On peut aussi se poser la question de savoir pourquoi etre allé en Russie?
Pourquoi ne pas avoir attendu les Russes à Varsovie et les tailler en pièces?
La réponse tombe toute seule : ne pas aller en Russie c'est admettre ses faiblesses et risquer un retournement de la Prusse et de l'Autriche c'est à dire un front "intérieur (les armées austro prusiennes étant limitées depuis leur défaites, la Grande Armée étant capable de les contenir sans problème)" et deux fronts extérieurs : la Russie et l'Espagne (qui en cas de retournement de la Prusse et de l'Autriche affaiblissait dangereusement la Grande Armée).(Reischtadt) ...
Bonsoir à tous,
De nombreux points sont ici évoqués par les uns et les autres, enrichissant un échange comme je les aime, intelligents dans le sens où le respect de chacun n'est pas un vain mot.
Mon Cher Duc, vos propos reflètent, comme à l'habitude, le bon sens d'une analyse pertinente, et, pour ne citer qu'un point précis, celui de la Russie, je vous rejoins totalement dans vos déductions.
Dans la situation dans laquelle se trouvait alors la France, dans celle de l'Empire, comme dans celle des rois, tout recul eût été interprété comme un signé de faiblesse ; et, s'il y avait une réponse à donner à un moment, ce ne pouvait être, encore une fois, par la guerre.
Mais il ne faut pas croire que Napoléon se soit lancé à la légère dans une nouvelle aventure, sans en mesurer la grandeur du risque et l'étendue de l'entreprise.
Sa crainte quelque peu superstitieuse, elle est perceptible par la multiplication des propositions d'accomomdements qu'Il ne manqua pas de faire, une fois entré en terre ennemie.
Et puis, s'apercevant que toutes les possibilités d'entente étaient épuisées, n'était-il pas en droit de s'attacher à régler la question de l'hégémonie ?
Il Lui fallait aller de l'avant, lorsqu'une fois le mouvement lancé, même au coeur des difficultés réelles que comportait l'entreprise, force était de réaliser qu'il n'y aurait pas moins d'inconvénients à se dégager qu'à poursuivre.
Et, dans ces cas-là, bien entendu, le choix n'est plus offert : il faut continuer à avancer.
C'est tout ce qu'il reste à faire, avancer, comme le funambule sur un fil qui, s'il ne veut pas tomber devant tous ceux qui l'épient, ne peut ni s'arrêter ni reculer ...
Comme un navigateur, Napoléon s'enfaonça dans l'immensité russe, sans vraiment savoir ce qu'Il trouverait au bout de sa route, mais qui avait, bien lucide à l'esprit, qu'ayant atteint un certain point, il ne pouvait plus être question pour Lui de faire demi-tour.
Comme le souligne justement notre Cher Duc, l'Empereur avait sûrement mis la barre un peu trop haute, ppur aller toujours plus loin.
Depuis presque quinze ans déjà, Il défiait les lois de l'apesanteur, pourquoi ne sortirait-il pas indemne de ce triple saut de la mort ?
N'était-ce point, comme Il le disait, "la guerre du bons sens et des intérêts", celle qui devait assurer le repos et la sécurité de tous ?
L'entreprise était "populaire", disait encore le Grand Homme, "c'était le dernier effort qui restait à faire à la France" ...
L'entreprise, populaire ou pas, laissa sans voix, tel le bouquet final d'un feu d'artifice inouï, et inattendu ...
Et si elle ne fût pas vraiment désirée, elle constituait tout de même la suite et la fin logiqued des prodiges auxquels nous avait habitué Napoléon, depuis tant d'années.
Quant au défi, insensé pour certains, il faut garder à l'esprit que l'audace, facette omniprésente dans ce Génie de l'Histoire, cette audace jusque là Lui avait réussie ...
Et, finalement, n'est-il pas juste de conclure que peu s'en fallût pour que l'entreprise ne soit couronnée de succès ?
Mais la tactique russe, dans ce refus avéré du combat, et les circonstances, avec l'incendie de la ville, concurrurent à transformer tout espoir de réussite en désastre.
Mais la catastrophe fût à la mesure du projet, et à celle de son Auteur : gigantesque !
Je ferai juste une petite remarque à propos de la référence indiqué par notre Duc, à propos de Metternich, sur lequel il y aura un débat passionnant à ouvrir aussi ...
Guillaume de Berthier de Sauvigny relate en effet parfaitement l'étonnant destin de cet homme, dont il est dit qu'il fut "le vrai vainqueur de Napoléon" ...
