L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : La belle défense de Thionville
Message Publié : 14 Nov 2004 16:01 
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"à propos du général Hugo" Texte tiré du site des amis

Au moment où les fils recevaient la décoration du lys, le père était moins en faveur. On lui en voulait d’avoir été si incommode aux alliés et d’avoir arrêté si longtemps les hessois devant Thionville. Avoir refusé de rendre à l’étranger une forteresse française, c’était alors une trahison, et l’abbé de Montesquiou, ministre, parlait, à la tribune, de la "révolte de Thionville". Le général fut mal noté et dut s’attendre à perdre bientôt le commandement de cette ville qu’il avait eu le tort de conserver à la France. Aussi n’y fit-il pas venir sa famille.

Le 1er mars, Napoléon débarquait à Cannes.

Le général Curto, qui avait remplacé le général Hugo dans le commandement de Thionville, déclara qu’il resterait fidèle à Louis XVIII et harangua chaleureusement la garnison, mais il fut saisi et jeté hors des remparts. Le général Hugo reçut l’invitation de se rendre sur-le-champ auprès du prince d’Eckmühl.

— Général, lui dit le prince, vous allez partir dans un quart d’heure pour Thionville. Tout le monde vous y demande, la garnison, les habitants, les autorités et le générai commandant la division ; il n’y a qu’une voix pour que vous en repreniez le gouvernement ; c’est un bel hommage rendu à vos talents et à votre conduite !

Le soir même, le général partait pour Thionville.

Quelques jours après la bataille de Waterloo, le lieutenant général Czernitchef, commandant l’avant-garde de l’armée russe, avait fait sommer le général Hugo d’avoir à remettre Thionville à l’empereur Alexandre. Le général avait répondu non, et dès le jour même les communications de Thionville avec Metz avaient été totalement interceptées.

L’accès de bonapartisme qui avait saisi la population française au retour de l’île d’Elbe était singulièrement refroidi par les Cent jours. C’était maintenant à qui abandonnerait la cause impériale. Les routes étaient couvertes de déserteurs de la grande armée. La désertion se mit dans la garnison de Thionville. Les peines les plus sévères n’y firent rien ; un grenadier condamné à mort et passé par les armes en présence des troupes assemblées effraya si peu les autres qu’il fallut faire rentrer tous les postes extérieurs et se borner à la garde du corps de la place. La garde nationale mobile diminuait de jour en jour. Le général eut beaucoup de peine à retenir le 12e bataillon de la Moselle qui se disposait à s’emparer à main armée d’une des portes pour sortir de la ville.

Le 11 juillet, le général sut que les alliés étaient entrés à Paris. Il trouva que ce n’était pas une raison pour qu’ils entrassent à Thionville. Le prince de Hesse-Hombourg lui ayant demandé de partager au moins avec lui la garde de la forteresse, il rejeta énergiquement la proposition. Pour couper court à tout malentendu et bien montrer que c’était à l’étranger qu’il résistait et non au roi, il arbora le drapeau blanc le 22 juillet et changea la cocarde des troupes.

Le 1er août, des gardes nationaux mobiles refusèrent le service, repoussèrent leurs officiers et coururent aux portes. Il fallut battre la générale, employer la force et les enfermer sous le canon du fort. Le lendemain, le 1er et le 4ème bataillon de la Meurthe désertèrent en masse. Le 6 août, le 4ème de la Meurthe refusa d’obéir. Le 10, arriva l’ordre de licencier la garde nationale, ce qui ne fut pas long, vu le peu qui en restait, et le général n’eut plus avec lui que la garde nationale sédentaire, attachée au sol par la propriété, environ de cinq cents hommes, cinq cent soixante-quatorze douaniers, et trente-trois canonniers de ligne.

Les prussiens cependant se rapprochaient de Thionville. Ils bombardaient les forts voisins, Rodemach, Longwy. Le maréchal de camp Ducos, qui, sommé de rendre Longwy, avait répondu qu’il y songerait quand son mouchoir brûlerait dans sa poche, fut forcé de capituler. Le prince de Hesse disait que ç’allait être maintenant le tour de Thionville. Le général, sans garnison, accepta la lutte. Son courage épouvanta les lâches ; il y eut un complot pour l’enlever la nuit et le livrer aux Prussiens. Cette infamie fut prévenue, et, les nuits suivantes, la population voulut qu’un peloton d’élite couchât dans les maisons voisines de celle du général.

Tout était prêt pour une défense acharnée ; la place était approvisionnée de vivres et de munitions ; les eaux avaient été lâchées et inondaient toute la route de Metz. La nouvelle vint que la paix était signée et que nos ennemis étaient nos amis. Mais le roi était plus généreux que le général ; il ouvrait aux alliés Thionville, qu’ils occuperaient, entre autres villes, jusqu’à l’exécution du traité. Cette fois, on n’eut pas besoin de destituer le général : il ne voulut pas donner une place qu’on n’avait pas pu lui prendre, et, les prussiens devant entrer le 20 septembre, il partit le 13.


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