L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 24 Nov 2007 11:12 
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Le 14 janvier 1814, Mortier (il s'agirait plutôt de Victor) qui avait fait sa jonction avec Ney se réunirent à Toul. Ils quittèrent bientôt la place.

Le 16 janvier, le maréchal y laissait 300 hommes pour grossir la garnison composée essentiellement par la Garde nationale.

Le commandant Chaudron était nommé commandant de la place !

Né à Toul en 1768, cet aide de camp du Maréchal Ney avait pris sa retraite en 1806 après la bataille d’Iéna qui lui valut l’amputation d’une jambe. En 1814, alors que la ville était assiégée par les prussiens, il reprit du service comme commandant de la place de Toul.

François-Louis Chaudron, ancien officier d'ordonnance du maréchal Ney, quittera l'armée en 1816, après avoir eu la jambe gauche emportée par un boulet à Iena en 1806, et de multiples blessures à l'épaule et au côté droits.

En 1814, les Alliés envahirent le département. On peut lire sur certaines notices: "Toul résista bravement et obtînt une capitulation honorable".

De fait, le commandant Chaudron a sa rue à Toul. Il a donc mérité aux yeux de ses contemporains les éloges de ses concitoyens.

Pourtant, un autre contemporain, le général François-Guillaume de Vaudoncourt, historien de cette période écrivit:

"le 20 janvier, la division Sass, du corps de Sacken, marcha sur Toul, où il était resté une garnison de 400 hommes; cette garnison se rendit sans défense."

Merci aux Lorrains de ce forum d'en dire davantage si c'est possible. En effet, si Chaudron n'a pas tenu au moins 24 heures après l'investissement de la place, il est bien certain que sa conduite n'a rien de glorieuse...







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Message Publié : 24 Nov 2007 16:26 
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Il me semblait que le commandant Chodron (ou Chaudron) avait plutôt bien résisté. A vérifier

Thierry

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Message Publié : 24 Nov 2007 16:48 
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Oui, mais c'est bien pourquoi j'essaye d'en savoir plus. D'autant que -du côté maternel- j'ai tout une lignée originaire de l'arrondissement de Toul.

Si ma grand-mère me parlait beaucoup de Jeanne d'Arc, d'un aïeul qui avait fait la campagne de Russie ou des franc-tireurs de 70, elle n'a jamais évoqué le courage des habitants de Toul. Mon grand-père -à la fois Lorrain et Champenois- m'a bien parlé des paysans champenois qui attaquaient les cosaques, mais rien sur l'arrondissement de Toul.

A la différence de 70, où le siège dura plus d'un mois et où la garnison ne céda qu'à la suite d'un bombardement en règle, face à une artillerie autrement plus puissante qu'en 1814... En outre, les notices laudatives parlent des Prussiens. Mais Sacken et Sass étaient des généraux russes ! :grands yeux:

D'où ma perplexité.


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Message Publié : 26 Nov 2007 11:31 
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Je reçois un message de M. Gérard Howald, responsable de la revue des "Etudes Touloises" dont je lui suis très sincèrement reconnaissant:

"Le N° 122 des études Touloises sur les rues de Toul consacre un article sur le commandant Chodron.
Le Cdt Chaudron est né à Charmes la Côte le 22 octobre 1774. En janvier 1814 il est en disponibilité. Le 14 janvier le maréchal de Bellune confie au cdt Chaudron le commandement de la garnison. Les fortifications de la ville de Toul ne permettaient pas une défense efficace de plus la garnison ne disposait que de 300 hommes malades. le cdt Chaudron capitula quelques jours après le siège de la ville. Le cdt Chaudron est décédé à Toul le 27 juillet 1859."

La faiblesse de la garnison n'est pas contestable. Par contre, je conteste que les hommes composant le fond de la garnison aient été malades. Je pense qu'il s'agissait des éclopés du maréchal Victor. A quoi il fallait ajouter une centaine d'hommes de la Garde Nationale, probablement.

Quant aux fortifications, bien sûr que si qu'elles permettaient une défense efficace ! Elles n'étaient sans doute pas en bon état, mais dès la nouvelle de l'invasion, la municipalité aurait dû faire en sorte de les renforcer: couper les arbres gênant les champs de tir, raser les maisons construites trop près, combler les éventuelles brêches, mettre en place l'artillerie disponible, etc.

On peut et on doit regretter que le commandant Chaudron (ou un autre) n'ait pas été nommé commandant de la place plus tôt. En cinq jours, il était en effet difficile de mettre la place en état de défense et de galvaniser l'esprit de résistance.

C'est bien ce que je craignais: il n'y a eu aucun exploit, aucun fait d'armes à Toul en 1814. Et la reddition de Chaudron me paraît prématurée. Je me demande même si une seule amorce a été brûlée contre les Russes... :bah:


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Message Publié : 04 Déc 2007 16:35 
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Quelques éléments sur la défense de Toul en 1814. Les infos sont tirées de la biographie du Maréchal Victor par Jacques Le Coustumier (page 218 notamment).

C’est le 16 janvier 1814 que le commandant CHAUDRON (ou CHODRON) ancien aide de camp du Maréchal NEY, est nommé commandant de la place de Toul. « Prudent, il énumère les dégradations désastreuses dans les fortifications de la ville. On ne peut même pas fermer les portes de la place. Elles étaient si mauvaises que pour en éviter la chute, on avait été obligé depuis plusieurs années, de les clouer contre le revêtement intérieur. »
Le maréchal Victor laisse à Toul un contingent de malades ou de blessés.
Le soir, Caudron apprend du seul garde d’artillerie de la place que l’arsenal ne recèle que deux pièces de 8 en fonte et deux de 4 en bronze. Il n’y a qu’un seul affût en très mauvais état pour ces 4 tubes, de la poudre, c’est vrai, mais pas de gargousses. On a bien vu arriver 12 artilleurs de Metz, mais avec un sergent, ils vaquent sans ordre. Pour tenir la police de la ville, 25 gardes nationaux. Piètre bilan. Il va mobiliser en plus les militaires retraités valides et avec cette garnison, arrêter de la cavalerie, une division d’infanterie et de l’artillerie de siège jusqu’au 20 janvier à midi, rusant et menaçant l’ennemi. »
Victor avait quitté Toul le 17 janvier à 5h du matin. Les Prussiens était déjà à Nancy dès le 15 janvier.

Si le siège n’a pas été très long, on ne peut toutefois pas négliger que la défense de Toul, une ville en bien mauvaise posture, avec très peu de garnison, mérite un bel hommage.

Thierry

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Message Publié : 05 Déc 2007 12:50 
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choffat a écrit :
Quelques éléments sur la défense de Toul en 1814. Les infos sont tirées de la biographie du Maréchal Victor par Jacques Le Coustumier (page 218 notamment).


Merci pour ces éléments précieux.

Citer :
C’est le 16 janvier 1814 que le commandant CHAUDRON (ou CHODRON) ancien aide de camp du Maréchal NEY, est nommé commandant de la place de Toul. « Prudent, il énumère les dégradations désastreuses dans les fortifications de la ville. On ne peut même pas fermer les portes de la place. Elles étaient si mauvaises que pour en éviter la chute, on avait été obligé depuis plusieurs années, de les clouer contre le revêtement intérieur. »


En effet, il semblerait que la nomination de Chaudron soit une décision du Maréchal Ney pour remplacer le gouverneur de la place, jugé trop âgé et qui n'avait rien fait...

Pour les portes de la place, on peut en conclure qu'elles étaient d'époque, remontant probablement au règne de Louis XIV ! Cela dit, je suppose qu'il était possible de les fermer, en les déclouant et en s'y prenant convenablement. Cependant, le plus important, c'était de pouvoir lever les pont-levis. Les portes étaient d'une moindre importance.

Citer :
Le maréchal Victor laisse à Toul un contingent de malades ou de blessés.
Le soir, Caudron apprend du seul garde d’artillerie de la place que l’arsenal ne recèle que deux pièces de 8 en fonte et deux de 4 en bronze. Il n’y a qu’un seul affût en très mauvais état pour ces 4 tubes, de la poudre, c’est vrai, mais pas de gargousses. On a bien vu arriver 12 artilleurs de Metz, mais avec un sergent, ils vaquent sans ordre. Pour tenir la police de la ville, 25 gardes nationaux. Piètre bilan. Il va mobiliser en plus les militaires retraités valides et avec cette garnison, arrêter de la cavalerie, une division d’infanterie et de l’artillerie de siège jusqu’au 20 janvier à midi, rusant et menaçant l’ennemi. »


Les moyens étaient assez pitoyables, en effet. Notamment en ce qui concerne l'artillerie. Tout cela datait de la dernière alerte, en 1792, probablement. Cela étant, il y avait donc 14 artilleurs, de quoi servir 2 pièces, je suppose. Je note une différence pour l'effectif des gardes nationaux. Vaudoncourt parle d'une centaine. Ajoutons-y les 300 éclopés de Victor, on parvient bien à 400 hommes environ.

Il est probable que le commandant Chaudron ait eu à repousser des cosaques ou un parti de cavalerie. C'était bien le moins. Par contre, l'infanterie russe et l'artillerie de siège ne sont arrivées que le 20, date à laquelle il a ouvert les portes.

Citer :
Si le siège n’a pas été très long, on ne peut toutefois pas négliger que la défense de Toul, une ville en bien mauvaise posture, avec très peu de garnison, mérite un bel hommage.


Trois jours, au plus... Et encore, à partir de quand l'investissement a-t-il été complet ? Au vu de ces nouveaux renseignements, si les conditions de la défense sont effectivement très mauvaises, il n'apparaît pas que Chaudron ait repoussé une 1ère sommation sérieuse, ni même que l'ennemi ait ouvert le feu sur la place.

En conclusion, ni le commandant Chaudron, ni la garnison ne me semble mériter un quelconque hommage. :12:


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Message Publié : 10 Sep 2021 9:59 
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Un opuscule sur la défense de Toul en 1815 permet de compléter le tableau :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage

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"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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Message Publié : 13 Sep 2021 10:53 
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Le fait est qu'un peu plus de préparation aurait pu porter le niveau de défense de 1814 à celui de 1815... Mais l'invasion a été si soudaine et si rapide que les places de seconde ligne ont été négligées. Donc, le commandant Chodron n'a pas eu le temps de faire grand chose. Cela dit, on ne peut qualifier sa défense d'héroïque, surtout si aucun coup de feu n'a été tiré. Et dans ce dernier cas (aucun tir contre l'ennemi), on ne peut même pas parler de défense honorable...


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