L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 26 Avr 2025 20:17

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 18 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2
Auteur Message
Message Publié : 20 Nov 2008 15:37 
Hors-ligne
Assistant de recherche
Assistant de recherche
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 07 Nov 2008 14:35
Message(s) : 224
Chère Rose, le mot dictateur n'est pas forcément lié au personnage d'Hitler ... Il fut utilisé de manière plus courante du temps des césars et marquait tout simplement leur volonté d'absolutisme. D'ailleurs nul beoin d'être empereur pour être dictateur...
Je comprends néanmoins votre réticence et si, de manière globale, je reconnais que ce génie (ne l'oublions pas) que fut Napoloén sema des créations administratives, culturelles et politiques qui régissent de plus ou moins directement aujourd'hui notre société, il assassina la révolution joyeusement après Tilsitt...
Mais jamais je ne comparerai Napoléon avec Hitler, du moins en tant que personnage car, ma chère Rose, pour ce qui est du pourtour historique de leur avènement, il est assez semblable sur le fond...
En fac d'Histoire un de mes profs avait ainsi démontré que les dictateurs, ou hommes à poigne, répondaient à une sorte de cycle, une courbe faite de haut et de bas, de périodes de mécontentements, de laxismes, de révoltes puis de reprises en mains pour un régime plus autoritaire que précédemment, et ainsi de suite...BRH pourrait sans doute nous en dire plus, cette théorie était très instructive.
Quoi qu'il en soit, pour en revenir à nos deux empereurs, il est une chose que le premier réalisa implicitement, que cela soit avec l'Europe centrale ou l'Espagne, voire la Russie : il ressouda les peuples et le principe de défense des nationalités...contre lui...
Ensuite Rose, ce n'est pas parceque l'on a besoin de quelqu'un ou d'une force qu'on se doit de l'aimer (c'est d'ailleurs la base de toute politique...)
Napoléon avait l'habitude de dire que l'on gouvernait les peuples "avec des hochets"... Il en distribua gracieusement à ceux qui le méritaient ou à ceux dont il avait le plus besoin...N'oubliez pas qu'il était également, de l'avis même de ses opposants, un séducteur...
Il fut également le plus grand communiquant de l'Histoire, ou pour le moins le premier...De la redingotte grise sans fioritures à ces bivouacs avec ses soldats en passant par son soucis de transcription des bulletins de la grande armée ou des lithographies et images d'Epinal, il surveilla tout avec une attention extraordinaire.
L'art de paraître...
Mais chacun y trouva son compte : le peuple avait l'impression de se battre pour ses idéaux et surtout les conscriptions apportaient d'une certaine manière du travail, quant à l'empereur, pour la majeure partie de son règne, il représenta le bras armé de la nation et put puiser jusqu'à plus soif dans les viviers humains pour nourir ses troupes et ambitions personnelles...

Maintenant, et même si ma facination sur "Napoléon le grand" est immense par son génie bien qu'empreinte d'un désamour à partir (vous l'aurez compris) de Tilsitt, je vous rejoins sur un point : Napoléon III n'a existé que parce que l'oncle avait vécu, et sur un schéma également lié à un malentendu... En élisant l'un on crut retrouver l'autre ! quelle erreur !

Mais je défends la mémoire de celui qui fut injustement catalogué de "Napoléon le petit"... Fin psychologue, esprit affuté, excellent analyste militaire et politique, mais finalement, après s'en être servi, écrasé par un passé trop glorieux et militaire.
Néanmoins, puisque vous évoquiez les grands faits administratifs de l'oncle, faites un jour le cataloguage de tout ce qu'apporta pour le commerce, l'industrie, le social, le neveu...


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 20 Nov 2008 23:26 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Cher Ti'Breton, Cher Duc,

Au risque de me faire gronder au retour de Bruno, j'aimerais revenir un instant sur le domaine politique du Chef d'Etat que fut Napoléon 1er...

A commencer par ses facultés d'Homme d'Etat que le jeune Bonaparte déploya^pour la première fois lors des campagnes d'Italie ...

Cher Duc, vous parliez du soutien du Directoire, mais souvenez-vous combien de fois ce Général déjà grand, se retrouva aux prises avec des situations exigeant de Lui des décisions strictement personnelles, décisions qui étaient même parfois en opposition totale avec les instructions reçues...

C'est également de sa propre autorité , et sans rencontrer l'approbation du Directoire, qu'il conclut au moment opportun le traité de paix de Campo-Formio ...

Pareillement, les expéditions d'Egypte et de Syrie, ainsi que les négociations qui s'ensuivirent avec la Porte, exigeaient de Lui une adresse politique extraordinaire ...

En outre, Napoléon 1er possédait, dans les débats de politique intérieure, ce froid calcul de toutes les circonstances, cette prévoyance avisée et précise, gages essentiels du succès dans ce domaine.

Enfin, les tâches politiques qu'il s'imposa comme Maître absolu de la France, il sut les dominer avec ce génie unique dont il était investi.

Cher Ti'Breton, je pense sincèrement que le respect qu'on doit au Génie nous force à dire que ce qui a poussé cet homme isolé à devenir le Maître de l'Europe, c'est bien plus qu'une ambition personnelle, et que ce n'est pas pour obéir à la voix de son bon plaisir qu'il a fait envahir et dévasté des pays, assujetti des peuples et entraîner tant d'hommes sur des champs de bataille, d'où des milliers et des milliers n'en sont jamais revenus.

Non. C'est bel et bien le génie de l'Histoire qui vivait en Lui, et c'est encore ce génie qui le contraignit à marquer toute l'Europe de son empreinte, tout en donnant au Monde un autre visage
Il fut certainement l'un des plus grands génies militaires de tous les temps, mais au fond, Il n'était pour la Providence, que l'un de ses plus précieux instruments, une Providence qui, une fois ses desseins réalisés, éteignit sans scrupules l'étoile du Grand Homme.




:VE2:




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 21 Nov 2008 5:06 
Hors-ligne
Directeur de recherche
Directeur de recherche
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Août 2004 12:01
Message(s) : 767
:salut: Rose et Ti'Breton (immiscez vous, vous etes le bienvenu et vos interventions sont excellentes).

Chère Rose je ne répondrai qu'aux petites divergences que nous avons. :4:

Rose "Et l'Empereur, comment aurait-il pu pressentir le complot, Lui qui se trouvait alors à Moscou ?"

Cela démontre bien que son éloignement du territoire national posait problème.
Un autre exemple, l'affaire de Walcheren, comment diable ce Fouché, ministre de la police, put repousser un débarquement anglais?
Un minitsre de la police! Si mes souvenirs sont bons, Napoléon était mécontent de lui, non pas qu'il avait mal agi mais que ce n'était pas son role. Cela montrait surtout le dénuement relatif de l'Empereur quand il était absent!
Vous faites bien de nommer Savary, encore un ancien "fidèle" trop zélé qui n'était pas capable d'analyser une situation et interpréter un ordre par trop obscur. (voir l'affaire du Duc d'Enghien).

"D'accord aussi, mais la personnalité de ces ministres ne pouvait être perceptible qu'exercée dans des circonstances particulièrement délicates.
Et une fois nommés, vous savez comme moi combien l'Empereur rechignait à se séparer de ses "lieutenants" ; tout au plus certains se virent disgraciés, et souvent de façon temporaire.
Vous me direz qu'il s'agit là d'une faiblesse dans le caractère de Napoléon ; soit, mais cette "faiblesse" se nomma bien souvent tolérance et profita bien aux concernés qui en abusèrent."

Quoiqu'il en soit, cette faiblesse fut fatale et incompréhensible, vulgairement je dirais "trop bon, trop con", c'est ce que penserait un profane vous lisant.
Plus sérieusement cela dénote cette trop grande assurance de son pouvoir, celle qui donne l'impression que les conséquences de la médiocrité de son entourage et meme des trahisons seraient sans effet puisque l'Empereur était au centre de tout et capable de tout corriger.
Comment, par exemple, Napoléon n'a t-il pas pu sanctionner l'enlèvement du Pape Pie VII à cause d'une mauvaise interprétation de ses ordres?

Comment ne pas voir qu'il fallut qu'il intervint personnellement en Espagne pour suppléer ses maréchaux querelleurs et avides d'honneurs jusqu'à en perdre la raison?
Conséquence : des défaites militaires humilliantes que l'on ne devrait meme pas imputer à Wellington mais aux généraux et maréchaux!


"Ce fameux Blocus fut surtout boycotté en premier lieu par le Portugal, qui continuait à fricotter avec la perfide Albion !"

Oui c'est clair mais meme la Hollande était perméable au blocus, alors comment obtenir des résultats si sa propre famille ne le suivait pas.
Le blocus n'était pas une hérésie mais ses conséquences ne furent pas assez prises en compte par Napoléon, il n'écouta pas son frère, ne prit pas les mesures pour pallier aux manques crées par ce blocus.
Nous avions déjà ouvert un sujet là-dessus, je ne m'étends pas.

Ti'Breton "Quant à Talleyrand, personnage aussi odieux que précieux, il reste à ce jour le plus grand diplomate que la France est connue"

Effectivement un excellent diplomate au service de l'Autriche et de la Russie!
Le plus grand diplomate de l'époque napoléonienne fut Metternich à mon sens, au service de son souverain, excellent conseiller, prudent, avisé, fourbe aussi mais fidèle, bien entendu François II d'Allemagne était un personnage aux antipodes de Napoléon, intelligent mais sans grande imagination. Metternich finit chancelier d'Autriche et ce fut mérité car meme dans la défaite il sut rester droit pas comme l'autre boiteux!

"Etre ministre de Napoléon équivalait tout simplement à rien"

Excellent! On ne peut dire mieux.

"Cet absolutisme condamnable - et là je ne vais pas me faire que des amis - fut la condamnation à mort de ce dictateur de génie, mais dictateur quand même...qui méprisait le peuple mais avait besoin de cet appui très frondeur pour entraîner ses hommes à la boucherie (notons une fois encore ce singularisme jamais vu depuis César : on criait sur les champs de bataille autant de vive l'empereur que de vive la république)"

Un peu d'histoire... Napoléon se comparait à un dicteur antique, dans l'ancienne Rome, le dictateur était un magistrat désigné exceptionnellement en cas de péril de la République, celui-ci était nommé pour 5 ans par le Sénat "au nom du peuple romain".
Mais à décharge pour Napoléon, il n'a jamais craint le suffrage universel et je vous rejoins quand meme de sa peur de la foule, non pas du peuple, mais de cette foule qu'il avait vue massacrer les gardes suisses durant sa jeunesse à Paris...

"Néanmoins nous avions là un empereur très démocrate, presque socialiste dans l'âme..."

Très démocrate, je n'irais pas jusque là sinon je vous suis complètement.
Probablement le meilleur chef d'Etat - en temps de paix - que nous ayions eu jusqu'ici, aucun doute là-dessus.

Vaste débat Ti'Breton, Napoléon a t-il sauvé ou entérré la Révolution si on peut dire qu'il n'y eut qu'une révolution?!

Je reviens vers vous chère Rose.

"C'est également de sa propre autorité , et sans rencontrer l'approbation du Directoire, qu'il conclut au moment opportun le traité de paix de Campo-Formio ..."

C'est indéniable, c'est en Italie que Bonaparte fit ses armes d'administrateur et de diplomate, il fit de meme en Egypte, ceci dit il faut etre mesuré, je veux dire que gouverner la France était autre chose que d'employer les baionnettes et de maintenir l'ordre dans un territoire occupé.
Cela n'ote pas de son talent mais à la tete de la France, il lui fallait bien des exécutants et des conseillers. En Italie et en Egypte des exécutants suffisaient.
La France de 1799 ne pouvait pas se relever sans une administration compétente et assez docile au départ car nul ne savait où Bonaparte allait enmener les Français après tant de corruption, une fois le pouvoir bien en place et la France stabilisée c'est à l'extérieur de ses frontières que les décisions de Napoléon allaient peser et plus tard après Tilsitt, tout changea assurément car dans les relations entre souverains, on joue souvent avec un bandeau sur les yeux en essayant de deviner qu'elle sera le point où l'autre rompera.
Ce point fut déterminé par Metternich avant la campagne de Russie, soit Napoléon était vainqueur, dans ce cas l'Autriche n'avait plus qu'à s'incliner, soit il échouait et là il fallait le frapper à mort.

Je ne remets pas en cause la campagne de Russie pour autant mais des voix se sont bien opposées à celle-ci, j'avoue ne pas connaitre les arguments, je serai curieux de les connaitre.

Bien à vous deux.
:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 21 Nov 2008 12:11 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Bonjour Cher Duc, :2:

Ce ne sont, vous l'avez bien dit, que de "petites divergences", et je vais revenir brièvement sur quelques unes d'entre elles, si vous le voulez bien.

Rose "Et l'Empereur, comment aurait-il pu pressentir le complot, Lui qui se trouvait alors à Moscou ?"

Cela démontre bien que son éloignement du territoire national posait problème. (Reischtadt)

Avait-il le choix , quand à tour de rôle, l'Autriche, la Russie et l'Angleterre réarme en direction de la France ?
Ne l'avez-vous jamais entendu dire combien il regrettait parfois de ne pouvoir se tenir plus souvent à Paris, pour en administrer les services incombant à sa position de Chef d'Etat?

Mais ce que je voulais signifier n'était pas que son éloignement ne posa aucun problème, seulement qu'il sut, à distance, voire à très grande distance, se préoccuper des affaires de la France, et résoudre même de nombreux dossiers, à partir de ses bivouacs ...

Un autre exemple, l'affaire de Walcheren, comment diable ce Fouché, ministre de la police, put repousser un débarquement anglais?
Un minitsre de la police! Si mes souvenirs sont bons, Napoléon était mécontent de lui, non pas qu'il avait mal agi mais que ce n'était pas son role. Cela montrait surtout le dénuement relatif de l'Empereur quand il était absent!
Reischtadt) ...

Ah ce Fouché ! Dans quoi n'at-il pas mis le nez ?!
Il voulait tout savoir, et tout faire de son propre chef : ce qui lui valût, nous nous en souvenons, de nombreuses altercations violentes avec l'Empereur !

Vous faites bien de nommer Savary, encore un ancien "fidèle" trop zélé qui n'était pas capable d'analyser une situation et interpréter un ordre par trop obscur. (voir l'affaire du Duc d'Enghien). (Reischtadt) ...

... Et Malet , avec des conséquences certes moins graves, mais qui auraient pu l'être ...


"D'accord aussi, mais la personnalité de ces ministres ne pouvait être perceptible qu'exercée dans des circonstances particulièrement délicates.
Et une fois nommés, vous savez comme moi combien l'Empereur rechignait à se séparer de ses "lieutenants" ; tout au plus certains se virent disgraciés, et souvent de façon temporaire.
Vous me direz qu'il s'agit là d'une faiblesse dans le caractère de Napoléon ; soit, mais cette "faiblesse" se nomma bien souvent tolérance et profita bien aux concernés qui en abusèrent."

Quoiqu'il en soit, cette faiblesse fut fatale et incompréhensible, vulgairement je dirais "trop bon, trop con", c'est ce que penserait un profane vous lisant.
Plus sérieusement cela dénote cette trop grande assurance de son pouvoir, celle qui donne l'impression que les conséquences de la médiocrité de son entourage et meme des trahisons seraient sans effet puisque l'Empereur était au centre de tout et capable de tout corriger.
Comment, par exemple, Napoléon n'a t-il pas pu sanctionner l'enlèvement du Pape Pie VII à cause d'une mauvaise interprétation de ses ordres?

Comment ne pas voir qu'il fallut qu'il intervint personnellement en Espagne pour suppléer ses maréchaux querelleurs et avides d'honneurs jusqu'à en perdre la raison?
Conséquence : des défaites militaires humilliantes que l'on ne devrait meme pas imputer à Wellington mais aux généraux et maréchaux!
(Reischtadt) ...


L'assurance que Napoléon avait de son pouvoir me semble être une chose non forcément liée à son indulgence et à sa tolérance...
Et je ne pense pas que l'on puisse lui opposer d'avoir fait preuve de clémence aussi souvent : c'était un trait de son caractère, il est fondamentalement positif, et ce qui peut en ressortir de manière négative n'est imputable qu'aux hommes sans scrupules, avides de gloriole personnelle, sans souci de la moindre reconnaissance pour leur Chef.
Quant aux conséquences de la médiocrité des hommes et de leur trahison, je pense que Napoléon n'a jamais eu la prétention de les minimiser, et encore moins de vouloir les occulter, tant Il en ressentit lourdement les effets.

Pour les ordres, mal interprétés, vous savez comme moi que son indulgence prenait souvent le pas sur la sanction.
Que voulez-vous, Il était ainsi ; ne condamnons pas ses qualités intrinsèques, :4: même si vous allez me dire qu'un Chef d'Etat ne devrait pas les laisser paraître ...


"Ce fameux Blocus fut surtout boycotté en premier lieu par le Portugal, qui continuait à fricotter avec la perfide Albion !"

Oui c'est clair mais meme la Hollande était perméable au blocus, alors comment obtenir des résultats si sa propre famille ne le suivait pas.
Le blocus n'était pas une hérésie mais ses conséquences ne furent pas assez prises en compte par Napoléon, il n'écouta pas son frère, ne prit pas les mesures pour pallier aux manques crées par ce blocus.
Nous avions déjà ouvert un sujet là-dessus, je ne m'étends pas.
(Reischtadt) ...

Sa famille, en effet, ne lui rendit pas les meilleurs services, c'est une évidence, et un constat amer ...

Si l'étendue des conséquences de ce Blocus semble avoir quelque peu échappée au grand Homme, il ne faut pas oublier qu'il y eût recours pour la énième tentative de sanctionner une trop "perfide Albion" !
Et si tous les pays avaient joué le jeu, l'économie dût-elle en souffrir temporairement, la manoeuvre aurait porté ses fruits ...

Je reviens vers vous chère Rose.

"C'est également de sa propre autorité , et sans rencontrer l'approbation du Directoire, qu'il conclut au moment opportun le traité de paix de Campo-Formio ..."

C'est indéniable, c'est en Italie que Bonaparte fit ses armes d'administrateur et de diplomate, il fit de meme en Egypte, ceci dit il faut etre mesuré, je veux dire que gouverner la France était autre chose que d'employer les baionnettes et de maintenir l'ordre dans un territoire occupé.
Cela n'ote pas de son talent mais à la tete de la France, il lui fallait bien des exécutants et des conseillers. En Italie et en Egypte des exécutants suffisaient.
La France de 1799 ne pouvait pas se relever sans une administration compétente et assez docile au départ car nul ne savait où Bonaparte allait enmener les Français après tant de corruption, une fois le pouvoir bien en place et la France stabilisée c'est à l'extérieur de ses frontières que les décisions de Napoléon allaient peser et plus tard après Tilsitt, tout changea assurément car dans les relations entre souverains, on joue souvent avec un bandeau sur les yeux en essayant de deviner qu'elle sera le point où l'autre rompera.
Ce point fut déterminé par Metternich avant la campagne de Russie, soit Napoléon était vainqueur, dans ce cas l'Autriche n'avait plus qu'à s'incliner, soit il échouait et là il fallait le frapper à mort.
(Reischtadt) ...

Si les Français ne savaient où allait les mener Bonaparte après tant d'années chaotiques, le doute n'est pas permis sur le fait qu'ils étaient confiants et rassurés.
Il est vrai qu'ils ne pouvaient connaître pire que ce qu'ils avaient déjà vécu ; mais le charisme du jeune Général transparaissait déjà ...

Je suis bien d'accord avec vous pour dire qu'à l'étranger Bonaparte n'avait pas besoin de conseillers ; cela n'empêche que le Directoire lui transmettait des ordres que Bonaparte, nous l'avons vu, ne suivaient pas, pour les raisons que nous connaissons...

Je ne remets pas en cause la campagne de Russie pour autant mais des voix se sont bien opposées à celle-ci, j'avoue ne pas connaitre les arguments, je serai curieux de les connaitre. (Reischtadt) ...

Pouvez-vous préciser votre réflexion ?
Il serait intéressant peut-être d'ouvrir un sujet pour apporter nos éléments, qu'en pensez-vous Cher Duc ?
Et nous inviterions Ti'Breton à "s'immiscer" dans le débat : c'est un vrai bonheur que d'échanger avec vous :2:

Je vous souhaite une agréable journée. :4:




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 21 Nov 2008 17:45 
Hors-ligne
Assistant de recherche
Assistant de recherche
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 07 Nov 2008 14:35
Message(s) : 224
Vous avez raison cher Duc...J'allais oublier Metternich, sans aucun doute aussi intelligent que Talleyrand mais beaucoup plus fidèle envers ses "maîtres"...N'oublions pas son rôle dans l'effacement de la vie publique de l'aiglon...Il est vrai aussi qu'il servait une inébranlable dynastie alors qu'en France tout était neuf, à construire mais également avec le risque constant d'un effondrement...Chaque bataille était un coup de poker quant au salut de l'empire...Difficile d'établir dans ces conditions des relations sereines.

Rose me fit le repproche (aimablement s'entend) d'assimiler Napoléon à Hitler en parlant de dictateur...J'y reviens concernant votre discussion sur la prédominance de l'empereur sur sa et ses politiques.Vos propos cher Duc me ramènent à une distinction souvent soulignée et qui différencie les deux hommes : si l'empereur était particulièrement mal entouré - et pour son malheur ses meilleurs adjoints disparurent prématurément - il en fut tout à fait autrement d'Hitler qui, lui, pouvait compter sur de vrais militaires et de fins stratèges !
Les colères de Napoléon quant à elles n'avaient d'égales que sa tolérance, ce qui le différencie là aussi du dictateur nazi ; sans doute - mais ce n'est qu'une hypothèse - Napoléon avait-il pleinement conscience de la faiblesse de ses hommes, d'où un renforcement de vouloir tout contrôler, ne rien déléguer...Certaines campagnes furent édifiantes sur ce point, notamment la plus belle à mes yeux, la campagne de France...Je crois que c'était Wellington qui disait que Napoléon équivalait à 50 000 hommes sur un champ de bataille...D'ailleurs les défaites furent souvent celles de ses maréchaux ou généraux.
Il est une autre vérité : avec le temps les manoeuvres de Napoléon et de ses armées devinrent plus prévisibles, Waterloo étant une preuve vivante de ce que j'avance.
Un mot sur la famille impériale...Je ne sais plus qui en est l'auteur mais j'ai chez moi un ouvrage de 2007 sur les frères de Napoléon, qui permet de voir les frères sous un autre jour que la caricature historique bâtie par l'empereur lui-même (mais que ne construisit-il pas autour de sa légende ?) Ce ne furent pas les écervelés trop souvent cités...

Concernant votre juste remarque sur la révolution, il s'agit là d'un vrai débat...Effectivement, y a t-il eu révolution au sens où l'on peut l'entendre "populairement" parlant ?
Les historiens ne s'entendent pas trop là-dessus...
Personnellement je ne crois pas trop aux révolutions...Ces mouvements sont souvent issus d'une bourgeoisie ou d'une petite noblesse qui cherche à bousculer l'oligarchie en place, et comme le peuple est bon enfant !...1789, 1830 voire 1917...Autant d'exemples, autant de réserves...Encore plus sur 1871 que je maîtrise un peu moins mais qui fut très locale...
Ridiculisé à Tilsitt et bêtement humilié, vous avez raison cher Duc de noter que Tilsitt changea le cours de l'histoire et que réellement à partir de cette date on sent l'empreinte tactique et stratégique de l'Autriche, donc de Metternich, dans l'attentisme des troupes de François...L'Espagne fut une faute, la Russie sa continuation...L'Autriche avait la réponse à ses questions...


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 22 Nov 2008 1:04 
Hors-ligne
Directeur de recherche
Directeur de recherche
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Août 2004 12:01
Message(s) : 767
:salut: Rose, je voulais savoir quels étaient les arguments pour persuader Napoléon de ne pas aller en Russie.

:salut: Ti'Breton, oui il faut ouvrir un autre sujet sur Napoléon et la Révolution.

Bien à vous deux et excellent week-end à tous.
:2:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 22 Nov 2008 18:36 
Hors-ligne
Docteur en Histoire
Docteur en Histoire
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 13 Nov 2007 13:45
Message(s) : 1915
Ridiculisé à Tilsitt et bêtement humilié, vous avez raison cher Duc de noter que Tilsitt changea le cours de l'histoire et que réellement à partir de cette date on sent l'empreinte tactique et stratégique de l'Autriche, donc de Metternich, dans l'attentisme des troupes de François...L'Espagne fut une faute, la Russie sa continuation...L'Autriche avait la réponse à ses questions... Ti'Breton) ...

Bonjour Ti'Breton,

Un peu plus haut, vous évoquiez déjà Tilsitt, et votre intérêt moins intense pour le Grand Homme, à partir de cette date.

Peut-être ai-je mal analysé votre sentiment réel, mais il me semble que cet épisode de pseudo-réconciliation n'est pas à mettre à la charge de l'Empereur, qui fut bien plutôt la victime du comportement fourbe d'un Alexandre qui ne croyait même pas à ce qu'il avait signé ; son accord avec la France !

Enfin, pour les erreurs de jugement, j'accepte bien volontiers celle conduisant à la longue guerre d'Espagne, mais serais plus réservée en ce qui concerne la Russie.

En effet, même si le calcul de l'Empereur se révéla faux en ce qui concerna cette guerre de Russie, l'on ne peut faire reposer un jugement sur le seul résultat.
Dans l'art militaire, bien des paris perdants peuvent être plausibles, et une mauvaise appréciation n'est pas forcément une absurdité.

Etant donné la vitessse à laquelle la Russie avait jeté l'ponge en 1805 et 1807, tout comme l'Autriche d'ailleurs en 1809, alors qu'un effort concerté de leur part aurait pu modifier le cours et l'issue des évènements, il était tout-à-fait logique de penser qu'Alexandre 1er négocierait après avoir perdu la face à l'occasion d'une grande bataille dans l'Est de la Pologne.

Partant, et là je reviens vers vous, Cher Duc, l'Empereur a fort bien pu estimer que l'opinion de Caulaincourt à ce sujet, bien que sincère, était fondée uniquement sur ce que le tsar avait bien voulu lui faire croire, dans l'unique objectif qu'il en rapporte les propos à son souverain.

Je rejoins donc votre interrogation, Cher Duc, en rappelant les arguments de l'un des plus éminents conseillers de Napoléon, en la personne d'Armand de Caulaincourt.
Ce dernier , en effet, se trouvait apparemment bien placé pour émettre un avis sur cette guerre, étant donné qu'il avait passé quatre années à Saint-Pétersbourg, de 1807 à 1811, liant avec Alexandre 1er des liens d'amitié.

Lorsque revenu à Paris, il se renduit à Saint-Cloud, il plaida pendant sept heures d'affilée, auprès de Napoléon, tentant d'essayer de le convaincre à reconsidérer sa décision de partir en Russie.

Leur divergence reposait essentiellement sur des interprétations différentes quant aux intentions d'Alexandre.
Napoléon doutait que le tsar entrerait en guerre, lorsqu'il serait évident que la Prusse et l'Autriche allaient s'aligner aux côtés de la France, tout en considérant que s'il le faisait quand même, l'affaire de toutes façons serait rondement et prestement menée.
En outre, pesuadé qu'en cas de conflit armé, la stratégie tsariste serait offensive, Napoléon se disait que la Grande Armée n'aurait plus alors qu'à montrer un esprit combatif égal pour pulvériser les troupes russes en un temps record, dans une brillante bataille ; après tout, n'était-ce pas ce qui s'était produit en 1805 et en 1807 ?

Caulaincourt de son côté, n'avait de cesse de répéter à l'Empereur qu'Alexandre 1er manifesterait sans aucun doute beaucoup plus d'obstination, qu'une guerre contre lui nécessiterait une invasion avec toutes les exigences et tous les risques que cela devait entraîner ...

D'ailleurs, souvenez-vous du mot d'Alexandre à Caulaincourt, évoquant sa défaite certaine sur le terrain :

-" ... Mais cela ne lui donnera pas la paix" ...

Alexandre avait également ajouté que la résistance espagnole lui avait montré ce qu'une guerre d'attrition pouvait donner, et il avait dit à un autre diplomate français, (Narbonne, je crois) :

-" J'ai pour moi l'espace et le temps ... Il faudra qu'il signe la paix sur le détroit de Béring"...

En attendant d'autres éléments de réponse, je vous souhaite un excellent week-end également. :4:




:salut:


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 24 Nov 2008 1:13 
Hors-ligne
Directeur de recherche
Directeur de recherche
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 27 Août 2004 12:01
Message(s) : 767
:salut: Merci Rose d'avoir aussi rapidement ramené ces témoignages éclairants.

Je l'avais évoqué il y a quelque temps mais je le rappelle aux "nouveaux", Metternich se voulait attentiste pour les raisons évoquées plus haut, mais ce n'était pas tout il dissuada la Prusse de se retourner contre la France en cas de conflit avec la Russie.

Ainsi la Prusse et l'Autriche allait attendre pour agir.

Mais c'était encore plus vicieux que cela, Napoléon bien entendu ne connaissait pas cette alliance secrète de fait, pire, afin de s'assurer une victoire magnifique écartant l'Autriche, il ne sollicita aucune troupes offensives autrichiennes en Russie, seulement une réserve de 35000 hommes sur une armée limitée à 100.000 hommes environs.
En cas de victoire, le seul Etat important était la Prusse et celle-ci aurait été bien seule, l'Autriche avait donné Marie-Louise à Napoléon et n'ayant pas participé pleinement à la campagne de Russie, elle n'aurait pas pu prétendre à grand chose.

On a déjà les termes de la future neutralité armée "Metternichienne" d'après Lutzen et Bautzen.
A mon sens, ou alors je le méconnais, hormis la Prusse, nul autre état était au courant de sa stratégie, pourtant le Tsar ne pouvait etre dupe puisque si l'Autriche avait eu des vues réelles sur la Russie, celle-ci aurait demandé et meme exigé de participer pleinement à son invasion.

Le témoignage que vous nous apportez chère Rose est intéressant à plus d'un titre car selon Caulaincourt, la Russie ne saurait mener une offensive mais s'attendre à défaire Napoléon sur son propre sol, le Tsar l'explique très bien.
L'Empereur était persuadé d'une offensive russe si le Tsar décidait de déclarer la guerre, Napoléon aurait pu tenir compte de la campagne de 1806, que la Russie ne commettrait jamais l'erreur de la Prusse et dans une moindre mesure celle de l'Autriche en 1809.
La Russie ne pouvait passer à l'offensive sauf à menacer le Grand Duché de Varsovie, ce qu'elle fit et Napoléon fut contraint à l'intervention.
Oleg Sokolov parlait du plan d'invasion de Napoléon et des limites que l'Empereur s'était données, Sokolov expliquait que Napoléon s'était interdit d'aller au delà d'une ville russe (je n'ai pas le nom en tete c'est un nom de ville russe à rallonge, je crois que ça commence par "Mari...", désolé) parce qu'il serait trop éloigné de l'arrière et que l'intendance ne pourrait suivre.
Napoléon ne se conforma pas à son plan et marcha sur Moscou.

Pourtant cette méfiance de Napoléon peut etre considérée comme une prise en compte de l'opinion de Caulaincourt, grace à vous cela colle parfaitement avec les propos d'Oleg Sokolov. Il en tint compte dans son plan de campagne original.

En cas de défaite tout était pret pour se retourner contre la France, la Prusse déjà armée et disponible, les Russes armés eux aussi et l'Autriche avec 35.000 hommes sur le pied de guerre n'avait plus qu'à gagner du temps pour lever une grosse armée, d'où ses attermoiements en 1813, la fameuse médiation armée.

Chère Rose la situation était autant différente que similiaire à 1805, en 1805 la France est seule face aux puissances alliées mais la Prusse hésite et c'est la France qui gagne.
En 1811 la Russie est seule mais l'Autriche hésite et c'est la Russie qui gagne.

A chaque fois, vous l'avez rappellé, quand un des trois alliés continentaux hésitait, la victoire appartenait à la France.
Lorsque les trois se sont alliés franchement en 1813 l'affaire de Napoléon était faite.

En 1811 Napoléon n'était pas dans le cadre d'une alliance sincère, il l'avait voulue ainsi, donc il a joué à plus que quitte ou double, il a dépassé les limites qu'il s'était imposées!
Les Russes ne le rencontrèrent franchement qu'à la Moscowa qui fut une bataille incertaine meme s'ils se replièrent le Tsar ne capitula pas et s'en tint à son plan : laisser les Français s'avancer.
En 1805, c'est la meme chose, la tentation des alliés à s'avancer pensant que Napoléon se repliait fut fatale et ce quelquesoit le nombre, en 1811 avec plus de troupes, Napoléon aurait quand meme échoué.

J'avoue que si Caulaincourt vit juste, personne en Europe ne pensait Napoléon perdant, néanmoins seul Metternich envisagea les conséquences d'une éventuelle improbable défaite.

Bien à vous.
:salut:


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 18 message(s) ]  Aller vers la page Précédent  1, 2

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 5 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  
cron
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB