Gouvy a écrit :
Oui mais je pourrai vous repondre qu'il a tué les assemblées, la liberté de la presse et la liberté d'opinion révolutionnaires.

Au moins jusqu'aux cent-jours et l'Acte additionnel...
(Gouvy) ...Bonjour Gouvy,
Si ces affirmations peuvent se révéler "exactes", il serait assez intéressant, voire indispensable, d'en expliquer le bien-fondé, faute de quoi le lecteur non averti ne se ferait pas une idée exacte des agissements de Napoléon ...
Il importe de rappeler que si Napoléon avait pris en horreur les assemblées parlementaires, c'était parce qu'Il les connaissait tantôt "meutes de loups", tantôt "troupeaux de moutons", n'hésitant pas à hurler à la mort contre les plus faibles, et se mettant à plat ventre devant la force, tout aussi vite subjuguées par un discours que "retournées" contre un autre, et perdant en parlottes interminables le temps si précieux de l'action !
L'action !
Napoléon, c'était justement cela : l'action personnifiée !
Et lorsqu'Il disait :
"-Jamais les assemblées n'ont réuni prudence et énergie, rigueur et sagesse",
Il ne faisait alors qu'énoncer ce qui n'était qu'une vérité d'expérience !
Que voulait Napoléon ? Simplement un gouvernement autoritaire et centralisé, propre à assurer la tranquillité publique, à mener de grandes actions, mais toujours légitimé par l'adhésion populaire et réglé par des lois.
Car il ne faut pas oublier de préciser que la population épuisée et ruinée par tant de convulsions à la stabilité, nourrissait alors une immense aspiration au retour en force de lois claires, simples et justes, de règles du jeu social compréhensibles, uniformes et respectées !
Quant à la liberté de la presse, oui également, il y eût censure et police partout, mais il faut savoir relativiser.
Tout d'abord, au regard de la position du Souverain, il est indéniable que tout n'était pas bon à mettre sous presse.
C'est légitime,et qui aurait agi autrement ?
Soit dit en passant, la période dite "noire" dans l'histoire de la presse de l'époque, n'empêcha nullement prêtres, écrivains, notables, ministres et autres politiciens "disposés", à fronder !
Et là où il importe de relativiser la réprobation sur ce sujet, c'est dans l'énoncé de quelques questions, somme toute banales, mais auxquelles il convient de répondre avec sincérité pour peindre un tableau cohérent :
Tout d'abord, les journaux étaient-ils plus nombreux sous l'Ancien Régime, et les journalistes plus libres que durant le règne de Napoléon ?
La réponse est : NON.
Avons-nous en mémoire le souvenir d'une presse russe, autrichienne, pontificale, napolitaine ou espagnole plus libres que la presse française sous Napoléon ?
Et que dire de la presse britannique, sous des allures de liberté de ton, et dans son insolence de forme et de caricatures, était-elle libre en politique extérieure d'autre chose que de traîner son "ogre corse" dans la boue ?
Enfin, il ne faut pas perdre de vue le contexte de l'époque, pour s'avouer avec sincérité que l'heure du débat d'idées libre et démocratique n'avait certainement pas encore sonné en France.
A ce propos, en guise de conclusion, je citerai une ennemie de Napoléon, qui reconnaissait elle-même cette dernière réflexion : c'est Madame de Boigne qui disait :
"-S'il avait laissé parler et écrire, Il n'aurait pas duré trois mois".
Or, nous le savons tous pertinemment, Napoléon, tout en agissant toujours au plus vite, n'eût pas le temps de terminer son oeuvre dans tous les domaines sur lesquels Il s'était penché ...
Il fallait donc bien qu'Il se donne un minimum de temps pour assumer tout ce passé révolutionnaire, toute la diversité de la France, pour pouvoir être le porteur d'une grande cause et le gardien de ce qu'Il appelait l'arche de l'ancienne et de la nouvelle Alliance, les principes fondateurs de la République réconciliés avec la permanence de la forme monarchique ...
En résumé, ce fut, sous Napoléon, un seul Code, des lois universelles, des tribunaux les appliquant avec une célérité jusqu'alors inconnue, une monnaie forte et stable, une administration probe, compétente, exacte.
Bref, un Etat moderne, centralisé, équitable et puissant.
Tout ceci nous paraît aujourd'hui largement dans la normalité des choses.
Pourtant, à cette époque, tout cela était nouveau, et la France qui se vit ainsi gouvernée aima cela.
Alors, très certainement sera-t-il juste, pour tant de travail à réaliser, tant de désordres à éliminer avant de rétablir l'ordre dans toute sa cohérence et pour le bien d'un peuple, très certainement serons-nous enclins à reconnaître que le "
Grand Homme" mérite bien son appellation !
