L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 23 Nov 2008 22:47 
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Chère Rose, que de passion dans votre réponse.

Je veux bien admettre une subjectivité de ma part sur les défauts présumés ou avérés du valeureux corse.

Par contre, il est évident que vous n'êtes pas indifférente au charme romantique qui entoure le personnage, non sans quelques raisons je vous l'accorde.

Mais il convient de rester critique (et pas seulement au sens négatif du terme) sur, sinon l'œuvre, du moins la personnalité de l'empereur.

Accordons nous sur un point, l'homme ne démérite pas de son statu de génie reconnu plus ou moins universellement. Mais il a ses limites.

Bien sur pour reprendre cet exemple, la gestion des affaires courantes est évidement à sa portée, mais comment croire qu'un tel homme, même converti à la vie du bon père de famille, s'en serait contenté.

Bien sur son génie réside tout autant dans son travail constitutif de la France rassérénée du XIXème naissant que dans ses talents exprimés sur le champ de bataille. Mais sa conception même de la grandeur dépasse et de loin son intérêt par ailleurs certain pour ce qui attrait à l'édification d'un État moderne (tel qu'on le conçoit alors du moins).

Et ne l'oublions pas, Bonaparte est et restera un militaire (et non des moindres). Cela fait de lui un aventurier dans l'âme (et je soutiens cette idée sans la moindre arrière pensée péjorative), calculateur et prudent d'un côté, mais audacieux et dangereusement entreprenant de l'autre.

Pour résumé, tel un joueur de poker, je le crois capable de s'assoir paisiblement le temps d'améliorer son jeu, mais prompt et impatient de passer à l'attaque dès la plus petite opportunité en vue. Pas seulement par appât du gain (encore qu'on ne peut contester sa rapacité) mais en premier lieu pour la beauté du geste.

Et cela me permet d'introduire l'hypothèse suivante: Tel un joueur pathologique en déveine depuis trop longtemps, il se pourrait bien que ses symptômes dépressifs dès la fin du premier règne et durant la période des cents jours, soient une manifestation d'un sevrage forcé contrevenant une addiction développée aux sensations de victoire et de triomphe qui lui étaient devenus habituels.

Pour tout dire, et c'est bien sur totalement subjectif, j'estime qu'en toute connaissance des choses, Napoléon aurait préféré indéfiniment courir le risque d'un quelconque scénario Waterloo-Sainte-Hélène plutôt que d'opter pour la néanmoins très honorable et sans doute éminemment pertinente gouvernance d'une empire amoindri mais pacifié (pour ma part c'est ici que la personne de l'empereur m'apparait la plus attachante).

Et c'est sans doute en conséquence, consciemment ou non parvenu à des conclusions du même ordre, que le pays n'a pas soutenu son chef comme peut-être l'aurait-il pu et du.

Bien sur, les coalisés étaient bien les ennemis de la nation et il convenait de leur faire front. C'est sans doute pour cela que beaucoup on lutté vaillamment en 1815. Mais la plus part des Français sous l'uniforme (et à l'évidence vous ne partageait pas cette opinion), aussi courageux, patriotes et disciplinés fussent-ils, semblent d'avis que l'intérêt national et celui de l'empereur ne coïncident décidément plus.

D'accord il apparait important de repousser les forces d'invasion et pourquoi pas de reprendre tout ou partie des frontières naturelles. D'accord les maladresses politiques (pour rester poli) de la première restauration ravive quelque peu le souvenirs de l'ardeur révolutionnaire originelle. D'accord encore et surtout, pour conduire la guerre, qui mieux que l'empereur pourrait être sinon choisit, du moins accepté et soutenu dans cette périlleuse entreprise ?

Cependant à quelle fin persister dans la lutte ?

Pour recouvrer une liberté prétendument confisquée par les Bourbons (mais en fait bien entamée par l'autoritarisme impérial, et j'en réfère à vos débats sur la nature du régime et le sens présent du concept de dictature) revenus dans les bagages de l'ennemi en 1814 ?

Mais qui parmi les contemporains ne voient dans les "chartes additionnelles aux constitutions de l'empire" au mieux qu'un intérim libéral en attendant une pleine reprise en main du pays par son maitre et lui seul ?

Pour reprendre la rive gauche du Rhin ? Mais nous arrêterions-nous là ? Et si nous y consentions (ou plutôt si "Il" y consentait), à défaut d'un effondrement majeur, les coalisés y consentiraient-ils eux ? Faudrait-il reprendre Moscou et cette fois la garder pour obtenir satisfaction (et cette fois au passage, excepté sans doute en Pologne, il est douteux que les peuples accueillent les soldats français en libérateurs) ? Combien de ses fils la France devra pleurer encore prochainement (et qui sait encore 15 ans de plus peut-être) ? Et plus trivialement mais assurément pas accessoirement, combien cela nous coutera-t'il ?

Il est clair que le pays ne semble pas enclin lors des cents jours à des sacrifices démesurés pour arracher à l'adversaire un gain certes non négligeable, mais néanmoins pas immédiatement vital pour la nation.

Preuve en est qu'elle a appris à s'en passer. Quoique, ultérieurement, il eut été stratégiquement avantageux de conserver ne serait-ce "que" la Belgique et le Luxembourg (Belges et Luxembourgeois ne me soutiendraient pas forcément sur ce point, la chose se comprend), notamment au regard de la campagne du printemps 1940,...

Oups, je digresse...

(Mea culpa, mea maxima culpa !)


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Message Publié : 23 Nov 2008 23:43 
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Meme Rose me surprend aussi. (Reischtadt) ...

Bonsoir Cher Duc,

Si vous faites allusion à mon intervention du 7 Octobre dernier, je pense qu'il y a malentendu ...

Je suis prête à m'expliquer, si telle est l'origine de la confusion... :4:



:salut:


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Message Publié : 23 Nov 2008 23:57 
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:salut: Chère Rose non je ne vous demande pas une explication, mais laché comme cela pour les nouveaux... En 1815 certes Napoléon est politiquement seul, logique, mais ce qui comptait ce n'était pas tous ceux qui étaient revenus manger dans le creux de sa main mais les Français!

Bien à vous.
:Madame:


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Message Publié : 24 Nov 2008 0:56 
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Cher Duc De Reichstadt.

Je vous suis bien reconnaissant pour la chaleur de votre accueil.

Effectivement je suis un nouveau venu. En tant que tel, il va sans dire que je déborde de maladresses (à l'évidence) et que je manque de clarté dans mon propos.

Comme je m'essayais à l'expliquer à la brillante Rose, il n'est pas dans mon intension de critiquer le courage et la valeur des combattants de nos armées de 1815, mais de souligner le déficit de motivation de la masse. Tant pour la troupe, pour bien des officiers (y compris et surtout malheureusement généraux et maréchaux) que pour la population (et là je crois la chose fondée) dans sa masse (c'est en ce sens que je conçois la solitude de l'empereur lors de la campagne).

Et pour ma part je partage votre vue sur le fait que le dénouement d'une bataille n'est pas écrite à l'avance (les kriegspiel et autres wargames toujours pratiqués dans les écoles d'officiers constituent un argument solide pour souligner les potentialités mésestimées de chaque affrontement).

Pour ce qui est de l'image que je me fais du grand homme, ne croyait pas que je le perçoit comme assoiffé de sang, un couteau entre les dents. Et je ne doute pas qu'il ait constamment recherché une paix avec l'Angleterre (pour peu qu'elle reste un intermède et soit toute entière en sa faveur).

Du moins tant que les évènements lui étaient favorables. Car plus tard, c'est en homme aux abois (le mot vous paraitra trop fort je le crains) qu'il essaie de négocier. Les coalisés en 1815 le considèrent ainsi. Ils auraient donc été bien sots (et c'est peut être trop leur demander) d'accepter de lui accorder le temps de redresser sa situation.

Je reste par contre moins complaisant que vous vis à vis de ses aspirations à conclure une paix définitive avec les Anglais, ou avec tout autre nation du continent qui ne lui aurait pas été préalablement inféodée.

Je ne juge pas ici de la pertinence d'un tel choix (la soumission de toute l'Europe dans le but de sécuriser la France, ou seulement afin d'assouvir les ambitions impériales, ou encore pour unifier le continent et ériger une vaste "paix française" porteuse d'une part non négligeable des valeurs révolutionnaires, un peu comme Rome s'étendit dans l'antiquité) car c'en est bien un.

Je souligne que, pour des raisons géopolitiques, et psychologiques (j'y reviendrais), Napoléon ne saurait indéfiniment rester dans un bureau, même pour y réaliser de grandes choses (A ce propos je n'ai nullement contesté ni la réussite, ni l'étendue, ni la portée de l'œuvre réformatrice impériale. Je remarque juste que, si Napoléon est conscient de l'importance du travail accompli, cela ne correspond pas à ce qui semble être sa conception première de la grandeur, celle qu'on ne peut acquérir que par les armes).

En ce qui concerne la paix d'Amiens, vous tenez là un exemple parfait de ce que j'avance. Bien sur si les Anglais n'envisageaient certainement pas de lâcher Malte, du moins pas sans garanties, la politique de l'empereur, notamment en Allemagne avec les conséquences du recès de 1802, n'est pas moins provocatrice.

Les Britanniques avaient signé en espérant contenir la France dans ses acquis (sans aucun doute eux aussi provisoirement et en travaillant simultanément à forger une nouvelle coalition). Napoléon, lui, savait pertinemment que l'extension de son influence au delà des limites reconnues à Amiens ne pouvait que générer un nouveau conflit.

Et précisément il recherche activement l'affrontement en œuvrant, non sans quelques succès, à imputer la nouvelle guerre aux anglais.

Ne prenez pas la mouche car là aussi mon jugement n'a pas de valeur morale. Je m'explique:

-Tant les acquis révolutionnaires que l'extension de l'influence française en Europe ne peuvent durablement être acceptés, par tous les grands monarques continentaux sauf à les réduire à l'impuissance.

-Les divergences d'intérêts économiques et commerciaux entre la France et la Grande Bretagne ne pourront être résolues que lorsqu'une des deux grandes puissances maritime (la France est alors sans conteste la seconde) aura définitivement pris le pas sur l'autre (comme naguère le fit le Royaume Uni sir les Provinces Unies).

Donc Napoléon doit prendre les devants: provoquer les Anglais et les pousser à la guerre, car l'opinion publique en France (que même l'empereur ne prend pas à la légère loin s'en faut) n'aspire qu'à la paix (le consulat n'a été légitimé réellement que par le traité d'Amiens et les victoires qui y ont conduit, bien plus que par aucun plébiscite); puis battre séparément les continentaux pour finalement, tous les atouts en main, "composer" avec Londres.

Toutes les campagnes de 1804 à 1812, au travers de leur spécificités, doivent se comprendre dans ce schéma général. Et c'est pour éviter de voir ce schéma se reproduire (et qui sait aboutir) que les coalisés ne sauraient durablement laisser Bonaparte sur le trône de France, et que, inversement, lui même ne pourraient se maintenir indéfiniment dans une passivité relative et des frontières trop petites.

Humainement également, l'empereur est avant tout un soldat (remarquons au passage que cela ne prédispose pas précisément l'esprit à l'art subtil de la négociation et du compromis). Et s'il gouverne avec efficience depuis sa tente, c'est en campagne et à la tête de ses armées qu'il est pleinement lui même, dans son génie mais aussi dans sa saine simplicité. Il n'a jamais été homme de salon et s'est souvent montré mal à l'aise en société.

Il n'est sans doute véritablement heureux qu'au milieu de ses troupes, dans un environnement qui lui est familier et (paradoxalement pour les civils) rassurant. Et malgré tous les plaisirs et les flatteries de la cour, par delà les périls, les souffrances et le danger, l'excitation pendant la bataille, et le bonheur de la victoire (joies probablement inconcevables pour les non-combattants)...

Comment se passer du triomphe quand on est Napoléon ?

Comment renoncer au monde quand il s'est fallu de peu qu'il vous appartienne ?

(Oui en tant que néophyte je m'égare. J'essaierai à l'avenir d'être moins verbeux et plus structuré. Merci de votre indulgence éclairée.)


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Message Publié : 24 Nov 2008 2:02 
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:salut: Imberator.

Faute de temps je ne reviens que sur un des points que vous avez évoqué, désolé.
Le Traité d'Amiens et le Récès du 25 février 1803.

Les deux ne sont pas liés du tout, il n'y a pas en 1803 qu'une seule Allemagne mais un seul Saint empire romain germanique en pleine décrépitude à l'Ouest et au sud, d'ailleurs la Prusse prit son indépendance progressive du Saint-Empire, au XVIIIème elle était indépandante. De nombreuses principautés étaient quasiment indépendantes du Saint-Empire au point où l'Empereur d'Allemagne n'avait plus qu'une autorité de façade mais politiquement ces états étaient membres de l'Empire germanique c'est vrai.
En fait les Etats rhénans étaient à l'image des Etas d'Italie qui pour beaucoup se félicitèrent de l'intervention de Bonaparte. Dans cette partie occidentale de l'Allemagne (appellons la ainsi par commodité) les idées révolutionnaires avaient des échos favorables chez de grands penseurs allemands de l'époque et au-delà meme de cette Allemagne occidentale, je pense à Goethe, à Beethoven par exemple...

Le récès de 1803 ne fut pas simplement concédé par la diète d'empire mais fut signé par la totalité des puissances et Angleterre comprise!
La nouvelle Confédération du Rhin passa sous administration française de droit et symboliquement l'Empereur d'Allemagne conservait la tete de l'autorité judiciaire et d'autres attributions honorifiques.

La rupture du traité d'Amiens eut lieu le 16 mai 1803, l'Angleterre était concurrencée sur son propre terrain : le commerce, l'accès libre des mers à la marine française donnait l'occasionn de prouver que la France non seulement pouvait commercer tout comme les autres puissances mais aussi etre capable de faire mieux que les Anglais. Il ne faut pas oublier que la France était un pays puissant à cette époque si on la compare avec l'Angleterre tant pour la superficie, la démographie, le nombre d'habitants, sa position géopolitique, ses armées et bientot sa marine une fois celle-ci reconstituée grace aux bienfaits du commerce.

De plus et c'est très important, l'Angleterre revendiquait les Etats-unis, Bonaparte ne pouvait défendre nos colonies américaines au cas où cela deviendrait impérieux et ce, surtout depuis la perte récente de Saint Domingue qui aurait du etre un marche pied vers l'Amérique.

Bonaparte vendit nos colonies pour une bouchée de pain à la stupéfaction des ambassadeurs américains qui n'en avaient pas reçu mandat pour opérer une telle vente.
En vendant la Louisiane soit un tier des Etats Unis actuels, Bonaparte se faisait un nouvel allié et surtout un ennemi pour l'Angleterre. Cela porta ses fruits puisque les Anglais furent battus aux USA en 1812.

L'Angleterre, de par le Traité d'Amiens, devait évacuer Malte et la France l'Egypte, l'Angleterre refusa d'honnorer sa signature tout comme elle ne joua pas le jeu régulier du commerce qui l'affaiblissait.
Elle araisonna tous les navires marchands français.
C'était la guerre et cette guerre était non seulement économique mais politique aussi, la peur de la contagion révolutionnaire en Angleterre n'était pas un mythe, si la France avait pu se remettre à prospérer grace à la regénération par la Révolution et grace à sa stabilisation par le Premier Consul, nombre d'Anglais auraient pu demander ce qu'ils n'avaient pas : la terre et le pouvoir politique!
D'ailleurs l'aristocratie anglaise dut mettre fin au servage à la meme époque.

L'Angleterre à aucun prix ne pouvait laisser la France se doter d'une marine libre de circuler par delà les mers, elle ne faisait pas le poids dans sa petite ile.

Bien à vous.
:salut:


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Message Publié : 24 Nov 2008 2:22 
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Correction "Le récès de 1803 ne fut pas simplement concédé par la diète d'empire mais fut signé par la totalité des puissances et Angleterre comprise!"

Désolé en me relisant, pas par toutes les puissances mais par la diète d'Empire et la Russie, une affaire qui ne concernait pas l'Angleterre, ce que l'Angleterre voulait c'était la Hollande rien que ça (sans s'etre battue, sans avoir pied sur le continent) et la Prusse voulait le Hanovre qui jusque là ne passa pas sous administration française sauf après la rupture du Traité d'Amiens.
La Prusse était alliée à la France.

Désolé en voulant faire vite, on raconte parfois n'importe quoi!

PS : Bruno il faudrait rétablir la fonction "éditer" au moins quelques minutes après avoir posté le message.
:salut:


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Message Publié : 24 Nov 2008 2:24 
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Bonsoir Chers Duc et Imberator, à qui je souhaite également la bienvenue : dans l'élan de ma prose, j'en oubliais la première des politesses !

Faute de présence assidue ce soir, et de temps également, je n'ai pas lu la suite de vos échanges, mais j'y reviendrai demain assurément ... :2:

Comme tout sujet traitant de l'épopée napoléonienne, la passion fournit, encore et toujours avec la même abondance, l'encre de nos plumes.

Apparemment nous ne sommes plus à Waterloo qu'accessoirement, mais je pense que Bruno rétablira la situation . :4:

Bonne nuit, Cher Duc.



:salut:


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Message Publié : 24 Nov 2008 4:22 
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Pour les Anglais, les préoccupations économiques et par delà navales passent au premier plan. Soit.

Mais le sort du Hanovre reste une source de préoccupation majeure. Non seulement pour des raisons dynastiques, mais aussi car il permet de contrôler une bonne part du commerce en Allemagne du nord (commandant aux embouchures de la Weser et de l'Elbe, comme aux principaux ports allemands et villes libres de Brèmes, Hambourg, et dans une moindre mesure Lubeck).

Or le Recès, acte de décès du déjà moribond Saint Empire de droit romain et de nation germanique (le seul bon point pour les Anglais mais aussi pour les Français, c'est l'éloignement d'une unification allemande, redoutée depuis Charles Quint et ensuite durant la guerre de trente ans, qu'elle se fasse au bénéfice des Autrichiens ou des Prussiens) et de sa profusion de principautés de comtes de fées, induit ou entérine des modifications territoriales et politiques fondamentales en Allemagne. Les Britanniques ne sauraient rester indifférents. Surtout étant donné ce que, Bonaparte retire du Recès.

Au travers de l'influence directe du pas encore empereur sur l'élaboration du texte, ainsi que du passage de facto d'une large partie de l'Allemagne rhénane sous l'hégémonie française, c'est le Hanovre qui se voit à terme menacé, et c'est déjà la Confédération du Rhin qui est en gestation. On a alors dépassé de façon irréversible les objectifs Anglais à la paix d'Amiens.

Que dire alors de l'Autriche et de la Prusse ? Certes pas complètement oubliées par les rétrocessions territoriales, elles se voient néanmoins supplantées toutes deux dans leurs prétentions plus large sur le vieil empire mourant. C'est au final les unir contre la France (alors qu'il eut été plus inspiré de jouer l'une contre l'autre selon les circonstances mais pas dans une optique de vassalité comme cela sera le cas plus tard). Le génie et dans le même temps la chance de Napoléon sera de ne pas avoir à les affronter simultanément en 1804. Les choses auraient alors vite pu tourner à l'aigre et le grand empire ne jamais voir le jour.

Pour ce qui est de la Louisiane, Napoléon sait pertinemment que, refuser de la céder aux Américains c'est se les aliéner durablement, alors même que, tant l'état de la flotte que celui des dépendances caraïbes de la France ne permet pas d'espérer une défense sérieuse des grandes plaines.

Il m'apparait de plus que les américains aient joué bien plus subtilement le coup que vous ne semblez le pensez. De ce qu'il m'a été donné de comprendre, les délégués américains lors des débats sur la cession de la Louisiane française ont peut-être été surprises par les propositions de l'empereur, et était-il été bien avisé de s'en faire des amis. Mais, avait-il vraiment le choix ?

En effet, les USA voulaient en premier lieu la Louisiane bien plus que le Canada anglais (la conquête de l'ouest avant celle du nord) malgré leur antipathie pour l'Angleterre de l'époque. La région pouvait donc devenir possession américaine "par la force" en cas de refus français (et les dirigeants américaines semblent bien avoir très discrètement agité la menace d'une telle action à leurs homologues français). Cela n'échappe pas à Napoléon qui préfère se faire un allié (pas un vassal, un vrai, et il n'en a jamais eu beaucoup) qu'un ennemi de plus (ça il n'en a malheureusement jamais manqué à la vérité).

Le génie finalement mal récompensé des Américains alors aura été d'obtenir pour presque rien la Louisiane avant de se jeter (mal et trop tard peut-être) contre le Canada anglais. Ils auraient parachevé ce faisant l'édification de leur construction continentale tout en repoussant un retour (toujours possible on le verra avec l'incendie de Washington) des forces de l'ancienne métropole sur leur sol.

Autre chose, l'empereur bientôt n'optera pour une dissolution complète de la Prusse et de l'Autriche. Mais en désaccord avec vous, je n'y vois pas une démonstration d'intentions pacifiques de Napoléon. La Prusse est tellement affaiblie et vassalisées que pourquoi aller plus loin ? Juste pour déployer un peu plus de soldats français en garnison ? Agrandir le grand Duché de Varsovie et remonter un peu plus les Russes ? La vassalisation finalement réalisée de la Prusse sera filialement, politiquement et financièrement, plus productive pour les Français (je n'oserais ici faire le parallèle stratégique avec l'établissement ailleurs, par d'autres et dans des circonstances bien plus dramatiques d'une zone sud inoccupée..., mais la démarche reste la même).

l'Autriche dissoute, le mariage autrichien perd une bonne part de son utilité, et avec lui, les aspirations dynastiques de Napoléon.

Non l'empereur opte, et cela correspond à l'évolution de sa pensée diplomatique (effectivement de plus en plus "ancien régime" les années passant), pour une sorte d'alliance "appuyée" autour d'un "pacte de famille" (comme naguère celui des Bourbons) autour des trônes déjà occupés par des Bonaparte, et élargi à l'ensemble Habsbourgeois.

La finalité stabilisatrice d'une telle politique, pourtant déjà on peut le penser obsolète, correspond mieux au schéma général du grand empire qu'une destruction complète des états vaincus. Autriche et Prusse "associées" à Napoléon lui permettent de tenir à distance la menace russe sans avoir immédiatement à entretenir chèrement aux portes de la Russie une armée suffisamment massive pour être dissuasive.

Cette construction ne manque pas de cohérence malgré sa fragilité. Fragilité que l'empereur ne méconnait pas (il sait bien que ces "alliés" se retourneront contre lui si l'occasion leur est favorable) mais qui évidement se révèlera fatale avec l'échec autour de Moscou. C'est sans doute aussi dans l'esprit de Napoléon une opportune manière de gagner du temps. Lorsque l'Angleterre aura plié, la paix revenue, il sera bien temps de se lancer dans une projection impériale de "type recès" et réorganiser plus profondément l'Europe centrale et orientale, en effaçant au passage au besoin Prusse et Autriche de la carte.

En attendant, pourquoi dérégler une machine, peu fiable et à terme peut-être condamnée, mais fonctionnelle et peu couteuse dans son usage immédiat ?

(Oui Rose je m'en excuse sincèrement, c'est bien moi qui nous éloigne d'une revisite de la campagne des cents jours).


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Message Publié : 24 Nov 2008 14:17 
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Inscription : 13 Nov 2007 13:45
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Bonjour,

Dieu que le sujet est vaste, ou plutôt ne cesse de s'alargie ! :grands yeux:

Il est vrai que si l'on s'attache à parler de Napoléon, une seule de nos vies n'y suffira pas ....

Pour l'argumentation d'Imberator, j'ai quelques remarques à apporter, ce soir certainement, quand le calme sera revenu après une journée toujours tumultueuse.

Ce midi, je voudrais juste revenir sur le fait que vous présentiez, cher Imberator, l'Empereur comme un guerrier avant tout, laissant à penser que dans les autres domaines, il n'excella pas autant ...

Or, pour moi, rien n'est plus inexact que de penser cela...

Les exemples abondent, mais je n'ai le temps de n'en citer qu'un seul.

Bourrienne avait déjà remarqué et signalé que la passion du Chef de l'Etat pour l'architecture était presque l'égal de sa passion pour la guerre.
Et il est vrai de dire que les deux étaient liées puisque pour l'Empereur, une bataille victorieuse n'était complète que si une statue ou une toile ne l'immortalisait pas pour la postérité, ou pour apprendre aux contemporains ce qu'elle signifiait.

Ainsi, Napoléon se lançait à l'assaut du royaume de la culture comme il le fit, face aux troupes ennemies ; l'Empire, en effet, courtisait les plus grands artistes de l'époque, qu'ils soient peintres, sculpteurs ou architectes, l'époque de Premier Empire fut bien plus riche en tous ces artistes que les siècles précédents...

En cela, Napoléon jouait admirablement le rôle de "protecteur des Arts", et pour Lui, l'Art se devait d'édifier, de régénérer, et de représenter quelque chose d'éloquent au public comme au privé.

N'oublions jamais que l'Empereur, en tant qu'urbaniste, fut responsable des marchés et des cimetières de Paris, des abattoirs, des réverbères, des numéros de rues, des trottoirs, des canaux et des quais de la Seine, du réseau de distribution de l'eau et des égouts, du service des poimpiers, (et pas des moindres !), de la tradition parisienne d'exposer les toutes dernières inventions industrielles et technologiques ...

En résumé, il faudrait être malhonnête pour ne pas en conclure que tout ceci représenta une réussite unique, pour seulement 14 ans de pouvoir, même si une bonne partie est aujourd'hui invisible, ou victime de l'érosion du temps ...

Pour terminer sur cette parenthèse, je dirai qu'à la différence des Bourbons, le désir de Napoléon de construire et d'agrandir était sans cesse subordonné à l'intention, ô combien honorable, de fournir du travail aux métiers du luxe et de la construction, tout en gardant malgré tout un oeil vigilant sur le budget de l'Etat ...
L'Empereur ne savait que trop de quelle façon le roi Louis XIV avait ruiné la France avec son palais extravagant, perdant de ce fait une bonne partie de sa réputation.

En somme, Napoléon le bâtisseur, Napoléon le collectionneur d'oeuvres d'art, le créateur de Musées et l'urbaniste n'était pas le Napoélon militaire, bien que dans tous les domaines pré-cités, le but était de remporter autant d'autres batailles d'Austerlitz !

Mais pour Napoléon, il n'était pas seulement question de "manipuler" l'opinion publique, car pour Lui, il fallait constamment agir pour "éblouir" la France, entendant par là qu'Il se devait également de la servir et de la régénérer ; et si certains ont tendance à penser qu'Il ne pouvait négliger d'oublier sa propre renommée et de se légitimiser, il faut bien reconnaître qu'il ne pouvait pas plus se séparer de son désir de faire de bonnes oeuvres (n'en déplaise à certains ! :4: ).

Pour terminer avec une comparaison éloquente, j'avancerai qu' Auguste César présentait bien quelques troublantes similitudes avec notre Empereur "préféré" ( :4: ), sauf que le premier eût tout de même le loisir de bâtir son époque en un peu plus de quatre décennies, alors que le Second ne disposa que de quatorze ans pour accomplir son oeuvre ...

Ce ne serait pas la définition du génie par hasard ? :4:


Bon après-midi à vous deux.




:salut:


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Message Publié : 24 Nov 2008 17:18 
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Localisation : Régions Tribales Au Sud Ouest De Nîmes
Visiblement je touche un point sensiblement en focalisant l'action de l'empereur sur l'aspect militaire.

Pourtant loin de moi l'idée de nier ou d'amoindrir l'immensité de l'œuvre civile accomplie, comme j'ai donc du en donner l'impression précédemment.

Je soutiens cependant que (là je m'avance dangereusement encore), même aux yeux de Napoléon sans doute (bien qu'à Sainte-Hélène il ait dans une large mesure atténué cet axiome), l'histoire si elle n'est pas tout à fait écrite par les vainqueurs, exprime en premier lieu le récit qu'ils en ont fait. Ce récit, quel que puisse être sa véracité, sera celui qui se perpétuera au travers de la culture populaire (et vous me direz que c'est là que je puise mes erreurs assurément).

Or (hélas me direz vous) c'est à travers ce récit que se perpétue la perception de grandeur chère à ceux qui y aspirent, et il me semble que Napoléon fait grand cas de celle qu'il inspire et inspirera. Pas seulement à dessein de propagande immédiate et de maitrise de l'opinion, mais aussi (et peut être surtout) dans le but de décider lui-même de qu'elle façon il marquera la postérité de son empreinte.

Je maintiens également que, malgré tous les mérites qu'on peut lui reconnaitre par ailleurs et le bénéfice qu'on pu immédiatement déjà en retirer les Français, le régime (police politique et "gouvernement" des notables inclus) repose avant tout sur le prestige militaire de l'empereur et dépend de la répétition des victoires engrangées.

L'empire vacille des les premiers revers. Napoléon regagne Paris au plus vite (en 1812, puis en 1813), plus dans le but de parer à des tentatives de coup d'état, que pour en personne lever de nouvelles troupes (la chose, c'est entendu, pouvait se faire depuis sa tente). Et si il n'y a pas véritablement d'usure du pouvoir jusqu'en 1812, c'est parce que les triomphes successifs redonnaient jusque là sa légitimité première au régime, restaurant sans cesse sa "virginité" originelle.

N'oublions pas qu'il n'y a à peu près qu'en France qu'on perçoit le consulat et l'empire autrement que comme une dictature militaire (sur que je vais me rendre un peu plus impopulaire ici en rappelant cela). Napoléon ne sous estime sans doute pas la nature en grande partie, sinon martiale, du moins militaire de son pouvoir.

De façon générale, par temps de paix prolongée ou de défaites, il devient difficile pour les militaires de se maintenir au pouvoir.

(Bizarre, j'ai déjà les oreilles qui chauffent là...)


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