se font entendre contre le défenseur de la loi. C'était le cri farouche des assassins, contre la force destinée à les réprimer.
Ils se pressent autour de président, la menace à la bouche, les armes à la main; ils lui ordonnent de prononcer le hors la loi : l'on m'avertit; je donne ordre de l'arracher à leur fureur, et six Grenadiers du Corps législatifs s'en emparent. Aussitôt après, des Grenadiers du Corps législatif entre au pas de charge dans la salle, et la font évacuer.
Les factieux intimidés se dispersent et s'éloignent. La majorité, soustraite à leurs coups, rentre librement et paisiblement dans la salle de ses séances, entend les propositions qui devaient lui être faites pour le salut public, délibère, et prépare la résolution salutaire qui doit devenir la loi nouvelle et provisoire de la République.
Français, vous reconnaîtrez sans doute, à cette conduite, le zèle d'un soldat de la liberté, d'un citoyen dévoué à la République. Les idées conservatrices, tutélaires, libérales, sont rentrées dans leurs droits par la dispersion des factieux qui opprimaient les Conseils, et qui, pour être devenus les plus odieux des hommes, n'ont pas cessé d'être les plus méprisables. BONAPARTE -
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