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Ces "boulets rouges", qui avaient probablement été conçus au XVIè siècle par la Pologne, constituaient un tir qui trouva, en France, la préférence de l'artillerie de côte, grâce aux progrès acquis au fur et à mesure dans les techniques , permettant un tir de plus en plus précis.
Mais, plus tard, le chargement de ces "boulets rougis" s'effectuèrent avec quelques précautions qui consistaient, non pas à "envelopper" ces derniers dans un mélange quelconque, mais il était placé, directement sur la poudre, un bourrage isolant, afin d'éviter une mise à feu prématurée.
Ce bourrage était constitué par un bouchon de bois, de terre ou de gazon, ou encore parfois plus simplement d'un épais tampon de foin humide, que l'on refoulait sur un bourrage de foin sec pour protéger la poudre de l'humidité.
C'est alors que pour éviter que la poudre ne se répande dans l'âme de la pièce ,ce qui aurait pu produire une inflammation dangereuse, on chargeait avec une gargousse (et non à la lanterne).
Un soin particulier était apporté aux joints de ces gargousses, qui devaient être irréprochables.
Après le chargement, et si les circonstances du combat le permettait, il était procédé à un nouvel écouvillonnage humide.
La charge était souvent réduite afin d'éviter une trop grande pénétration du projectile, et l'usage du refouloir qui poussait le boulet au fond de l'âme a longtemps été proscrit ; on procédait par roulement du boulet dans le canon ; et c'est par sécurité que l'on choisissait là aussi des boulets d'un calibre bien inférieur à la limite inférieure tolérée.
De cette façon, on tenait compte de l'incontournable dilatation sous l'effet de la chaleur.
Il suffisait de laisser un vent suffisant.
Durant le XVIIIème siècle, les projectiles trop lourds étaient également écartés, pour privilégier des pièces d'un calibre moyen.
Mais sur un plan balistique, les résultats s'avéraient désastreux, et les tirs se faisaient par trop irréguliers contre un objectif marin, par définition rarement mobile ; par ailleurs le temps de chauffe était assez important...
Toutefois, ce tir s'avérait efficace dans le cadre du bombardement d'une place assiégée.
Comme je le soulignais dans un autre message, d'autres méthodes de tir avaient été essayées, comme celle du chargement du boulet rouge sans la bourre de foin humide.
C'est, comme je l'indiquais, le procédé de "l'auto-inflammation" de la poudre, procédé possible uniquement pour le tir sous de fortes incidences.
D'autres expériences, menées vers 1785, démontrèrent qu'un simple bourrage d'argile humide , d'une dizaine de centimètres d'épaisseur, était parfaitement suffisant.
On préparait à l'avance ces bourrages de terre, dans des sachets cylindriques de toile souple remplis d'argile tamisée et surtout, bien mouillée.
La plasticité de ces bourres offraient un avantage non négligeable, c'est qu'elles assuraient une étanchéité et un isolement parfaits.
Sur le boulet, et afin de le maintenir en place, une bourre analogue était ensuite refoulée dessus.
La précision et la puissance de tir s'en trouvaient alors grandement améliorées, et ce, en principe, en toute sécurité.
Ce type de tir trouva de grandes faveurs en France, jusque dans les guerres de la Révolution et de l'Empire.
C'était, en quelque sorte, l'anticipation du tir au mortier ; il se faisait sous forme de tir à forte incidence, supérieure à 45°.
Mais l'artilleur, sur le terrain, restait bien conscient des risques inhérents au système, et se montrait fort peu enthousiaste devant la mise en action du procédé de tir.
Bien souvent, en effet, il se contentait de tirer des "boulets tièdes" ! ...