L'Énigme des Invalides

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 Sujet du message : Durutte à Metz...
Message Publié : 26 Nov 2022 14:02 
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Pour Marmont, "La Ville de Metz est dans un très bon état de défense, le préfet a beaucoup fait pour ses approvisionnements et il y aura soit en troupes, soit en gardes nationales armées, soit en canonniers et ouvriers militaires ou bourgeois, douze mille hommes. »

Qu'en était-il, en réalité ? Marmont détaille cette force : "La garnison est de 9.000 hommes présents sous les armes et de 3.000 hom-mes de gardes nationales. Vous aurez soin de répartir dans les 36e et 131e régiments les conscrits qui sont dans les dépôts de la garnison, de manière que ces bataillons soient au grand complet. Ces troupes sont armées où ont les moyens de l'être avec les fusils qui sont à l'arsenal.

Des 3.000 hommes de la garde nationale, 1.500 doivent être armés avec des armes à feu, par les soins du maire, qui a à sa disposition les moyens nécessaires, etles 1.500 autres avec des piques ou des armes blanches. Ceux-ci sont destinés à la police intérieure. Ainsi, vous avez 10.500 hommes destinés à la défense des remparts".

Dans les faits, Durutte dispose :

Hommes............. Chevaux

100e de ligne 1.200

103e " 1.600

24e » 2.000

26e » 1.600

1er Régiment suisse 300

5e Régiment d'artillerie à pied 500

6 Régiment d'artillerie à cheval. . .. 300......... 50

Train d'artillerie 100.................. 200

10e Hussards 60........................ 60

1er Cuirassiers 40 40

Ouvriers du Génie 30

1re Compagnie de Sapeurs 120

Détachement de Mineurs. 100

36e Léger (2 bataillons) 500

131e de Ligne (2 bataillons) 500

8.950............................................ 350

Soit 7 700 fantassins et 100 cavaliers montés.

Mais cette situation ne tient pas compte de tous les conscrits qui étaient dans les nombreux dépôts laissés à Metz par Marmont et avec lesquels il recommandait de porter à leur effectif maximum les quatre bataillons du 36e léger et du 131e de ligne.
Un certain nombre de corps indiqués par Marmont comme ayant été laissées à Metz ne figurent pas sur cet état. Ce sont les bataillons des 14e, 22e, 59e et 69e de ligne et du 28e léger. Ils furent dirigés sur Luxembourg, Longwy, Thionville et Sarrelouis.



Extraits sur le siège de Metz et les opérations de Durutte autour de la place :

Indépendamment des travaux précités, on a préparé des moyens d'éclairage sur tous les fronts d'attaque, par des abatis de grosses haies, de groupes d'arbres, de pépinières. Pendant que le génie mettait la fortification en état, l'artillerie installait dans les ouvrages
les cent vingt bouches à feu de siège dont elle disposait, de plus elle mettait sur affûts et sur roues, deux cents bouches à feu de campagne et les dotait d'un nombre égal de caissons. Un grand nombre de ces bouches à feu furent placées sur la fortification pour
flanquer les ouvrages.

Tous les armuriers avaient été requis pour concourir à la réparation des armes. Enfin, les ateliers de chargements des gargousses et de fabrication de cartouches furent développés à l'arsenal.

L'arsenal de Metz, dit Viville, parvint pendant le blocus, avec ses seules ressources, à armer 7.000 hommes.

La garnison toute entière reçut des vêtements neufs, son équipement fut complété, et « en Avril, dit l'Annuaire de Verronnais, il semblait que celte garnison frappée si longtemps par une épidémie, s'était recrutée pendant le blocus dans des corps d'élite. »

Le Journal du Département de la Moselle donne la même impression. « Bientôt, dit-il, on vit avec étonnernent les nouvelles levées sortir de leurs casernes en bataillons réguliers, habillés, armés, instruits, faire de nombreuses sorties et ramener des bestiaux, du bois et des fourrages, objets qui manquaient dans la Place. » Pendant que tout s'organisait à Metz, que Marmont se retirait, l'ennemi prenait ses dispositions pour investir la ville.

A l'année de Silésie, on s'était rendu compte le 13 Janvier, de la retraite de Marmont sur Metz et la Moselle. La journée du 13 fut employée à faire tâter par la cavalerie du corps de Sacken les positions occupées par les troupes françaises. Afin de faciliter la mission de cette cavalerie, York poussa, dès le point du jour, son avant-garde et sa cavalerie de réserve sur Metz et leur fit prendre position entre Colombey et Courcelles. La cavalerie de réserve était sous les ordres du Prince Guillaume qui devait se relier avec Sacken et investir Metz. Le Prince Guillaume pour exécuter son investissement, constitua trois colonnes et une réserve.

La première colonne sous les ordres du lieutenant-colonel Von Stössel comprenait : huit escadrons, un bataillon et une demi-batterie à cheval. Elle devait former la droite de l'investissement et s'étendre du village de Mey à la Moselle.

La deuxième colonne, commandée par le lieutenant-colonel Von Statterheim était composée de quatre escadrons, deux bataillons, deux compagnies de chasseurs et une demi-batterie à cheval. Elle devait former le centre de la ligne d'investissement et occuper
Montoy, Coincy, Colombey et en arrière Maizeroy et Silly-sur-Nied.

La troisième colonne, d'une composition analogue, devait occuper la gauche et tenir Ars-Laquenexy, Mercy-les-Metz, la Grange-au-Bois.

Derrière cette colonne se trouvait le général Von Jurgass, avec six escadrons de dragons et une demi-batterie à cheval, tenant Courcelles-sur-Nied, Frontigny et Mécleuves.

La réserve, quatre bataillons, quatre escadrons, une batterie montée et une compagnie de pionniers, occupait Pange, Courcelles, Chaussy et Pont-à-Chaussy de façon à pouvoir défendre la Nied française et y recueillir les avant-postes.

La première colonne ennemie, en sortant de Mey, se heurta à un détachement français qui occupait Villers-l'Orne; elle dut donc se borner à faire surveiller le terrain jusqu'à la Moselle par des patrouilles.

Le 15 Janvier Blücher, ayant été avisé de l'abandon de la ligne de la Moselle, envoya à York les instructions suivantes :

« Votre Excellence maintiendra pendant toute la journée du 17 l'investissement de Metz, Thionville, Luxembourg, Sarrelouis.

Votre Excellence se rend évidemment compte de tous les avantages que nous assurerait la possession d'une quelconque de ces forteresses, qui deviendrait pour nous une place d'armes. S'il est possible de s'emparer d'une de ces places, dans lesquelles il n'y a d'ailleurs que des conscrits, soit grâce à la connivence des habitants, soit d'assaut, il importe de tenter cette entreprise, dussions-nous pour cela sacrifier un millier d'hommes et même davantage. Partout où une tentative de ce genre serait impossible, il sera utile d'alarmer de nuit la garnison, pour arriver à connaître ce qu'elle vaut. Il suffit, à cet effet, de quelques vieux soldats d'infanterie.

Si l'on ne peut pas parvenir à prendre Metz, Thionville et Luxembourg, si les commandants de ces places sont décidés à faire bonne contenance, il conviendra de les faire bloquer.

Toutefois, si en bombardant une de ces places, vous pouviez amener une capitulation, vous auriez certainement à recourir à ce moyen, tout en ménageant vos munitions. »

Dans la journée du 15, les troupes d'York ne firent que quelques reconnaissances autour de Metz.

Le 16, York transporta son quartier général à Boulay. Ce jour-là, une des brigades d'infanterie de son corps devait investir Metz de Colombey à Montigny, en passant par Magny-sur-Seille; quant à la cavalerie, elle devait assurer l'investissement depuis St-Julien jusqu'à Montigny. Une seconde brigade restait en réserve, et la cavalerie de réserve du général Von Jurgass devait passer la Moselle et suivre le mouvement de retraite de Marmont sur Verdun. Cette cavalerie ne réussit pas à franchir la Moselle à Ancy et dut remonter jusqu'à Pont-à-Mousson.

Le 17, la brigade conservée par York en soutien devait passer la Moselle à Ancy et investir Metz sur la rive gauche, coupant toutes ses communications. Mais elle ne put non plus franchir la rivière.

La cavalerie de Von Jurgass avait pu, le 17 Janvier, passer à Pont-à-Mousson. Dès qu'il le sut, York dirigea le Prince Guillaume le 18 sur Pont-à-Mousson et ce dernier envoya un détachement vers Metz qui s'arrêta à Vandières et le lendemain vint jusqu'à Gorze.

Les cavaliers de ce détachement firent de nombreuses reconnaissances dans la banlieue de Metz et détruisirent le télégraphe qui était installé sur le Mont St-Quentin.

Le 23, le Prince Guillaume transporta son quartier général à Sainte-Ruffine, et fit occuper Vaux, Jussy, Lessy et Plappeville. L'investissement était complet. C'est alors qu'on projeta une attaque par surprise sur la rive droite. Toute les portes devaient être assaillies de nuit par des détachements de volontaires, qui chercheraient à abattre les ponts-levis, s'ils échouaient la ville serait bombardée par soixante bouches à feu. Ce projet ne fut pas mis à exécution, l'ennemi fit seulement une tentative sur la lunette de Montigny, tentative qui fut repoussée par quelques coups de mitraille.

A partir du 23 Janvier, la garnison commença à effectuer des sorties, qui avaient pour but de protéger l'abatage et l'enlèvement d'arbres autour de la placeet de se procurer du fourrage. Le 23, le 25, le 28 et le 30 Janvier, il y eut ainsi de petites sorties exécutées
par la Porte de France et le 26 par la Porte de la Citadelle. (1)

Les troupes d'York ayant dû se transporter sur la Meuse le 26 Janvier, furent remplacées dans l'investissement de la place par des troupes venues du corps de Langeron.

Le 27 Janvier, Durutte dirigea contre ces troupes une sortie importante, il fit marcher le 36e régiment et rejeta les troupes d'investissement au delà de Moulin et de Longueau. Des gardes nationaux s'étaient mêlés dans cette sortie aux soldats du 36e et Durutte fut tout surpris de les voir marcher à l'ennemi avec leurs fusils de chasse.

Le 29, une sortie plus importante eût encore lieu par la porte de France et fût poussée jusqu'à Ars-sur-Moselle. De nombreux gardes nationaux prirent également part à cette sortie et traquèrent tous les cosaques qui étaient sur la côte Saint-Quentin. Dans le courant du mois de Février, Durutte multiplia les sorties, il y en eût quelquefois deux dans le même jour. Ces sorties aguerrissaient la garnison, entretenaient la confiance de la population, procuraient des vivres et du fourrage et causaient à l'ennemi des pertes et de
grosses fatigues.

Elles étaient poussée assez loin de la place. Ainsi, le 1er Février, les troupes de sortie allèrent à Maizières, Sylvange et Marange, à 12 kilomètres. Le 7 du même mois, elles se portèrent à Pierrevillers, à 15 kilomètres. La situation intérieure de la ville en Février était
assez satisfaisante, les habitants étaient rassurés par la vigilance infatigable de Durutte. Le pain n'avait pas augmenté, et on avait de la viande fraîche, le bois de chauffage toutefois commençait à manquer chez la population ouvrière, qui aussi ne trouvait pas de travail.

A la fin de Février, le corps d'investissement fut exclusivement constitué par des troupes russes, qui étaient commandées par le général Youseforvitch. Le général Youseforvitch qui observait la Place plus qu'il ne la bloquait, avait établi son quartier général à Ars-la-Moselle. Ce général, par son esprit humanitaire, cherchait à ne point aggraver les maux de la guerre et s'efforçait d'empêcher ses troupes de commettre des désordres et des vexations dont jusqu'alors les habitants des campagnes avaient beaucoup souffert.

Malgré les nombreuses sorties de la garnison, on était toutefois à Metz sans nouvelles de ce qui se passait en France; aucun journal de Paris n'y était parvenu en Février, aussi les bruits les plus contradictoires y circulaient. A chaque instant, des personnes croyaient avoir entendu les canonnades de batailles livrées par l'Empereur; alors les imaginations se donnaient carrière, on s'attendait à voir l'armée française apparaître, le blocus levé et l'ennemi rejeté au delà des frontières.

Durutte afin de détourner les trop grandes préoccupations de l'esprit public, profita de ce qu'il y avait à Metz une troupe de comédiens, pour faire donner des représentations au théâtre, et il parait que cette troupe ne fit jamais de plus belles recettes qu'à cette époque.

Dès les premiers jours de Février, l'Empereur envoya à Durutte, l'ordre de sortir de Metz avec sa garnison, de rallier la plus grande partie des garnisons voisines Thionville, Luxembourg, Longwy, Verdun, Sarrelouis, et de former une grosse division de trois brigades avec laquelle il tomberait sur les corps ennemis laissés devant les places, et même viendrait le rejoindre.

On trouve dans la correspondance de l'Empereur quelques-uns de ces ordres à partir du mois de Mars.

Berry-au-Bac, le 5 Mars 1816.

" Monsieur le Général Durutte,

l'Empereur ordonne que vous sortiez de Metz avec toute votre garnison et que vous vous réunissiez aux garnisons de Verdun, Longwy, Thionville et Luxembourg, en laissant seulement cinq à six cents hommes à Luxembourg pour garder les portes. Formez un camp volant et tombez sur les corps que l'ennemi aura laissés devant les places.

Le Prince, Vice-Connétable, Major général. »

Soissons, le 12 Mars 1814.

« Monsieur le Général Durutte, l'intention de l'Empereur est que vous réunissiez tout ce que vous avez de disponible à Metz et à Verdun, tant infanterie que. cavalerie et que vous preniez les trois quarts de ce que vous avez à Thionville, Longwy et Luxembourg. Vous prendrez partout des chevaux pour vous organiser quatre bonnes batteries d'artillerie ; vous manoeuvrerez avec ces forces pour venir nous rejoindre soit à Paris, soit à Soissons, ou enfin partout où nous serons.

Avec l'aide de gens du pays, il vous sera facile de prendre une route qui ne vous compromettra pas et de là savoir où nous sommes.
L'ennemi étant partout tenu en échec n'a pas assez de forces pour vous tenir tête, si ce n'est le point où nous sommes.

Faites remplir au complet tous vos cadres et surtout vos cinquièmes bataillons par un appel des gardes nationaux de la levée en masse.» J

Je vous envoie une lettre chiffrée pour le général Broussier à Strasbourg. Comme il n'a pas encore reçu son chiffre, vous déchiffrerez sa lettre et vous lui en ferez parvenir une copie.

Reims, le 15 Mars 1784.

« Monsieur le Général, l'Empereur veut que je vous réitère l'ordre de venir le rejoindre avec les généraux Rognat et Beurmann et un autre général de brigade. Vous amènerez avec vous six mille hommes de la garnison de Metz, huit cents de Verdun, quatre cents de Montmédy, deux mille de Luxembourg, neuf cents de Sarrelouis, mille deux cents de Longwy, six cents de Thionville, total douze mille hommes.

Vous aurez soin d'avoir avec vous dix à douze caissons d'infanterie et vos quatorze pièces avec un approvisionnement bien complet.

Vous tirerez des places tous les généraux de brigade disponibles, afin d'organiser votre division à quatre brigades; vous manoeuvrerez sans autre instruction que de nous rejoindre. L'ennemi n'est en force que sur le point où est son armée et en ayant les gens du pays pour soi, il vous sera facile de vous rendre en sûreté d'abord à Verdun pour de là venir soit sur Reims, soit sur Châlons, selon nos mouvements. Le 100e et plusieurs autres régiments n'ont que leur cinquième bataillon à Metz ; mais vous formerez un
sixième ou un septième bataillon en prenant les officiers et sous-officiers qui seraient à Metz, même en retraite.

Signé: ALEXANDRE BERTHIER. »

" Au Château du Plécy, près Longchamps.

23 Mars, trois heures du matin.

Monsieur le Général Durutte,

L'Empereur me charge de vous ordonner de réunir vos garnisons et de venir à notre rencontre sur la Meuse. L'armée arrive sur les derrières de l'ennemi ; j'en préviens les maires de Metz, de Bar, de Nancy; je leur mande que le moment est venu de se lever en masse, de sonner le tocsin, d'arrêter partout les commandants de places et commissaires ennemis, de tomber sur les convois, de saisir les magasins et les réserves de l'ennemi. Je leur recommande de faire publier sur-le-champ cet avis dans toutes les commu-
nes des 2e, 3e et 4e divisions militaires.

Le Prince Vice-Connétable, Major général.»

Durutte ne reçut probablement pas toutes les dépêches qui lui furent expédiées, et celles qui sont citéesci-dessus parvinrent avec un certain retard. Celle du 5 Mars semble avoir été reçue le 10, celle du 12 Mars fut reçue le 16, celle du 15 le 23 et celle du 23 le 26.

La dépêche du 23 Mars fut apportée le 26, par un gendarme déguisé, qui se présenta à la porte des Allemands; à ce moment, Durutte avait quitté Metz pour ramener les garnisons des villes voisines. Il s'était donc conformé aux instructions de l'Empereur. Mais en suivant ses opérations depuis le 1er Mars, on voit qu'il s'y était conformé plus tôt.

Le 1er Mars le général Guérin, avec trois cents hommes et deux pièces de canon fit une sortie par la porte de France pour faire rentrer du bois. Le 2 Mars, on fait une sortie par la Porte des Allemands poussée jusqu'à 12 kilomètres pour ramener des fourrages, de
l'avoine et des bestiaux.

Le 5 Mars, on fait une sortie importante pour détruire le pont de Marly-sur-Seille, sur lequel passaient les troupes alliées.

On avait, dit Bizot du Coudray, rompu ce pont dans des sorties antérieures, mais l'ennemi l'avait rétabli pour servir au moins au passage de l'infanterie et de la cavalerie. Le 5 Mars, le pont fut presque complètement détruit.

Le 7, le général Beurmann fit une sortie avec deux mille hommes sur Cherisey, pour s'emparer des magasins de l'ennemi. Dans cette sortie, on enleva deux cents soixante hectolitres d'avoine.

Le 15 Mars, Durutte se porte sur Thionville (1) avec milles hommes d'infanterie et deux cents cavaliers, en suivant la route qui longe la rive droite de la Moselle. Il débouche sur Thionville par le bois d'Illange, entre dans la ville à la grande joie des habitants, y passe la nuit, et rentre le 16 à Metz, ramenant avec lui 700 hommes du 96e de ligne et deux bouches à feu. Pour son retour, il revient par Haute-Yutz, puis se rabat sur la route de la rive droite de la Moselle, à Mange.

A partir de ce jour, les communications entre Metz et Thionville qui avaient toujours été précaires, furent assurées au moyen de signaux lumineux placés sur les hauteurs; les signaux étaient produits avec des réchauds de 15 pouces et des tourteaux goudronnés.

Le 19, en sortant par la porte Mazel, on fit un fourrages à Mécleuves et le même jour une sortie sur Plappeville, par la porte de Thionville. Le 22, Durutte se porta sur le quartier général de Youseforvitch, à Ars-sur-Moselle, avec trois mille hommes et seize pièces de canon. Cette attaque était soutenue par les compagnies d'élite de la garde nationale qui avaient été placés sous les ordres du général Richter.

La colonne de Durutte délogea les Russes de Longeville, puis de Moulin où ils avaient construit une batterie et des ouvrages. Rejointe à Moulin par la colonne du général Beurmann qui avait tourné le St-Quentin par Plappeville et le col de Lessy, les deux

(1) Le général commandant de Thionville était le général Hugo, père
de Victor Hugo.

colonnes se portèrent sur Ars, l'une passant par la plaine, l'autre par Sainte-Ruffine et Jussy, et les Russes furent rejetés sur Arnaville. Cette affaire, une des plus sérieuses du blocus, coûta aux Russes 250 tués ou blessés et 130 prisonniers. La garnison eût 80 hommes
hors de combat.

Beaucoup de gardes nationaux vinrent faire le coup de feu avec les troupes. Il arriva même une aventure qui faillit coûter cher à deux d'entre eux. Ceux-ci ayant voulu vérifier l'état dans lequel se trouvait une propriété qu'ils possédaient à Ancy s'y rendirent, mais
furent pris par l'ennemi et faillirent être fusillés à Pont-à-Mousson. L'échange de prisonniers qui eut lieu au lendemain de ce combat leur permit heureusement de rentrer sains et saufs à Metz.

Après avoir éloigné le corps d'observation par cette action, le général Durutte remit le commandement dela place au général Roget et, accompagné du général Rognat, il sortit le 24 Mars par la porte des Allemands, avec cinq mille hommes d'infanterie, sa cava-
lerie et seize bouches à feu, et se dirigea par Boulay sur Sarrelouis où il arriva le même jour.

Après avoir prélevé neuf cents hommes sur la garnison, il quitta Sarrelouis le 25, se dirigea sur Thionville, par Bouzonville et Haute-Yutz.

Le 26, aidé par la garnison de Thionville qui se porta sur Guénetrange, il attaqua les Hessois qui étaient devant la ville. Les brigades Guérin et Beurmann se portèrent sur la Grange et sur Manom, obligèrent les Hessois à se retirer sur Hettange, puis à battre définitivement en retraite. Durutte arriva à Luxembourg, dans la soirée du 26.

Le 27, il se porta sur Longwy où il arriva le 29, après avoir prélevé 2.000 hommes sur la garnison de Luxembourg.

De Longwy, il gagna Montmédy, puis par Etain, il se rabattit sur Verdun; à son approche, le duc Biren de Courlande, qui bloquait la place se retira sur Saint-Mihiel.

Verdun débloqué, Durutte rentra à Metz le 5 Avril avec sa division dont l'effectif était doublée.

En revenant à Metz par Gravelotte, il bouscula la division Hessoise du général Millier qui s'était approchée de la place et lui fit deux cent cinquante prisonniers. Les troupes en rentrant furent reçues avec le plus grand enthousiasme par la population et aux cris mille
fois répétés de : vive Durutte.

A la joie de revoir la division de Durutte se joignait aussi celle que causait les nouvelles reçues le 26 et qui provenaient de la dépêche expédiée le 23 de Château-du-Plessis. Le Général Roget avait fait publier en effet, par le maire de Metz, un avis annonçant que
l'Empereur avait encore remporté une grande victoire et que les Alliés étaient en pleine retraite sur la Meuse et qu'il les poursuivait.

Durutte, à son retour, prit évidemment connaissance de la dépêche du 23 Mars datée du Château du Plessis qui lui avait renouvelé l'ordre de se porter sur la Meuse où il n'avait rencontré personne. Mais il est probable qu'il avait reçu à Verdun la dépêche ci-après
qui était postérieure.

« Au Prince de Neufchatel et Wagrani,
Major Général,
Saint-Dizier, 23 Mars 1814, 1 heure de l'après-midi»

Mon Cousin,

" Je viens de donner des ordres pour que la cavalerie légère du général de Saint-Germain se rende à Bar-sur-Ornain et à St-Mihiel et ouvre nos communications avec Verdun et Metz. Envoyez un officier intelligent qui marchera avec cette colonne et portera les ordres à Verdun, de venir avec ce qu'il y a de disponible en infanterie et cavalerie pour garder le pont de St-Mihiel et maintenir les communications avec nous, regardant comme non avenu l'ordre d'aller à Châlons qui doit être occupé par le duc de Raguse. Chargez le (Verdun ou l'officier) d'envoyer un officier intelligent à Metz pour que la garnison vienne en force occuper Pont à-Mousson et chasser partout l'ennemi qui est à Nancy en se mettant en çommunication avec nous. Donnez à cet effet des ordres par
duplicata et triplicata. »

En tout cas, le 6 Avril, Durutte se mettait en marche avec toute sa division qui comprenait trois brigades d'infanterie commandées par les généraux Beurmann, Guérin et Duvigneau pour se conformer aux prescriptions de cette dépêche.

Il avait avec lui douze mille hommes d'infanterie, deux cents cavaliers et deux batteries. Il se porta sur Pont-à-Mousson par la rive droite de la Moselle, entre les deux hauteurs qui dominent cette rive et la Seille. Avant d'arriver à Bouxières-sous-Froidemont, il trouva sur les hauteurs de Lorry-devant-le-Pont, Mardigny et Bouxières, un corps d'armée composé de la division du général Yousefowitch, du corps du général Biren de Courlande et de troupes envoyées de Nancy.

Biren de Courlande lorsqu'il avait été forcé, par Durutte, de lever le siège de Verdun, ne sachant pas s'il ne tenterait pas un coup de main sur Nancy, où se trouvait le comte d'Artois, le comte d'Alopéus, gouverneur au nom des Alliés, et tout le personnel politique rassemblé autour d'eux, avait envoyé un de ses régiments sur St-Mihiel pour surveiller la marche de l'armée de l'Empereur, puis avait pris position à Bernecourt, à mi-chemin entre St-Mihiel et Nancy.

Ne se sentant pas assez fort pour tenir seul tête à Durutte, il avait demandé qu'on fasse revenir d'urgence la division du général Yousefowitch, qui avait été envoyée à Neufchâteau, pour faire cesser les coups de mains de plus en plus hardis que les paysans du
côté de Chaumont tentaient contre les communications des Alliés.

Rejoint à Bernecourt par Yousefowitch, ils avaient observés les mouvements de Durutte et s'étaient portés par Pont-à-Mousson à Bouxières-sous-Froidemont. Ils avaient quinze mille hommes à lui opposer.

Depuis l'envoi de la dépêche de St-Dizier, qui avait prescrit à Durutte de se porter sur Pont-à-Mousson, de graves événements s'étaient passés. Dans la journée du 27, l'Empereur avait appris la marche des Alliés sur Paris; il avait alors réuni à Marottes un
conseil de guerre, dans lequel il avait exposé ses projets vers l'Est aux maréchaux. Ceux-ci, Berthier, Ney et Macdonald, se prononcèrent contre tout mouvement sur les derrières des Alliés et se rallièrent à l'idée de revenir sur Paris, par St-Dizier, Vassy, Bar-sur-Aube, Troyes et Fontainebleau.

A Paris, malgré les instructions formelles données par Napoléon à Joseph pour l'organisation de la défense, il n'y avait eu que des mesures mollement prises. Son idée de transformer Paris en une forteresse armée de mille pièces de canon, d'y organiser une
puissante garde nationale bien armée n'avait pas été mise en exécution.

Marmont et Mortier, en arrivant sous Paris n'y avaient pas trouvé l'appui qu'ils auraient dû y rencontrer et le 31 Mars avaient évacué la capitale à la suite d'un armistice, et s'étaient retirés sur Essonnes. Là, Marmont circonvenu par de Talleyrand et son envoyé de Montessuy, qui avaient su exploiter son orgueil et son mécontentement, avait consenti à abandonner la ligne de l'Essonnes sur laquelle Napoléon accourait à marches forcées. Cette défection avait amener l'Empereur à abdiquer le 6 Avril. Dans la journée du 6, le
comte d'Alopéus avait envoyé à Yousefowitch la lettre ci-après destinée au gouverneur de Metz, l'informant des événements survenus à Paris, lui proposant une suspension d'armes et lui offrant toute facilités, pour faire contrôler les renseignements qu'il lui
donnait.

" A son Excellence Monsieur le Comte Durutte,
Gouverneur de Metz,

Nancy, le 6 avril 1914.
Monsieur le Comte,

« L'époque est arrivé enfin où il est permis d'espérer qu'il sera mis un terme à l'effusion de sang et que l'Europe jouira d'une paix durable. La pièce ci-jointe prouvera à Votre Excellence que les Alliés sont à Paris et que la France, en retournant à son légitime souverain, va recevoir une constitution qui lui promet bonheur et tranquillité.

Je puis ajouter que le Sénat a déclaré l'Empereur Napoléon indigne de régner et de traiter avec les souverains. Ses troupes l'abandonnent et il ne lui reste plus que quelques milliers d'hommes de la Vieille Garde qui ne pourront faire une longue résistance aux armées qui les cernent. La garde nationale fait, avec les troupes alliés, le service à Paris, dont le général Sacken a été nommé
gouverneur.

J'ai cru devoir vous instruire, Monsieur le Comte, de cet événement, afin que vous puissiez prendre le parti que vous jugerez être le plus convenable aux intérêts de votre Patrie. Nous ne voulons conquérir que la paix et jamais nous n'avons eu l'intention de démembrer la France.

Vous savez sans doute que nous sommes en mesure de nous opposer efficacement à tout ce que vous pourriez entreprendre contre nous, mais pourquoi courir encore la chance défi combats quand ils ne pourront en aucune manière changer la grande question qui est déjà toute décidée ? La perte de quelques braves en serait l'unique résultat.

N'ayant pas l'honneur de vous être connu, je ne puis pas prétendre que vous ajoutiez foi entière à ce que j'avance. Je vous propose donc une suspension d'armes pendant laquelle toutes les facilités vous seront offertes pour vous convaincre de l'état actuel des affaires.

Envoyez des hommes de confiance à Nancy, venez-y vous même et vous verrez que tout s'apprête à rentrer dans l'ancien ordre des choses. Son Altesse Royale, Monsieur, lieutenant-général du Royaume de France, part d'ici demain, pour avoir une entrevueavec S. M. l'Empereur d'Autriche, mais il laisse ici un de ses lieutenants pour régler tout ce qui a rapport aux intérêts de la France.

J'ai l'honneur d'être, avec la considération la plus
distinguée, Monsieur le Comte, de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur.

ALOPÉUS.

Cette lettre fut transmise à Durutte le 7 Avril, par le général Yousefowitch, par la missive ci-après qui ne laisse pas que de surprendre un peu.

" Le général Yousefowitch, commandant en chef un corps d'armée des troupes alliées, est devant Metz.
Il tend ses bras, impatient de serrer sur son coeur le brave et noble général, comte Durutte, qu'il eût le temps d'étudier et de connaître. Il sait l'apprécier, il l'estime, il se flatte de mériter un jour son amitié.

Ami sincère et admirateur de la grande nation française, il partageait toujours les voeux des Français pour le bonheur de leur Patrie, il souffrait de leurs maux, il sera heureux de leur félicité.

Ce 7 Avril, à midi, devant Metz, en parlementaire. "

YOUSEFOWITCH. »

Durutte ne répondit pas à ces lettres et dans la soirée du 7 rentra à Metz. Il fut suivi par les troupes de Yousefowitch et de Biren, auxquelles se réunit la division hessoise du général Muller qu'il avait rejeté quelques jours avant sur le Luxembourg.

Dans la journée du 8, les détachements de cavalerie ennemis qui s'étaient avancés au delà de Frescati, communiquèrent aux avant-postes français les nouvelles qui, la veille, avaient été données à Durutte.

Le 10 Avril, jour de Pâques, le blocus fut levé et le courrier de Paris arrivait à Metz avec des dépêches officielles, qui confirmaient l'entrée des alliés à Paris, la nomination d'un gouvernement provisoire, la déchéance de l'Empereur prononcée par le Sénat et
l'abdication.

Ces dépêches furent publiées par le Préfet qui annonça en même temps aux populations le rétablissement de la royauté.

Il s'établit à partir de ce jour une correspondance entre Durutte et le comte Roger de Damas qui exerçait les fonctions de gouverneur général à Nancy.

Le 11 Avril, Durutte conclut avec Yousefowitch une convention militaire par laquelle les autorités reconnaissaient le gouvernement provisoire et les hostilités étaient suspendues.

Les Alliés n'entrèrent pas à Metz, la place ne fut pas désarmée, et la garde nationale et les troupes actives continuèrent à y faire le service.

Le blocus avait duré 83 jours, la place n'avait pas été attaquée, mais l'eût-elle été, les Messins avaient une telle confiance en Durutte, qu'ils étaient persuadés que sa défense aurait été aussi belle que celle de 1552, avec le duc de Guise.

Napoléon lui aussi, avait confiance dans Durutte, car au cours de la campagne de France, comme on n'avait pas de nouvelles de Metz et qu'on disait autour de lui que cette place pourrait bien avoir capitulé, il s'écria: « C'est Durutte qui commande à Metz, je n'ai
jamais fait de bien à cet homme-là, Metz est toujours à nous. »

La Ville reconnaissante de ce qu'avait fait Durutte, voulut au lendemain même de la levée du blocus, lui rendre un public hommage et dans sa séance du 11 Avril, le Conseil municipal lui vota la remise d'une épée d'honneur.







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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 27 Nov 2022 17:23 
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Quelques-uns qui trouvent toujours des excuses à Napoléon et attribuent toutes les fautes à ses lieutenants, considèrent que Durutte eût pu faire mieux, que s'étant mis en route plus tôt, il aurait pu infliger une défaite aux coalisés devant Nancy et ainsi tendre la main aux avant-gardes de Napoléon au nord de Vitry-le-François. Pour peu qu'il soit entré le 22 mars dans la capitale de la Lorraine, ils estiment que les coalisés, effrayés par cette nouvelle, n'auraient pas osé marché sur Paris et qu'alors, à supposer qu'ils passent outre, Napoléon renforcé de Durutte, aurait talonné leur arrière-garde !

Examinons cela de près. Pour prendre Nancy le 22 mars, Durutte devait donc livrer combat le 21. Il devait donc être prêt à marcher sur Nancy trois jours plus tôt, soit le 19 mars.

Le 1er message reçu avec certitude par Durutte (10 mars), date du 5 mars :

Berry-au-Bac, le 5 Mars 1816.

"l'Empereur ordonne que vous sortiez de Metz avec toute votre garnison et que vous vous réunissiez aux garnisons de Verdun, Longwy, Thionville et Luxembourg, en laissant seulement cinq à six cents hommes à Luxembourg pour garder les portes. Formez un camp volant et tombez sur les corps que l'ennemi aura laissés devant les places."

Le 11 mars, Durutte devait donc sortir avec au moins 8 000 hommes (les 2/3 de la garnison) et marcher immédiatement sur Sarrelouis (nos critiques considérant que l'aller-retour sur Thionville était une perte de temps). Il y arrivait le même jour et en ressortait le 12 mars avec 900 hommes de plus pour marcher incontinent sur Thionville. Il se renforçait encore de 700 hommes avec 2 bouches à feu supplémentaires, ce qui lui faisait 9 600 fantassins, 200 cavaliers et 16 pièces.

En une seule journée (le 26 mars), Durutte avait gagné Luxembourg, via Thionville. Dans notre hypothèse, il y parvenait donc le 12 mars au soir. Il en ressortait alors le 13, avec 2 000 fantassins en renfort, gagnait Longwy la même journée, pour en repartir le 14. Par Etain, Durutte pouvait alors marcher sur Verdun, où il parvenait le 16 mars (le mouvement sur Montmédy étant trop excentrique). Il est supposé que c'est dans cette place, le 17, que Durutte aurait reçu le message du 12 mars :

Soissons, le 12 Mars 1814.

« Monsieur le Général Durutte, l'intention de l'Empereur est que vous réunissiez tout ce que vous avez de disponible à Metz et à Verdun, tant infanterie que. cavalerie et que vous preniez les trois quarts de ce que vous avez à Thionville, Longwy et Luxembourg. Vous prendrez partout des chevaux pour vous organiser quatre bonnes batteries d'artillerie ; vous manoeuvrerez avec ces forces pour venir nous rejoindre soit à Paris, soit à Soissons, ou enfin partout où nous serons.

Avec l'aide de gens du pays, il vous sera facile de prendre une route qui ne vous compromettra pas et de là savoir où nous sommes.
L'ennemi étant partout tenu en échec n'a pas assez de forces pour vous tenir tête, si ce n'est le point où nous sommes.

Faites remplir au complet tous vos cadres et surtout vos cinquièmes bataillons par un appel des gardes nationaux de la levée en masse.» J

Je vous envoie une lettre chiffrée pour le général Broussier à Strasbourg. Comme il n'a pas encore reçu son chiffre, vous déchiffrerez sa lettre et vous lui en ferez parvenir une copie.

Parvenu à Verdun, Durutte devait être perplexe : devait-il marcher sur Soissons, ou prendre une autre direction, vers le point où serait l'Empereur ? Il faut imaginer le 18 qu'il aurait eu vent de la victoire de Reims. C'est donc dans cette direction qu'il devait marcher, mais cela l'éloignait de Nancy !

En admettant que Durutte soit informé du mouvement de Napoléon vers Arcis-Sur-Aube, cela ne le rapprochait pas de Nancy. Pour suivre les critiques de Durutte, il faut donc accepter que Durutte se soit contenté de marcher sur Saint-Mihel. C'est là qu'il aurait reçu le 3ème message :


Reims, le 15 Mars 1784.

« Monsieur le Général, l'Empereur veut que je vous réitère l'ordre de venir le rejoindre avec les généraux Rognat et Beurmann et un autre général de brigade. Vous amènerez avec vous six mille hommes de la garnison de Metz, huit cents de Verdun, quatre cents de Montmédy, deux mille de Luxembourg, neuf cents de Sarrelouis, mille deux cents de Longwy, six cents de Thionville, total douze mille hommes.

Vous aurez soin d'avoir avec vous dix à douze caissons d'infanterie et vos quatorze pièces avec un approvisionnement bien complet.

Vous tirerez des places tous les généraux de brigade disponibles, afin d'organiser votre division à quatre brigades; vous manoeuvrerez sans autre instruction que de nous rejoindre. L'ennemi n'est en force que sur le point où est son armée et en ayant les gens du pays pour soi, il vous sera facile de vous rendre en sûreté d'abord à Verdun pour de là venir soit sur Reims, soit sur Châlons, selon nos mouvements. Le 100e et plusieurs autres régiments n'ont que leur cinquième bataillon à Metz ; mais vous formerez un
sixième ou un septième bataillon en prenant les officiers et sous-officiers qui seraient à Metz, même en retraite."

Au reçu de ce message, parvenu avant le 23 mars (date réelle), Durutte ne pouvait se poser aucune question : il devait rejoindre l'Empereur et donc marcher vers Arcis-Sur-Aube (cette destination étant supposée connue). Il convenait qu'il gagne cette destination par Saint-Dizier, via Bar-Le-Duc et c'est donc aux alentours de Saint-Dizier qu'il aurait fait sa jonction avec Napoléon le 23 ou 24 mars.

L'opération sur Nancy est donc invraisemblable, avec toute la meilleure volonté du monde. L'équipée de Durutte ne servirait donc qu'à renforcer Napoléon de 12 000 fantassins, de 200 cavaliers et de 16 pièces. Renfort non-négligeable, certes. Mais pas de nature à changer l'Histoire...

Ou alors, il faudrait encore imaginer que Durutte, vraiment chanceux, ait intercepté un courrier du QG des souverains coalisés annonçant la marche sur Paris des 2 armées réunies de Schwarzenberg et de Blücher ! Par exemple, à destination du gouverneur de Nancy, le russe Alopéus... Alors, oui. Napoléon n'ayant plus de raisons de demeurer sur les arrières des coalisés, devait donner des ordres en vue de pister la grande armée alliée pour la rattraper en queue et la précipiter dan un grand désastre !


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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 29 Nov 2022 12:29 
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ça fait beaucoup de si... Durutte aurait pu commencer sa campagne plus tôt, mais sans doute devait-il procéder à des enrôlements importants et bien organiser ses troupes sans affaiblir la défense de Metz. Vous avez montré que même en partant le 10 mars, son équipée n'aurait pas changé fondamentalement le cours de l'histoire... une jonction avec Napoléon le 24 mars n'aurait probablement pas changé les projets de l'empereur. Il faut pour cela imaginer un courrier intercepté par la cavalerie française et ceci aurait pu se produire sans l'intervention de Durutte. Même dans ce cas, Napoléon aurait-il décidé de marcher sur les talons des alliés ? Il se serait heurté à une arrière-garde assez forte et même victorieux, il n'aurait pas pu passer la Marne avant les alliés. Seule, sa présence le 29 mars au soir à Paris, aurait pu sauver la situation...


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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 29 Nov 2022 15:00 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Napoléon se serait heurté à Winzingerode, pour commencer... Celui-ci se serait replié sur ses gros, renforcé probablement en infanterie, pour faire une retraite à la russe... On peut prendre le problème sous tous les angles, les coalisés auraient toujours eu 24 heures d'avance sur Napoléon. ça risquait de coincer à Meaux, si Napoléon avait pu alors, informer Compans de son arrivée.

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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 01 Déc 2022 12:30 
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Qu'est-ce que vous appelez une retraite à la russe ? Et les alliés n'auraient-ils pas eu une avance de 48 heures ? Croyez-vous que Compans aurait pu tenir plus qu'il ne l'a fait à Meaux ? Les troupes y étaient d'une faible valeur et c'est plutôt les alliés qui auraient tenu ce point avec vigueur...


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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 01 Déc 2022 18:37 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Une retraite méthodique, à base de cavalerie et d'artillerie légère, comme celle qui fut menée de Bautzen à Reichenbach. Quant à Compans, nul ne sait, sauf si un émissaire de Napoléon avait pu le joindre à temps...

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 Sujet du message : Re: Durutte à Metz...
Message Publié : 06 Déc 2022 11:21 
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Ok, compris ! Belle journée pour nous. :2:


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