L'Énigme des Invalides

Nous sommes actuellement le 16 Déc 2025 19:02

Le fuseau horaire est UTC+2 heures




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 
Auteur Message
Message Publié : 06 Déc 2025 15:28 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 16087
Extraits de La Campagne de 1813, par G. Clément, officier d'état-major. Paris, 1900.

"Dès le 22 septembre, un événement faillit tout compromettre. L'agitation de Blûclier autour de Dresde, celle de Bulow devant Wittenberg et celle de Tauenzien devant Grossenhayn avaient attiré l'attention de Napoléon. Quittant Pirna le 21 pour rentrer à Dresde, il se porta le 22 à Harta, où se trouvait le quartier général de Mac-Donald. Certains auteurs prétendent que ce maréchal reçut l'ordre d'exécuter une reconnaissance à fond contre l'armée de Silésie, et de s'assurer si Blücher était toujours devant lui.

Cette assertion peut être admise ; quoi qu'il en soit, la reconnaissance eut lieu avec l'armée entière de Mac-Donald. Les 3e, 5e et 8e corps se mirent donc en marche, le 22, marchant sur Bischofswerda, ville qui était occupée par une avant-garde placée sous les ordres du général Rudzevics. Napoléon suivait l'opération avec la garde, ce qui montre bien qu'il appliquait le principe qu'il formulait en disant qu'une reconnaissance offensive s'exécute avec l'armée entière et non avec un détachement.

Les troupes de Rudzevics, brusquement attaquées, se retirèrent dans la forêt de Bischofswerda, et de là sur Godau.

Le 23, l'armée de Mac-Donald continua sa marche vers Bautzen; mais elle fut arrêtée de front par des forces imposantes. Au moment où Napoléon prenait ses dispositions pour l'attaque, il vit paraître une colonne sur sa gauche ; c'était le corps de Sacken, qui, rappelé par Blucher, venait de Kamentz. Dans ces conditions, le résultat de l'action devenait problématique, eu égard surtout à l'état moral des troupes françaises, à leurs fatigues et à leurs privations. L'Empereur donna l'ordre de rétrograder, et, le 24, les trois corps d'armée de Mac-Donald venaient se concentrer près de Weissig, à six kilomètres de Dresde.

Napoléon resserra encore sa position autour de cette ville. Mais pour ne pas laisser Ney trop isolé entre Torgau et Wittenberg, il forma une masse à Meissen. Le maréchal Mac-Donald fut déchargé du commandement des 3e, 5e et 8e corps, et reprit sa place à la tête du 11e.

La répartition des différents corps le 25 septembre, non compris ceux de Ney, fut la suivante :
Le 11e corps resta à Weissig ;
Le 5e (Lauriston) rentra à Dresde ;
Les 3e (Souham) et 6e (Marmont) avec la cavalerie
de Latour-Maubourg à Meissen ;
Le 8e (Poniatowski) fut acheminé sur la route de Waldheim à Leipzig pour aider Lefebvre-Desnoëttes dans sa mission contre les partisans."

Thiers relate ces évènements de manière succincte et ne décrit qu'une reconnaissance offensive, sans volonté précise d'aborder l'armée de Silésie, en vue de la détruire ! Napoléon n'aurait eu en vue que le dessein de localiser précisément les forces de Blücher afin de s'assurer de leur présence. Mais Clément semble infirmer cette intention et considérer que l'Empereur était prêt à en découdre avec l'armée de Silésie, dans le but de lui faire subir un échec cuisant, si -par impossible- il n'était pas en mesure de la détruire...

Un site anglais va plutôt dans le sens de Thiers : "Le 22 septembre à 2 heures du matin, Napoléon écrivit à Macdonald pour lui ordonner d'envoyer une reconnaissance en force afin de localiser les troupes principales de Blücher. Peu après, Napoléon décida de rejoindre Macdonald en personne et, plus tard dans la journée, il atteignit Harthau, à six milles à l'est de Radeberg.

Sous le commandement de Napoléon, les Ve et XIe corps repoussèrent l'avant-garde de Blücher. Ils s'emparèrent ensuite de Bischofswerda, à six kilomètres à l'est de Harthau. Girard, à la tête de l'avant-garde, progressa jusqu'à la Spree, et Lauriston entra dans Neustadt.

Le lendemain, Blücher se replia sur Förstgen, à quelques encablures de Bautzen, comme le précise Petre (La Dernière Campagne de Napoléon en Allemagne), sans que l'on sache précisément de quel côté (vraisemblablement à l'ouest). Napoléon, ayant compris que les retraites de Blücher étaient une manœuvre délibérée pour éviter un affrontement, retourna à Harthau"

Le colonel anglais F.N Maude, dans son ouvrage, donne une autre raison :

"Le 22, emmenant avec lui ses gardes, comme à son habitude, il rejoignit Macdonald, qui faisait toujours face à Blücher, et repoussa ce dernier le 23 jusqu'à la position fortifiée
qu'il avait déjà préparée près de Bautzen, où il était clair cette fois que le vieil homme avait décidé de tenir bon. Mais à ce moment-là, Ney fit savoir que l'armée du Nord avait construit un pont sur l'Elbe à Wartenburg, tout près de Wittenberg, et qu'il craignait d'être coupé de Torgau et de Dresde. À la réception de cette nouvelle (encore un rapport prématuré), l'Empereur ordonna finalement le repli général de toutes les troupes de Macdonald sur la rive gauche de l'Elbe, déclarant qu'il entendait leur accorder les quelques jours de repos dont ils avaient si urgemment besoin."

"on the 22nd, taking witli him his Guards, as usual, he joined Macdonald, who still faced Bliicher, and drove the latter back on the 23rd to the strong position he had already prepared about Bautzen, where this time it was apparent the old fellow had determined to make a stand. But at this moment Ney sent word that the Northern Army had thrown a bridge over the Elbe at Wartenburg, close above Wittenberg, and that he feared to be cut off both from Torgau and Dresden. On receipt of this news (again a premature
report) the Emperor at length gave orders for a general withdrawal of the whole of Macdonald's command to the left bank of the Elbe, giving out that it was his intention to afford them the few days' rest which they so urgently needed."

Langeron ne nous donne pas la clef de l'énigme :

" Le 24 septembre, les ennemis ne firent aucune tentative sérieuse, de nombreuses colonnes s'avancèrent cependant sur nous, mais, à midi, ces colonnes rétrogradèrent vers Dresde, et nous sûmes bientôt que Napoléon avait reçu des rapports qui le forçaient à ce mouvement rétrograde.

Le 25 et le 26 septembre, les ennemis évacuèrent Bischoffswerda, Goldbach et Harthau; nos avant-postes occupèrent successivement toutes leurs positions. Le comte de Saint-Priest, qui s'était retiré à Vilthen, se ravança de nouveau à Neukirch, Putzkau, Drebnitz et Biehla."

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Message Publié : 16 Déc 2025 18:07 
Hors-ligne
Rédacteur
Rédacteur
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 14 Déc 2002 16:30
Message(s) : 16087
En résumé, 3 raisons pour expliquer le repli de Napoléon :

1/ l'apparition du corps de Sacken sur sa gauche venant de Kamentz, comme avancé par Clément ;
2/Thiers estime qu'il s"agissait seulement de s'assurer de la présence de Blücher, point de vue d'un site anglais.
3/ Maude considère que Napoléon avait bien l'intention d'attaquer à fond Blücher ; c'est le message de Ney invoquant le passage supposé de l'Elbe par Bernadotte qui le fit changer d'avis...

Si le projet d'une offensive était bien prononcée, dans l'idée de l'Empereur, l'apparition de Sacken n'était certainement pas pour le surprendre, la logique voulant que Blücher concentrât tous ses corps pour l'affronter. Une simple reconnaissance n'impliquait pas un mouvement de la Garde, ce qui était pourtant le cas. La supposition du franchissement de l'Elbe par Bernadotte était autrement plus grave ! C'était un motif puissant pour ordonner un repli, qui aurait mérité, cependant, une confirmation. Blücher semblait cette fois accepter le combat et ne plus vouloir reculer, en prenant position sur l'ancien champ de bataille de Bautzen. Il alignait encore 80 000 hommes et Napoléon avait sous la main 75 000 soldats avec la Garde. C'était sans doute insuffisant pour détruire Blücher, mais assez pour le vaincre en lui mettant une bonne fessée !

Une victoire devait permettre de renforcer le moral de la Grande Armée et surtout faire échouer le plan des coalisés. Blücher se serait mis en retraite et couvert de la Neisse, comme les fois précédentes. Affaibli de 10 000 à 20 000 hommes, Il ne pourrait plus -dès lors- coopérer au mouvement de Bernadotte. De son côté, Napoléon serait alors libre de reprendre son mouvement sur Berlin, y marchant par Luckau et ralliant Ney par Torgau. En lui supposant encore 65 000 à 70 000 hommes, il aurait été renforcé des corps de Bertrand et de Reynier, soit 30 000 hommes environ, ce qui faisait 95 000 à 100 000 hommes. C'était bien assez pour contraindre Bernadotte à se replier et à abandonner Berlin !
Il est peu probable alors que la Bavière ait persisté dans son projet de renversement des alliances. Maître de Berlin, l'Empereur y appelait Davout et ralliait à lui les garnisons de Stettin et de Custrin, s'en composant un petit corps d'armée supplémentaire

Murat, de son côté, devait tenir avec les 1er, 2ème, 14ème et 8ème corps, Marmont étant en observation devant Blücher.

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 2 message(s) ] 

Le fuseau horaire est UTC+2 heures


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 6 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum

Aller vers :  
Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB