L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 26 Avr 2025 20:11

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 33 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant
Auteur Message
Message Publié : 24 Jan 2009 17:15 
Citer :
"un despotisme éclairé"?


Cela me semble en effet être la définition qui colle le mieux à la réalité des faits.
Même s'il faut convenir que chaque cas est particulier et que la gouvernance d'un Frédéric II ou d'une Catherine II, pour ne citer qu'eux, ont des particularités qui leur sont propres... :4:


Haut
  
 
Message Publié : 24 Jan 2009 17:49 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Gouvy a écrit :
Oui mais je pourrai vous repondre qu'il a tué les assemblées, la liberté de la presse et la liberté d'opinion révolutionnaires. :4: Au moins jusqu'aux cent-jours et l'Acte additionnel...
(Gouvy) ...


Bonjour Gouvy,

Si ces affirmations peuvent se révéler "exactes", il serait assez intéressant, voire indispensable, d'en expliquer le bien-fondé, faute de quoi le lecteur non averti ne se ferait pas une idée exacte des agissements de Napoléon ...

Il importe de rappeler que si Napoléon avait pris en horreur les assemblées parlementaires, c'était parce qu'Il les connaissait tantôt "meutes de loups", tantôt "troupeaux de moutons", n'hésitant pas à hurler à la mort contre les plus faibles, et se mettant à plat ventre devant la force, tout aussi vite subjuguées par un discours que "retournées" contre un autre, et perdant en parlottes interminables le temps si précieux de l'action !

L'action !

Napoléon, c'était justement cela : l'action personnifiée !

Et lorsqu'Il disait :

"-Jamais les assemblées n'ont réuni prudence et énergie, rigueur et sagesse",

Il ne faisait alors qu'énoncer ce qui n'était qu'une vérité d'expérience !

Que voulait Napoléon ? Simplement un gouvernement autoritaire et centralisé, propre à assurer la tranquillité publique, à mener de grandes actions, mais toujours légitimé par l'adhésion populaire et réglé par des lois.

Car il ne faut pas oublier de préciser que la population épuisée et ruinée par tant de convulsions à la stabilité, nourrissait alors une immense aspiration au retour en force de lois claires, simples et justes, de règles du jeu social compréhensibles, uniformes et respectées !

Quant à la liberté de la presse, oui également, il y eût censure et police partout, mais il faut savoir relativiser.

Tout d'abord, au regard de la position du Souverain, il est indéniable que tout n'était pas bon à mettre sous presse.
C'est légitime,et qui aurait agi autrement ?

Soit dit en passant, la période dite "noire" dans l'histoire de la presse de l'époque, n'empêcha nullement prêtres, écrivains, notables, ministres et autres politiciens "disposés", à fronder !

Et là où il importe de relativiser la réprobation sur ce sujet, c'est dans l'énoncé de quelques questions, somme toute banales, mais auxquelles il convient de répondre avec sincérité pour peindre un tableau cohérent :

Tout d'abord, les journaux étaient-ils plus nombreux sous l'Ancien Régime, et les journalistes plus libres que durant le règne de Napoléon ?

La réponse est : NON.

Avons-nous en mémoire le souvenir d'une presse russe, autrichienne, pontificale, napolitaine ou espagnole plus libres que la presse française sous Napoléon ?

Et que dire de la presse britannique, sous des allures de liberté de ton, et dans son insolence de forme et de caricatures, était-elle libre en politique extérieure d'autre chose que de traîner son "ogre corse" dans la boue ?

Enfin, il ne faut pas perdre de vue le contexte de l'époque, pour s'avouer avec sincérité que l'heure du débat d'idées libre et démocratique n'avait certainement pas encore sonné en France.

A ce propos, en guise de conclusion, je citerai une ennemie de Napoléon, qui reconnaissait elle-même cette dernière réflexion : c'est Madame de Boigne qui disait :

"-S'il avait laissé parler et écrire, Il n'aurait pas duré trois mois".

Or, nous le savons tous pertinemment, Napoléon, tout en agissant toujours au plus vite, n'eût pas le temps de terminer son oeuvre dans tous les domaines sur lesquels Il s'était penché ...
Il fallait donc bien qu'Il se donne un minimum de temps pour assumer tout ce passé révolutionnaire, toute la diversité de la France, pour pouvoir être le porteur d'une grande cause et le gardien de ce qu'Il appelait l'arche de l'ancienne et de la nouvelle Alliance, les principes fondateurs de la République réconciliés avec la permanence de la forme monarchique ...

En résumé, ce fut, sous Napoléon, un seul Code, des lois universelles, des tribunaux les appliquant avec une célérité jusqu'alors inconnue, une monnaie forte et stable, une administration probe, compétente, exacte.
Bref, un Etat moderne, centralisé, équitable et puissant.
Tout ceci nous paraît aujourd'hui largement dans la normalité des choses.
Pourtant, à cette époque, tout cela était nouveau, et la France qui se vit ainsi gouvernée aima cela.

Alors, très certainement sera-t-il juste, pour tant de travail à réaliser, tant de désordres à éliminer avant de rétablir l'ordre dans toute sa cohérence et pour le bien d'un peuple, très certainement serons-nous enclins à reconnaître que le "Grand Homme" mérite bien son appellation !



:VE2:




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 24 Jan 2009 21:16 
Hors-ligne
Technicien
Technicien

Inscription : 12 Fév 2007 19:13
Message(s) : 56
Joker a écrit :
Citer :
"un despotisme éclairé"?


Cela me semble en effet être la définition qui colle le mieux à la réalité des faits.
Même s'il faut convenir que chaque cas est particulier et que la gouvernance d'un Frédéric II ou d'une Catherine II, pour ne citer qu'eux, ont des particularités qui leur sont propres... :4:


Cher Joker,

presque comme d'habitude, nous sommes complètement d'accord.

Cordialement, votre ami,

Paul.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 25 Jan 2009 2:42 
Hors-ligne
Technicien
Technicien
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 07 Avr 2005 0:41
Message(s) : 48
Bonjour Paul,

Je reconnais la sincérité de votre explication, et le besoin de quelques explications complémentaires de ma part. Je vais reprendre les points dont vous parlez, même si celà hache un peu la discussion, ca me permettra d'expliciter un peu ma pensée.

Citer :
Il importe de rappeler que si Napoléon avait pris en horreur les assemblées parlementaires, c'était parce qu'Il les connaissait tantôt "meutes de loups", tantôt "troupeaux de moutons", n'hésitant pas à hurler à la mort contre les plus faibles, et se mettant à plat ventre devant la force, tout aussi vite subjuguées par un discours que "retournées" contre un autre, et perdant en parlottes interminables le temps si précieux de l'action !


Tout à fait d'accord avec vous, et c'est bien en ce sens que Napoléon a tué les assemblées parlementaires. Le souci est que Napoléon a remplacé les assemblées par le plébiscite, et au final s'est coupé de toute base populaire... Les députés n'étaient pas la panacée mais ils restaient de près ou de loin (selon le mode de scrutin) les représentants du peuple pour une durée determinée.

Citer :
Pourtant, à cette époque, tout cela était nouveau, et la France qui se vit ainsi gouvernée aima cela.


Le problème qu'une frange importante souhaitait un retour à ses assemblées, confirmé par le fait que Napoléon y revient contraint et forcé en 1815 ( et Louis XVIII ne pourra pas y échapper non plus). Je ne vais pas nier que le peuple francais avait besoin d'un pouvoir fort en 1800 mais à partir de 1812, 1813, les français commencent à vouloir reprendre leurs droits à la parole (politiquement parlant) et Napoléon réduit au silence la dernière relique d'assemblée, le corps législatif. N'ayant plus de légitimité matérielle (celle des victoires), plus de soutien parlementaire, l'Empire s'écroule comme un chateau de cartes en 1814 par la faute de la plus servile des assemblées : le Sénat.


Quand à la presse, vos comparaisons sont tout à fait vraies. Mais au regard, de la presse révolutionnaire, oui, l'épopée napoléonienne constitue une régression. Je crois, de mémoire, qu'on passe à 4 journaux à Paris autorisés avec un censeur aux ordres du régime dans chaque rédaction. C'est cohérent dans l'optique du régime napoléonien, mais c'est une regression. Pour les pamphlétaires, ils publièrent leur récit à l'étranger ou sous le manteau, donc celà ne rentre pas dans le cadre de l'Empire...
Napoléon, une fois retiré de la gouvernance, le reconnaitra assez clairement dans le Mémorial :

“[...] il était des institutions aujourd’hui, et la liberté de la presse était de ce nombre, sur lesquelles on n’était plus appelé à décider si elles étaient bonnes, mais seulement s’il était possible de les refuser au torrent de l’opinion. Or, il [Napoléon] prononçait que l’interdiction dans un gouvernement représentatif était un anachronisme choquant, une véritable folie.”

Pour conclure, toutes ces restricitions se concoivent assez facilement dans le régime napoléonien mais elles sont à la lettre une regression de l'idéal révolutionnaire. C'est toute l'ambiguité du Bonapartisme ou jusqu'où les "circonstances" (thême redondant dans la rhétorique napoléonienne et dans le bonapartisme) peuvent-elles permettre de modifier l'idéal révolutionnaire : l'égalité et la liberté.

Cordialement,

_________________
"Ne pas subir"


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 25 Jan 2009 13:02 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15822
Cher Gouvy,

Je me permets de réagir à votre défense et illustration de la presse sous la Révolution. Vous semblez oublier que la presse révolutionnaire n'était pas libre, car elle n'était pas pluraliste !

Les feuilles royalistes étaient évidemment interdites, tout comme celle des "modérantistes" ! Passons sur l'épisode de la Terreur, où seuls les folliculaires jacobins pouvaient s'exprimer... Et encore, pensez à ce qui est arrivé à Camille Desmoulin ! Mais -même sous le Directoire- si certains journaleux jacobins furent tolérés, il ne convenait pas de sortir de l'ordre républicain...

Parler de la liberté de la presse dans ces conditions est donc une imposture. Il n'y avait même pas de presse "catholique", attendu que le libre exercice de la religion catholique était INTERDIT !

D'une certaine façon, Napoléon n'a fait que continuer la tradition révolutionnaire en matière de presse...

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 25 Jan 2009 22:55 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Bonsoir Gouvy,

Juste une petite rectification : je ne m'appelle pas "Paul" mais "Rose" :3:

En ce qui concercerne la Liberté en général, il est vrai que poètes et historiens du XIXe se sont opposés en nombre contre Napoléon, lui reprochant d'avoir assassiné la Liberté ...

Toutefois, j'aime à me référer au mot de Mathieu Dumas, ce personnage qui avait servi la République en ramenant Louis XVI de Varennes :

"- Bonaparte n'a pas attenté à la Liberté, puisqu'elle n'existait plus."




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 26 Jan 2009 0:07 
Hors-ligne
Technicien
Technicien
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 07 Avr 2005 0:41
Message(s) : 48
Bruno,

Bien sur que la presse n'était pas libre sous la Révolution. Sous l'ancien régime, durant la Révolution ou même aujourd'hui, les gouvernants essayent de juguler l'influence de ses ennemis dans la presse, mais durant la Révolution, encore plus quand les évenements ont eu tendance à se stabiliser (le Directoire que vous le citez), les journaux avaient une liberté de parole et une pluralité que n'avait plus ceux de l'Empire.

Plates excuses Rose, ma myopie ne s'arrange définitivement pas...

Je pense pour ma part qu'il a attenté à la liberté, avec toutes les reserves que j'exprime plus haut, par exemple lors de la promulgation du decret du 3 mars 1810 sur les prisons d'Etat. Mais ce n'est que mon avis. :4:

_________________
"Ne pas subir"


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 26 Jan 2009 0:50 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Je pense pour ma part qu'il a attenté à la liberté, avec toutes les reserves que j'exprime plus haut, par exemple lors de la promulgation du decret du 3 mars 1810 sur les prisons d'Etat. Mais ce n'est que mon avis. (Gouvy) ...

C'est votre avis, et je le respecte bien évidemment. :4:

Toutefois, si Napoléon refusa de renoncer aux arrestations arbitraires, il ne cessa jamais d'en être troublé.

Aussi, en 1810, décréta-t-il que tous les dossiers des prisonniers politiques devraient être révisés annuellement, et chaque prisonnier interrogé individuellement pour éviter justement de grosses injustices.




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 26 Jan 2009 11:12 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 15822
Gouvy a écrit :
les journaux avaient une liberté de parole et une pluralité que n'avait plus ceux de l'Empire.


Sans doute ! La liberté que l'on accorde aux paltoquets de la basoche ! Rien qui puisse nuire aux intérêts véritables des Directeurs et de leurs créatures... D'ailleurs, ceux-ci (comme Barras), finançaient eux-mêmes certaines de ses feuilles de choux ! Mais point d'organes véritables d'une réelle opposition. Pas de feuilles royalistes, ni catholiques !!!

Juste quelques organes prétendûment "d'opposants", toujours prêts à rallier le courant dominant, illustrant ainsi dès le départ "la grande vénalité de la presse française"...

Curieuse conception du pluralisme, qui n'est pas sans nous rappeler l'état actuel de l'audiovisuel en France... :7:

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 28 Jan 2009 0:04 
Hors-ligne
Technicien
Technicien
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 07 Avr 2005 0:41
Message(s) : 48
Bon je vois qu'on arrive au point où nous ne serons jamais d'accord. Donc je n'insisterai pas sur la presse. :4:

Cordialement,

_________________
"Ne pas subir"


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 33 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2, 3, 4  Suivant

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  
cron
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB