Frédéric Staps pose la question de l'authenticité des masques mortuaires Antommarchi et Rusi, à travers les analyses qu'en a faites le Pr Lucotte :
Au-delà du contexte particulier dans lequel la question est posée (nous échangeons via deux forums différents, certains intervenants ont des positions très tranchées sur la question, les travaux de Lucotte sont contestés dans la communauté historico-scientifique...) je crois pouvoir dire modestement, afin de tenter de synthétiser les choses, que :
- sur le plan personnel, je n'ai aucune opinion définitive sur la question, tant il s'agit effectivement d'un sujet passablement embrouillé, donnant lieu à de nombreuses polémiques, ayant suscité de nombreuses études (Veauce, Jousset, Pardee, Beaucour....)
- le masque mortuaire de Napoléon se décline en nombreux exemplaires dont chacun revendique plus ou moins l'authenticité (Antommarchi, Rusi, Arnott, Burghersh, Noverraz...) ce qui a donné lieu à une vaste littérature historique, de nombreux débats... il est d'ailleurs frappant dans cette histoire que seul le masque de Napoléon a suscité de telles questions sur son authenticité (à ma connaissance du moins, personne ne remet en cause l'authenticité du masque mortuaire de Beethoven, de Robespierre, d'Abraham Lincoln...)
- s'agissant du Rusi Mask, il me semble que Lucotte n'est pas arrivé à la conclusion définitive qu'il s'agissait d'un, ou du seul masque authentique de Napoléon : bien que le généticien ait publié un communiqué sur le Rusi mentionnant que selon lui il s'agissait du masque mortuaire de l'Empereur, une étude complète et définitive n'a pas encore été publiée, notamment en raison de la question portant sur la possible présence de l'ADN de Napoléon dans le (ou les) bulbes de sourcils présents sur le Rusi
- s'agissant du masque Antommarchi, Lucotte n'est semble t-il pas parvenu à une conclusion définitive sur son authenticité, et cela pour la raison bien simple que ce n'était pas la question posée : son étude a portée sur l'exemplaire de la Malmaison, et plus particulièrement sur sa composition chimique, le titre de l'étude étant "étude minéralogique et chimique du masque mortuaire Antommarchi de Napoléon 1er" : Lucotte conclue que la partie faciale de ce masque a été réalisée avec du gypse provenant de Sainte-Hélène, et que les parties périphériques sont composées de plâtre de Paris (encore que ses conclusions ne soient pas très explicites sur ce second point) Mais Lucotte se garde bien de conclure qu'il s'agirait d'un masque authentique de Napoléon : il s'agit selon lui d'un masque composite, mixte, dont y compris la partie faciale aurait été remodelée (bouche, haut du front)