Mais l'histoire est-elle une science? (Bastet) ...
Cher Bastet, vous ouvrez là un large débat auquel il est fort intéressant de participer.
Conformément à une définition communément admise, la science est l'ensemble de connaissances d'étude d'une valeur
universelle, fondées sur des relations objectives et vérifiables par des méthodes expérimentales, lesquelles obéissent à trois éléments qui sont, dans l'ordre, l'observation, l'expérimentation et les lois.
L'observation des faits, dans ce contexte, se doit d'être la plus objective et la plus précise possible, sans jamais se laisser influencer par les émotions, ou toute explication possible qui risqueraient de la biaiser.
Enfin, ces observations nécessitent le plus souvent des instruments de mesure, en vue d'obtenir une meilleure précision des données ainsi mesurées.
Alors, que devient notre Histoire dans cette structure scientifique ? Peut-elle s'y trouver d'abord, et dans l'affirmative, sa compréhension pourrait-elle s'en trouvée améliorée ?
Ma réponse est NON. Pour différentes raisons, dont l'essentielle se situe, à mon sens, dans le fait que l'Histoire ne peut être universelle, car trop sujette à diverses interprétations.
Par ailleurs, considérer l'Histoire comme une science est d'autant plus contestable que l'écart temporel entre l'Histoire passée et l'Histoire racontée par l' historien ne peut être vérifiée comme l'aurait fait un scientifique dans son laboratoire ; je parle ici bien évidemment du déroulement de l'Histoire dans sa globalité, et du pourquoi des issues variées de chacun des évènements qui la ponctue.
Or, les expériences menées en laboratoire par les scientifiques permettent de vérifier et d'approuver des vérités universelles et nécessaires : nous rejoignons là la définition que je développe au début de mon intervention.
Et par rapport à cet écart intemporel, nous devons nous détacher d'une conception scientifique de l'Histoire.
Quand, en plus de cela, vous entendez certains historiens prétendre détenir la vérité, prétextant un "travail approfondi" alors qu'il est évoqué le récit d'une bataille, quand on compare votre faculté de produire une réflexion sur un sujet à un ordinateur dont il faut nettoyer les données jugées par eux comme complètement erronées, alors, j'avoue que cela me fait doucement sourire ....
L'Historien digne de ce nom n'a pas d'autre alternative que de faire preuve d'objectivité, laissant libre la réflexion de chacun ; il doit, pour être crédible, se montrer impartial et neutre, car nousne sommes jamais sûrs d'atteindre la vérité, que ce soit en Histoire ou toute autre discipline.
Et si un historien prétend que son interprétation se trouve être juste, s'il soutient que son interprétation est la plus vraie, il ne pourra jamais affirmer que celle-ci est l'atteinte même de la vérité, à moins qu'il ne se plonge dans une attitude dogmatique, qui le réduirait à ne considérer que sa propre interprétation, et à ne pas douter des thèses qu'il avance !...
Il y aurait encore beaucoup à développer, mais je vais m'arrêter là pour le moment ; il sera toujours temps de poursuivre si vous vous sentez, les uns et les autres, motivés par le sujet.
