
Rose et Ti'Breton (immiscez vous, vous etes le bienvenu et vos interventions sont excellentes).
Chère Rose je ne répondrai qu'aux petites divergences que nous avons.
Rose "Et l'Empereur, comment aurait-il pu pressentir le complot, Lui qui se trouvait alors à Moscou ?"
Cela démontre bien que son éloignement du territoire national posait problème.
Un autre exemple, l'affaire de Walcheren, comment diable ce Fouché, ministre de la police, put repousser un débarquement anglais?
Un minitsre de la police! Si mes souvenirs sont bons, Napoléon était mécontent de lui, non pas qu'il avait mal agi mais que ce n'était pas son role. Cela montrait surtout le dénuement relatif de l'Empereur quand il était absent!
Vous faites bien de nommer Savary, encore un ancien "fidèle" trop zélé qui n'était pas capable d'analyser une situation et interpréter un ordre par trop obscur. (voir l'affaire du Duc d'Enghien).
"D'accord aussi, mais la personnalité de ces ministres ne pouvait être perceptible qu'exercée dans des circonstances particulièrement délicates.
Et une fois nommés, vous savez comme moi combien l'Empereur rechignait à se séparer de ses "lieutenants" ; tout au plus certains se virent disgraciés, et souvent de façon temporaire.
Vous me direz qu'il s'agit là d'une faiblesse dans le caractère de Napoléon ; soit, mais cette "faiblesse" se nomma bien souvent tolérance et profita bien aux concernés qui en abusèrent."
Quoiqu'il en soit, cette faiblesse fut fatale et incompréhensible, vulgairement je dirais "trop bon, trop con", c'est ce que penserait un profane vous lisant.
Plus sérieusement cela dénote cette trop grande assurance de son pouvoir, celle qui donne l'impression que les conséquences de la médiocrité de son entourage et meme des trahisons seraient sans effet puisque l'Empereur était au centre de tout et capable de tout corriger.
Comment, par exemple, Napoléon n'a t-il pas pu sanctionner l'enlèvement du Pape Pie VII à cause d'une mauvaise interprétation de ses ordres?
Comment ne pas voir qu'il fallut qu'il intervint personnellement en Espagne pour suppléer ses maréchaux querelleurs et avides d'honneurs jusqu'à en perdre la raison?
Conséquence : des défaites militaires humilliantes que l'on ne devrait meme pas imputer à Wellington mais aux généraux et maréchaux!
"Ce fameux Blocus fut surtout boycotté en premier lieu par le Portugal, qui continuait à fricotter avec la perfide Albion !"
Oui c'est clair mais meme la Hollande était perméable au blocus, alors comment obtenir des résultats si sa propre famille ne le suivait pas.
Le blocus n'était pas une hérésie mais ses conséquences ne furent pas assez prises en compte par Napoléon, il n'écouta pas son frère, ne prit pas les mesures pour pallier aux manques crées par ce blocus.
Nous avions déjà ouvert un sujet là-dessus, je ne m'étends pas.
Ti'Breton "Quant à Talleyrand, personnage aussi odieux que précieux, il reste à ce jour le plus grand diplomate que la France est connue"
Effectivement un excellent diplomate au service de l'Autriche et de la Russie!
Le plus grand diplomate de l'époque napoléonienne fut Metternich à mon sens, au service de son souverain, excellent conseiller, prudent, avisé, fourbe aussi mais fidèle, bien entendu François II d'Allemagne était un personnage aux antipodes de Napoléon, intelligent mais sans grande imagination. Metternich finit chancelier d'Autriche et ce fut mérité car meme dans la défaite il sut rester droit pas comme l'autre boiteux!
"Etre ministre de Napoléon équivalait tout simplement à rien"
Excellent! On ne peut dire mieux.
"Cet absolutisme condamnable - et là je ne vais pas me faire que des amis - fut la condamnation à mort de ce dictateur de génie, mais dictateur quand même...qui méprisait le peuple mais avait besoin de cet appui très frondeur pour entraîner ses hommes à la boucherie (notons une fois encore ce singularisme jamais vu depuis César : on criait sur les champs de bataille autant de vive l'empereur que de vive la république)"
Un peu d'histoire... Napoléon se comparait à un dicteur antique, dans l'ancienne Rome, le dictateur était un magistrat désigné exceptionnellement en cas de péril de la République, celui-ci était nommé pour 5 ans par le Sénat "au nom du peuple romain".
Mais à décharge pour Napoléon, il n'a jamais craint le suffrage universel et je vous rejoins quand meme de sa peur de la foule, non pas du peuple, mais de cette foule qu'il avait vue massacrer les gardes suisses durant sa jeunesse à Paris...
"Néanmoins nous avions là un empereur très démocrate, presque socialiste dans l'âme..."
Très démocrate, je n'irais pas jusque là sinon je vous suis complètement.
Probablement le meilleur chef d'Etat - en temps de paix - que nous ayions eu jusqu'ici, aucun doute là-dessus.
Vaste débat Ti'Breton, Napoléon a t-il sauvé ou entérré la Révolution si on peut dire qu'il n'y eut qu'une révolution?!
Je reviens vers vous chère Rose.
"C'est également de sa propre autorité , et sans rencontrer l'approbation du Directoire, qu'il conclut au moment opportun le traité de paix de Campo-Formio ..."
C'est indéniable, c'est en Italie que Bonaparte fit ses armes d'administrateur et de diplomate, il fit de meme en Egypte, ceci dit il faut etre mesuré, je veux dire que gouverner la France était autre chose que d'employer les baionnettes et de maintenir l'ordre dans un territoire occupé.
Cela n'ote pas de son talent mais à la tete de la France, il lui fallait bien des exécutants et des conseillers. En Italie et en Egypte des exécutants suffisaient.
La France de 1799 ne pouvait pas se relever sans une administration compétente et assez docile au départ car nul ne savait où Bonaparte allait enmener les Français après tant de corruption, une fois le pouvoir bien en place et la France stabilisée c'est à l'extérieur de ses frontières que les décisions de Napoléon allaient peser et plus tard après Tilsitt, tout changea assurément car dans les relations entre souverains, on joue souvent avec un bandeau sur les yeux en essayant de deviner qu'elle sera le point où l'autre rompera.
Ce point fut déterminé par Metternich avant la campagne de Russie, soit Napoléon était vainqueur, dans ce cas l'Autriche n'avait plus qu'à s'incliner, soit il échouait et là il fallait le frapper à mort.
Je ne remets pas en cause la campagne de Russie pour autant mais des voix se sont bien opposées à celle-ci, j'avoue ne pas connaitre les arguments, je serai curieux de les connaitre.
Bien à vous deux.
