Suites de l'affaire du masque mortuaire de l'Empereur Napoléon
A la suite de notre enquête dénonçant l'authenticité du masque mortuaire officiel de l'Empereur Napoléon, et dont les résultats ont été publiés sur Napoleon1er.com en juin 2001, vous avez été nombreux à écrire à la Direction des musées de France et au directeur du musée de l'Armée. L'un d'entre vous, tout en souhaitant préserver son anonymat, vient de m'adresser la réponse qui lui a été faite par le Lieutenant-colonel Chaduc, conservateur à l'Hôtel national des Invalides.
Cette lettre reflétant la position officielle du Musée de l'Armée dans cette affaire, je me fais donc un devoir de la publier ci-dessous dans son intégralité. La photocopie de ce document est également visible ICI
Musée de l'Armée Art et Histoire Département 1789-1871
N174/MA/GJC/LW
Paris, le 04 avril 2002
Monsieur,
En réponse à votre lettre se rapportant au masque mortuaire de Napoléon, voici quelques éléments de réponse. L'histoire des masques mortuaires de Napoléon 1er est une affaire complexe, qui a fait couler beaucoup d'encre.
Depuis la mort de Napoléon le 5 mai 1821, il a existé de très nombreux masques mortuaires dont les plus authentiques sont les masques dits "héléniens" (c'est-à-dire moulés à Sainte-Hélène). Viennent ensuite certains véritables moulages exécutés plus tard en Europe, qui sont très rares, enfin une quantité de masques apocryphes de toute nature.
L'exécution du masque, ou plus exactement la prise de l'empreinte, est effectuée le 7 mai par le docteur Burton (chirurgien du 66e régiment britannique) assisté du docteur Antommarchi (médecin de Napoléon) avec un plâtre de mauvaise qualité provenant de l'île. L'empreinte est prise en trois parties : une partie centrale dite faciale allant du milieu du front à la partie inférieure de la bouche, une deuxième partie englobant le menton, le cou et les faces latérales de la tête, et enfin une troisième partie comprenant le haut du front et la partie crânienne supérieure et antérieure.
Le 8 mai, lorsque Burton veut entreprendre un premier moulage de l'empreinte, la partie centrale a disparu. En fait, elle avait été volée par madame Bertrand (femme du général Bertrand, compagnon d'exil de Napoléon) en vue de la remettre à Antommarchi. Finalement, Burton quitte l'île rapidement avec les deux parties restantes. Antommarchi, resté à Sainte-Hélène, entreprend alors de reconstituer Ie premier moulage du masque mortuaire de Napoléon avec la seule partie faciale. Pour reconstituer les parties manquantes, Antommarchi utilise les services d'un certain Rubidge, jeune artiste anglais de passage, qui avait réalisé des croquis de Napoléon sur son lit de mort. Voilà donc l'origine probable du masque du type Antommarchi à partir duquel d'autres moulages sont effectués à Sainte-Hélène même, avant le retour d'Antommarchi en Europe. Quatre masques "héléniens" sont connus :
* le masque dit "Burghersh" (voir photocopie n° 1) qui est I'exemplaire exposé au musée de l'Armée. Ce masque apparut lors de la succession de madame Rose Weigall, fille de lord Burghersh. Sous le socle du masque se trouvait un manuscrit en anglais: "Ce moulage de la tête de Napoléon fut pris à Sainte-Hélène, après son décès par le docteur Antommarchi, le médecin italien qui lui était attaché, et expédié par ses soins (par le canal des autorités anglaises) à Iord Burghersh alors ministre britannique à florence pour l'usage du sculpteur Canova. Celui-ci le lui restitua ensuite et Antommarchi l'offrit à Iord Burghesch ".
Par la suite. ce masque fut acheté par le baron de Veauce. Il présente sur sa surface de nombreux raccords, extérieurs à la partie faciale. Il est donc permis de penser que le bloc de la partie centrale correspond à l'empreinte prise le 7 mai c'est-à-dire au bloc remis par madame Bertrand. Ce bloc englobe l'oreille gauche et le haut du menton. Le masque Burghersh apparaît comme un composite de moulage et de modelage, mais ce travail a-t-il été effectué à Ste-Hélène ou à Londres ? Le baron de Veauce penche pour la version hélènienne, car deux autres épreuves du même modèle existent mais sans raccord et sans fêlure, faites avec un plâtre de meilleur qualité.
*Le masque d'Exeter appartenant à la municipalité d'Exeter. Il aurait été rapporté de Sainte Hélène par le docteur Arnott à qui Antommarchi l'avait donné.
*Le masque Sankey en dépôt à la Maison française de l'Université d'Oxford. Il appartient à monsieur Sankey descendant du révérend Richard Boys, aumônier à Sainte Hélène.
*Le masque Boys, dont l'origine est identique au précédent.
Il existe également des surmoulages du masque Burghersh effectués par Antommarchi à son retour en Europe. C'est le cas du masque "Bertrand" (voir photocopie n°2) appartenant au prince Napoléon, probablement réalisé en 1821 et du masque exposé au musée de la Malmaison, qui lui daterait plutôt de 1822. Pour terminer sur les masques de provenance hélénienne, il faut mentionner les masques Gilley (voir photocopie n°3) qui seraient des essais d'Antommarchi antérieurs au type classique. Ces masques du type "Antommarchi" furent rapidement contestés entre autres à cause de leur manque de ressemblance avec l'effigie de l'empereur à la fin de sa vie. Dès lors, d'autres masques apparurent, parmi Ies principaux faux masques, il y a lieu de retenir les types suivants :
*Le masque du type Amott : On connaît trois exemplaires du type Arnott, il aurait été fait à partir d'une empreinte en cire prise clandestinement (à l'insu des membres de la suite de Napoléon) par le docteur Amott dans la nuit du 5 au 6 mai. Il ne ressemble en rien au type Antommarchi.
*Le masque du comte Pasolini : il proviendrait d'un surmoulage réalisé clandestinement à Sainte-Hélène par des fidèles serviteurs de l'empereur.
*Le masque du Royal United Service Museum de Londres (photocopie n°4) provient d'un imposteur qui se faisait appeler "prince" Louis Charles de Bourbon. Ce masque est de provenance totalement inconnue, il présente un personnage joufflu et édenté ressemblant en rien à Napoléon en 1821.
*Le masque du musée de Baden (photocopie n°5) prétendument offert par Antommarchi à l'ex. impératrice Marie-Louise, remariée au comte de Niepperg (sic) aurait servi de jouet à leurs enfants. Il est ensuite intercepté par le docteur Rollett puis déposé par son fils au musée de Baden. Ce plâtre n'évoque en rien un mort et semble plutôt avoir été moulé sur un sujet en pleine santé d'une quarantaine d'années.
A l'étude des différents masques, le masque de type Antommarchi apparaît bien comme le plus authentique même s'il présente quelques anomalies. On lui reproche son manque de ressemblance, mais il ne faut pas oublier que tous les témoignages des assistants s'accordent à dire que l'empereur était comme rajeuni dans la mort. D'ailleurs, dans un premier temps Antommarchi se refusa à prendre l'empreinte de Napoléon le jugeant trop peu ressemblant. [ Antommarchi n'a jamais avancé un argument aussi ridicule ! ] Ce n'est qu'une fois que Burton se décida qu'il l'assista de peur d'être écarté du projet. D'autre part, il ne faut pas oublier que le masque réalisé par Antommarchi n'est le résultat d'un moulage que pour la partie centrale, le reste est issu d'un modelage.
En définitive, l'histoire du masque mortuaire de Napoléon et des diverses répliques réalisées est tellement complexe et controversée, qu'actuellement il est impossible de réunir des preuves indiscutables d'authenticité, sauf à établir avec certitude l'histoire de la pièce en question. L'exemplaire exposé au musée de l'Armée a une histoire sans éclipse à partir du moule effectué par le médecin corse.
Restant à votre entière disposition pour tout renseignement, je vous prie de croire, Monsieur, à l'expression des mes sentiments distingués.
Lieutenant-colonel Chaduc Conservateur
Enfin, les langues se délient ! Tout du moins celle du lieutenant-colonel Chaduc, conservateur au Musée de l'Armée. De son aveu : actuellement il est impossible de réunir des preuves indiscutables d'authenticité, sauf à établir avec certitude l'histoire de la pièce en question. Voila qui a le mérite d'être clair ! Je note toutefois dans sa réponse, que pour justifier l'exposition du masque mortuaire Antommarchi-Burgersh aux Invalides, le lieutenant-colonel Chaduc s'appuie essentiellement sur les affirmations du baron de Veauce qui en fit l'acquisition le 15 mars 1951 et qui, jusqu'à sa revente à la Fondation Napoléon en 1989, n'a eu de cesse à grands renforts d'écrits et d'hypothèses totalement gratuites, de valoriser son achat visant à faire de ce masque la résultante de la seule et unique empreinte véritable réalisée par le Docteur François Antommarchi au sur-lendemain de la mort de l'Empereur Napoléon à Sainte-Hélène, soit le 7 mai 1821. Ceci dans le seul but de dénier toute authenticité aux nombreux autres masques mortuaires existants ou en les réléguant tout simplement au rang de copies. Ce masque fut acheté lors d'une vente aux enchères qui eut lieu chez Sir Archibald Weigall, à Ascot, et aurait appartenu jadis, à Lord Burghersh, ministre à Florence.
Le baron de Veauce, reconnaissant que ce masque "Burghersh" est totalement inconnu des historiens, va s'efforcer aussitôt de lui fabriquer une légitimité. L'aspect le plus positif de sa démarche demeure en un inventaire rigoureux des masques mortuaires napoléoniens encombrant la planète. Il lui fallait avant tout rassembler pour mieux écarter. En août 1953, il propose au Musée de l'Armée de lui confier son masque dans le cadre de la prochaine exposition : "Napoléon à Sainte-Hélène." Le conservateur de l'époque, peu regardant, est convaincu par l'historique du masque qui lui est présenté par le baron de Veauce. Il l'est d'autant plus que seul le musée du château de Malmaison présente un masque mortuaire de Napoléon au public. Le tombeau de l'Empereur se trouvant à l'Hôtel des Invalides, quoi de plus logique que l'on y tînt exposé SON masque mortuaire. La première étape est franchie avec succès. Il y eut toutefois quelques protestations. Dans le Figaro du 6 novembre 1953, on pouvait lire : "Le seul masque mortuaire original de Napoléon se trouve à Malmaison". Dès lors, le baron de Veauce allait tout mettre en oeuvre pour défendre sa relique.
En 1957, il publie sa première étude des masques napoléoniens sous le titre : L'affaire du masque de Napoléon (à compte d'auteur chez Bosc, imprimeur à Lyon). Toujours chez le même imprimeur lyonnais, il publie l'année suivante : Napoléon post mortem, afin de répondre aux doutes soulevés par sa première publication. Mais depuis 1953, le masque est resté exposé aux Invalides, s'arrogeant de fait, la légitimité tant espérée par son propriétaire. En 1971, l'opportunité du 150ème anniversaire de la mort de Napoléon sera l'occasion pour le baron de publier un nouvel ouvrage intitulé : Les masques mortuaires de Napoléon, (Paris 1971, La Pensée universelle). Voici ce qu'il ose écrire en toute innocence à la page 73 :
Dans la vitrine du Musée de l'Armée des Invalides où le masque Burghersh est exposé, on peut lire une notice qui commence par ce préambule :
Masque mortuaire de Napoléon 1er Ce masque, ou "buste", a été réalisé à Sainte-Hélène par Francesco Antommarchi, chirurgien de l'Empereur, en partant du moulage exécuté par lui-même et par le médecin militaire Francis Burton, de l'Armée britannique, le 7 mai 1821...
C'est lui-même qui l'a présenté comme tel en 1953, et près de 20 années plus tard, il s'appuie sur ses arguments antérieurs pour présenter à ses lecteurs cette notice comme étant le meilleur certificat d'authenticité. Notre baron ne recule devant aucune habileté pour convaincre. Plus loin, il enfonce le clou : La notice ci-dessus nous apprend encore que ce masque, ou "buste", "a été réalisé à Sainte-Hélène".
En 1988, le baron fit savoir au général Boisseau, alors directeur du Musée de l'Armée, qu'il souhaitait mettre à la vente la «précieuse» relique. Son budget ne lui permettant pas de financer cette acquisition, le Musée de l'Armée allait-il perdre l'une des pièces les plus «émouvantes» confiées à sa garde ? Le général Boisseau se tourna alors vers la toute jeune Fondation Napoléon (créée en novembre 1987) afin qu'une solution soit trouvée.
Le 28 septembre 1989, une réunion fut organisée au musée de l'Armée, et devant une cinquantaine de personnalités, le baron Gourgaud, président de la Fondation Napoléon, prit la parole pour annoncer que la Fondation s'était portée acquéreur du masque mortuaire et en faisait don au musée de l'Armée. La somme de deux millions et demi de francs aurait été évoquée. Rappelant que pour mener à bien cette opéation, il ne fallut pas moins de quinze mois, le baron Gourgaud ajouta : «Je dois dire que, là aussi, tout se passa pour le mieux car le seul écueil que nous aurions pu rencontrer aurait pu être un doute sur l'authenticité de ce masque, or il n'y en a aucun, il est authentique.» Revue du Souvenir Napoléonien N n° 368-1989
Quelle assurance !
Lors de cette réunion, le général Boisseau remercia la Fondation Napoléon pour son geste généreux et rappela le parcours de ce masque à travers les siècles : «Exécuté à partir de l'empreinte obtenue le 7 mai quelques heures avant la mise en bière, en collaboration avec l'Anglais Burton, il fut apporté par Antommarchi de Sainte-Hélène à Portsmouth le 3 août 1821, ensuite expédié à Londres, puis à Florence où, après avoir servi de modèle au sculpteur Canova il fut offert par Antommarchi au ministre anglais Lord Burgersh qui l'avait reçu en dépôt. Il est resté la propriété de la famille Burgersh jusqu'à ce qu'il soit mis en vente en 1951 et acquis par le baron de Veauce.»
Le général Boisseau, comme ses prédécesseurs, n'a fait que reprendre le ROMAN du baron de Veauce, que dis-je roman, dépliant publicitaire serait plus adapté ! Car enfin, rien dans les affirmations du baron de Veauce n'est basé sur des documents du temps. Il prétend que le masque fut expédié de Londres à Lord Burgersh pour être remis au sculpteur Canova. AUCUNE PREUVE ! Canova en aurait tiré un buste. AUCUNE PREUVE. Il prétend que Canova aurait rendu ce masque à Antommarchi. AUCUNE PREUVE ! Il prétend qu'Antommarchi l'aurait donné à Lord Burgersh. AUCUNE PREUVE !
La seule chose qui soit sûre, c'est que la famille Burgersh (et elle n'était pas la seule) possédait un masque mortuaire de type Antommarchi. Le fait que l'une des descendantes ait rédigé de façon manuscrite une notice en 1907 expliquant que le masque provenait de Sainte-Hélène pour être remis au sculpteur Canova, n'est pas davantage un gage d'authenticité. A son retour de Sainte-Hélène en 1821, peut-on raisonnablement penser que le Dr Antommarchi soit resté les bras croisés en attendant 1833, année de la 1ère souscription ouverte au public. Ce public pouvant désormais acquérir une copie du masque mortuaire sensé à tort restituer les traits de l'Empereur Napoléon décédé ? La réponse est non ! Antommarchi, dernier médecin de Napoléon à Sainte-Hélène, en sus de ses travaux sur ses Planches Anatomiques qui ne seront éditées qu'entre 1823 et 1826, procèdera à la duplication artisanale du masque dont il ne possède que la partie faciale, les deux autres parties ayant été gardées par le Dr Burton qui fut l'artisan en chef de la prise d'empreinte de la tête de Napoléon le 7 mai 1821. Antommarchi embellira la partie faciale et comblera les parties manquantes de telle sorte que son masque n'aura plus aucun lien de parenté avec le véritable visage du défunt. Il se taira sur cette manipulation de faussaire. Avait-il l'assentiment de la mère de l'Empereur pour agir ainsi ? C'est possible. Ce qui est certain, c'est qu'il s'empressa de multiplier les copies et les proposa à tous ceux disposés à l'acheter. Même aux anglais ! En homme avisé et courant après l'argent, il n'est pas possible de songer un seul instant qu'il ait pu donner à Lord Burgersh, le premier tirage de l'empreinte mortuaire comme le prétend le baron de Veauce. Du reste, le journal parisien «Pandore» dans son édition du 6 novembre 1825 rapporte : «M. Lawrence, peintre du roi d'Angleterre, chargé, en ce moment, de faire le portrait de S.M Charles X, s'est porté ces jours derniers, en compagnie de plusieurs personnes distinguées et de l'un de nos plus célèbres anatomistes, M. Cuvier, chez M. le Docteur Antonmarchi. Cette visite a eu pour objet principal de voir le masque précieux moulé à Sainte-Hélène, par le docteur lui-même.» Il est évident que le docteur Antommarchi avait gardé pour lui le premier tirage. Celui à partir duquel, ne pouvant plus répondre à la demande, il lancera en 1833 sa souscription nationale, aidé de moyens modernes pour la duplication en série de son masque. Fortune faite, il cédera sa license aux Etablissements Richard et Quesnel et partira l'année suivante s'installer à la Nouvelle Orléans. En 1837, on le retrouvera à Mexico. En janvier 1838, il posera ses bagages une dernière fois à Santiago de Cuba où il décèdera le 3 avril de la même année, des suites de la fièvre jaune.
Aujourd'hui, suite à notre enquête, il est heureux de constater que cette authenticité vole en éclats à la suite du jugement porté par le lieutenant-colonel Chaduc, conservateur au Musée de l'Armée qui reconnaît officiellement, «qu'actuellement il est impossible de réunir des preuves indiscutables d'authenticité, sauf à établir avec certitude l'histoire de la pièce en question.» Voila un avis qui risque bien de ne pas être apprécié du côté de la Fondation Napoléon qui ne reconnaîtra sans doute jamais avoir été la victime d'un marché de dupe ! Je ne serais d'ailleurs pas étonné que sous la pression, le courageux Lieutenant-colonel revienne sur ses propos.
Pourtant, notre homme pour conclure sa lettre se croit néanmoins autorisé à écrire : «L'exemplaire exposé au musée de l'Armée a une histoire sans éclipse à partir du moule effectué par le médecin corse.» Nous venons de voir qu'il n'en est RIEN puisque ce masque n'est apparu qu'en 1951, et grâce à son habileté et à ses contacts, le baron de Veauce a obtenu pour cet objet la légitimité après laquelle il a couru tant d'années.
On peut voir sur ce site l'avis étonnant de Madame Mariani-Ducray, directrice des musées de France, qui pense que combien même ce masque serait faux, il n'en demeure pas moins un objet historique important ! Et qu'au contraire, si un débat existe sur son authenticité, c'est au public de se forger une opinion ! Je suis au regret de vous le dire, Madame, si cet objet est un faux comme nous le soutenons, il ne peut être qualifié d'objet historique important. Il ne doit son importance qu'à l'exorbitant prix payé maladroitement pour son acquisition.
Jean Tulard, membre de l'Institut, professeur à la Sorbonne, qui passe pour être l'un des grands spécialistes de l'épopée napoléonienne, dans une préface accordée au livre du Dr. François Paoli (Le Dr. Antonmarchi ou le secret du masque - Publisud, 1996) n'hésite pas à écrire : «De plus l'archétype a connu plusieurs épreuves et n'a peut-être pas été unique si l'on en croit le masque Gilley. Les derniers travaux dus à Eugène de Veauce n'ont pas contribué à clarifier le problème.»
Qui aura enfin le courage de l'ôter de la vue du public ? Qui aura enfin le courage de diligenter l'enquête officielle que nous réclamons depuis l'an passé sur la base des éléments rassemblés par nos soins et qui peuvent être consultés sur ce site ? Nous attendons !
A. Martin (Mai 2002)
Venez débattre de ce sujet sur notre Forum
A la suite de la réponse du lieutenant-colonel Chaduc, nous publions celle de M. Bruno Roy-Henry, historien, qui a décidé d'interpeller le conservateur au Musée de l'Armée, histoire de secouer ...l'Histoire du masque Antommarchi !
Bruno Roy-Henry le 5 mai 2002 Historien
17 000 - La Rochelle
Lieutenant-Colonel Chaduc Conservateur du département 1789-1871 Musée de l'Armée
LETTRE OUVERTE AU Lieutenant-Colonel CHADUC
Mon Colonel,
Par l'intermédiaire d'Albert Martin, webmestre du site napoleon1er.com, j'ai pris connaissance de votre position sur l'histoire des masques mortuaires de l'Empereur Napoléon 1er. Vous écrivez :
" Depuis la mort de Napoléon 1er le 5 mai 1821, il a existé de très nombreux masques mortuaires dont les plus authentiques sont les masques dits " héléniens ". Viennent ensuite certains véritables moulages exécutés plus tard en Europe, qui sont très rares, enfin une quantité de masques apocryphes de toute nature. "
Rien n'est moins certain ! Les masques héléniens (entendre de type Antommarchi) ne sont pas nécessairement les plus authentiques et il est loin d'être prouvé qu'ils ont été moulés à Sainte-Hélène.
" L'exécution du masque, ou plus exactement la prise de l'empreinte, est effectuée le 7 mai par le docteur Burton (…) assisté du dr Antommarchi (…) avec un plâtre de mauvaise qualité provenant de l'île. L'empreinte est prise en trois parties : une partie centrale dite faciale allant du milieu du front à la partie inférieure de la bouche, une deuxième partie englobant le menton, le cou et les faces latérales de la tête, et enfin une troisième partie comprenant le haut du front et la partie crânienne supérieure et antérieure. "
Cette assertion est loin d'être démontrée : c'est la thèse du baron de Veauce, complaisamment reprise par vos prédécesseurs. Aucun élément ne permet d'affirmer que le masque mortuaire de l'Empereur comportait trois parties : bien au contraire ! Il résulte du témoignage du Docteur Graves, cousin de Burton (il eût en mains les papiers du chirurgien anglais et les publia dans le " London Medical and Surgical Journal " du 18 juillet 1835, source : de Veauce, l'affaire du masque mortuaire de Napoléon, p.64) que l'empreinte du visage, effectuée le 7 mai à 4 heures du soir, avait les limites suivantes : " (…) Uniquement le masque, c'est-à-dire cette partie du moulage qui correspond à la seule figure, à l'exclusion des oreilles et de la partie supérieure du front et sans dépasser vers le bas le retour du menton (…) ".
Il en résulte qu'il existait une autre partie comprenant les parties antérieures et postérieures du crâne, celle précisément pour laquelle Antommarchi prêta son concours. C'est l'évidence ; d'ailleurs procéder au moulage de la tête d'un défunt en deux parties est conforme à la technique employée encore de nos jours. En conséquence, soutenir que le masque de Napoléon comportait trois parties, c'est non seulement méconnaître les témoignages historiques, mais c'est encore ignorer les enseignements de cette technique particulière que constitue le moulage du visage des défunts !
" Le 8 mai, lorsque Burton veut entreprendre un premier moulage de l'empreinte, la partie centrale a disparu. En fait, elle avait été volée par madame Bertrand (…) en vue de la remettre à Antommarchi. Finalement, Burton quitte l'île rapidement avec les deux parties restantes (note : non, cf. supra). Antommarchi, resté à Sainte-Hélène, entreprend alors de reconstituer le premier moulage du masque mortuaire de Napoléon avec la seule partie faciale. Pour reconstituer les parties manquantes, Antommarchi utilise les services d'un certain Rubidge, jeune artiste anglais de passage, qui avait réalisé des croquis de Napoléon sur son lit de mort. Voilà donc l'origine probable du masque du type Antommarchi à partir duquel d'autres moulages sont effectués à Sainte-Hélène même, avant le retour d'Antommarchi en Europe. "
Tout ceci est purement conjectural ! Rien ne permet d'affirmer qu'Antommarchi a réalisé ses essais à Sainte-Hélène… Ce qui est sûr et prouvé, c'est qu'il possède l'empreinte faciale de Napoléon, ou plus exactement le masque facial, cette épreuve tirée par Burton et qui lui a été dérobée par la comtesse Bertrand. A ce sujet, le témoignage de Saint-Denis (dit Ali) est capital :
" Je ne sais pas pourquoi Antommarchi n'a pas publié la partie antérieure de la tête ; il en avait cependant tiré le moule. Ce que je sais, c'est que le docteur, après avoir tiré le moule de la face, a détruit celui-ci pour qu'il ne fût plus possible d'en avoir d'autres épreuves. Cette destruction qui, à bien dire, fut un acte de vandalisme, est d'autant plus regrettable qu'après ce moule [l'empreinte] il était resté des cils des paupières et des poils des sourcils. Antommarchi a probablement eu ses raisons pour en user ainsi, mais quelles qu'elles eussent été, elles étaient mauvaises, puisqu'elles privent la postérité d'un objet d'un prix inestimable. "
Saint-Denis est un témoin oculaire des évènements. Certes, il ne dit pas tout ou ne connaît pas l'entière vérité… De plus, il doit rester solidaire de ses compagnons d'exil ; il ne peut donc condamner les agissements d'Antommarchi. Mais sa réprobation éclate à chaque ligne : " cette destruction fut un acte de vandalisme (…). Elles privent [note : les mauvaises raisons] la postérité d'un objet d'un prix inestimable. "
En réalité, on comprend très bien qu'Antommarchi, sur l'ordre de Madame Bertrand, s'est emparé du masque facial de l'Empereur pour empêcher son exploitation par Burton. Est-ce seulement pour de basses raisons financières ? Non, car il s'agissait d'empêcher la diffusion d'une image funèbre de l'Empereur jugée trop laide. Revenons à Ali :
" Il est bien regrettable que l'on n'ait pas songé plus tôt à prendre le masque, car, le 7 mai, les chairs étaient déjà devenues trop molles pour obtenir une empreinte régulière des traits ".
Reprenons le témoignage de Marchand, six heures après le décès de l'Empereur : " le docteur [Antommarchi] replaça la mentonnière que nous avions retirée pour la toilette funèbre ; dans cet état L'Empereur avait sa figure de Consul. La bouche légèrement contractée donnait à sa figure un air de satisfaction ; il ne paraissait pas avoir plus de trente ans (…). Le calme de cette figure laissait plutôt croire au sommeil qu'à la mort. Si dans ce moment on eût pris le plâtre, il eût été beaucoup mieux que celui pris deux jours après… "
Cela ne suffit pas ? Voici ce qu'en dit Bertrand (cf. cahiers de Sainte-Hélène, janvier-mai 1821, p.196, à la date du 6 mai) : " A huit heures, on devait faire le plâtre de la figure de l'Empereur, mais on n'avait pas ce qu'il fallait. La figure de l'Empereur paraissait encore plus jeune qu'il n'était : il avait l'air d'avoir environ quarante ans [nota : plus le temps passe et plus les traits du visage se décomposent] . A quatre heures du soir [nota : toujours le 6 mai, mais huit heures plus tard], il avait l'air plus âgé qu'il n'était réellement. "
Et maintenant, l'aveu final de Bertrand : " A quatre heures [16 heures, le 7 mai, soit 24 heures plus tard], on a fait le plâtre de la figure de l'Empereur, qui était TOUT DEFIGURE et exhalait une très mauvaise odeur (ibid : p.199) ".
Dans ces conditions, comment croire que le masque Antommarchi -même pour sa partie faciale- soit conforme à la Vérité ? C'est évidemment un montage, voire un modelage, une fraude et une imposture ! La physionomie de ce masque reflète les traits d'un homme qui ne fait pas plus de quarante ans. Possible le 6 mai, cette fixation des traits de l'Empereur le 7 mai était donc devenue impossible : au mieux, l'on obtiendra l'image d'un homme d'une soixantaine d'années. Il suffit d'écouter et de croire les témoins oculaires ; point n'est besoin de sortir de Saint-Cyr pour se rendre à l'évidence !
" Quatre masques " héléniens " sont connus :
° le masque dit " Burguersh " qui est l'exemplaire exposé au musée de l'Armée. Ce masque apparut lors de la succession de madame Rose Weigall, fille de Lord Burguesh. Sous le socle du masque se trouvait un manuscrit en anglais : " Ce moulage de la tête de Napoléon [nota : nous venons de démontrer que c'est totalement faux] fut pris à Sainte-Hélène, après son décès par le docteur Antommarchi, le médecin italien qui lui était attaché, et expédié par ses soins (par le canal des autorités anglaises) à Lord Burguersh alors ministre britannique à Florence pour l'usage du sculpteur Canova. Celui-ci le restitua ensuite et Antommarchi l'offrit à Lord Burguersh ".
Quelle valeur historique peut avoir ce récit ? Aucune ! Le baron de Veauce a tenté par de savantes digressions d'établir la vérité historique de ce récit. Disons tout de suite que l'origine en est indifférente : peu importe que l'auteur soit une duchesse anglaise ou pas ! Déjà, il est établi que seul le moulage de la seule face est authentique " éventuellement " ! Surtout, Rose Weigall, intentionnellement ou pas, a voulu faire croire que notre docteur corse aurait adressé ce moulage original, authentique, à Canova, pour permettre à celui-ci de l'immortaliser dans le marbre ; et ceci, par le canal de Lord Burguersh. Hâtons-nous de le proclamer : jamais il n'y a eu la moindre preuve de ceci : aucune trace dans les écritures de Canova, décédé en 1822 ! Aucun témoignage de ses apprentis ou de ses aides. Et cerise sur le gâteau, Antommarchi se serait empressé d'offrir gratuitement cet exemplaire au ministre anglais. Ceci a tout d'une fantaisie !
" Par la suite, ce masque fut acheté par le baron de Veauce. Il présente sur sa surface de nombreux raccords, extérieurs à la partie faciale. "
Et alors ? Si ces raccords témoignent d'un assemblage, ce serait scientifiquement à étudier ! Sont-ils seulement en surface ? Il est permis d'en douter ! Pour les avoir scrutés (autant que faire ce peut), il m'est apparu -bien au contraire- que ces raccords sont simplement les lignes de partage d'un masque qui a été brisé ! En témoigne la séparation au milieu du visage… Le masque Burguersh a t'il été passé aux rayons X ? Jamais, à ma connaissance… (je suis tout près à reconnaître mon erreur, au cas où…) ! En tout cas, il y a aussi des raccords qui séparent la partie faciale en deux…
" Il est donc permis de penser que le bloc de la partie centrale correspond à l'empreinte prise le 7 mai c'est-à-dire au bloc remis par madame Bertrand. "
C'est là le point faible de la démonstration : s'il est permis de le penser, il est loisible de penser tout le contraire ! Mieux, c'est impératif, car le nez -selon les propres termes du baron de Veauce- ne correspond pas à celui de l'Empereur : " le front des portraits est plus haut (…) ; L'ensemble front-sinciput est plus large et plus volumineux (…). Le nez est plus droit. Même dans les profils de Pontorni et et de Dutertre, il présente une courbe régulière et non une bosse. (…) La bouche dont l'expression est d'une fermeté réfléchie, est d'un dessin remarquablement uniforme. La lèvre supérieure paraît moins courte. "
Voilà ce que le baron de Veauce a écrit sur cette fameuse partie centrale qui serait la seule authentique ! Disons le tout net : c'est une farce, car comment la faire coïncider avec les joues flasques, l'aspect vieillardé des chairs relevés par les témoins autorisés ?
" Ce bloc englobe l'oreille gauche et le haut du menton [note : c'est plutôt le signe d'une brisure accidentelle]. Le masque Burguersh apparaît comme un composite de moulage et de modelage,
C'est ici qu'il convient de marquer un désaccord total et de dénoncer ce raisonnement : pour faire " coller " la physionomie du masque Antommarchi avec celle de Napoléon, Veauce a inventé cette fumeuse théorie : pourquoi le corse, s'il avait véritablement " remodelé " les parties extérieures au bloc central, n'aurait pas pris la peine de les faire à la ressemblance de Napoléon ? Car, ce front et ce menton sont bel et bien ceux d'un individu réel : les bosses sur ce crâne -d'un volume dissymétrique- de même que pour le menton, sont les preuves d'une copie naturelle et non pas artificielle ! Notre conclusion, c'est que le masque Antommarchi a bien été entièrement moulé (et en rien modelé) !
Seulement, le reconnaître, c'est admettre que c'est le masque d'un autre individu que Napoléon ! Le périmètre crânien annoncé par Antommarchi pour Napoléon est de 56,20 cm, ce qui correspond exactement aux dimensions de son masque légèrement extrapolé (puisqu'il manque la partie arrière de la boîte crânienne) ! Or, Constant (valet qui fut 14 ans au service de Napoléon et qui brisait ces chapeaux) est formel : le périmètre crânien de Napoléon était de 59,65 cm ! Antommarchi est pris en flagrant délit de mensonge et d'imposture ; mais rien n'y fait, l'on continue de falsifier la vérité…
" (…), mais ce travail a-t-il été effectué à Sainte-Hélène ou à Londres ? Le baron de Veauce penche pour la version hélènienne, car deux autres épreuves du même modèle existent mais sans raccord et sans fêlure, faites avec un plâtre de meilleur qualité.
° Le masque d'Exeter appartenant à la municipalité d'Exeter. Il aurait été rapporté de Sainte-Hélène par le docteur Arnott à qui Antommarchi l'avait donné.
° Le masque Sankey en dépôt à la Maison française de l'Université d'Oxford. Il appartient à monsieur Sankey descendant du révérend Richard Boys, aumônier à Sainte-Hélène.
° Le masque Boys, dont l'origine est identique au précédent. "
Hâtons-nous de dire que tous ces masques sont du type " Burguersh " avec des variantes ! Comment ont-ils pu être " fabriqués ", c'est ce que nous ignorons. Nous estimons qu'Antommarchi a pu vouloir se servir de l'empreinte à sa disposition à Sainte-Hélène pour faire un ou deux " essais ", afin de vérifier qu'il serait possible de s'en servir pour confectionner le masque officiel de Napoléon ! Nous sommes persuadés que cette empreinte était celle du visage de Cipriani, le maître d'hôtel de l'Empereur à Sainte-Hélène, décédé brusquement le 27 février 1818, dans des circonstances non-élucidées… Les Anglais, présents au moment du départ des Français de Sainte-Hélène, ont compris le pot aux roses : ils ont flairé la bonne affaire. La preuve, c'est qu'ils ont attendu " l'officialisation " du masque Antommarchi pour exhiber " leur propre masque " ! Alors, on a vu sortir de l'ombre, les Sankey-mask, Giley-mask et autres Boys-band ! Tout cela n'est pas sérieux… Et ce n'est pas fini !
" Il existe également des surmoulages du masque Burguersh effectués par Antommarchi à son retour en Europe. "
Oui… A moins que ce soit des surmoulages de l'archétype dont Antommarchi a pris la copie en cire pour la confier à son ami suisse, le fameux Noverraz (autre valet servant à Sainte-Hélène). Ce masque en cire qui comporte des poils de barbe et de sourcils ; ces poils -après analyse- s'avèrent ne pas être ceux de Napoléon (aucune trace d'arsenic). Mais, poursuivons la lecture du roman officiel… :
" C'est le cas du masque " Bertrand " appartenant au prince Napoléon, probablement réalisé en 1821 et du masque exposé à la Malmaison, qui lui daterait plutôt de 1822 [note : allez savoir !]. Pour terminer sur les masques de provenance hélénienne, il faut mentionner les masques Gilley qui seraient des essais d'Antommarchi antérieurs au type classique. Ces masques du type " Antommarchi " furent rapidement contestés entre autres à cause de leur manque de ressemblance avec l'effigie de l'Empereur à la fin de sa vie [c'est nous qui soulignons]. Dès lors, d'autres masques apparurent, parmi les principaux faux masques, il y a lieu de retenir les types suivants… "
Ah bon ! Parce que les autres, ceux dont on vient de parler, seraient les vrais masques ? Nous venons de voir qu'il n'en est rien, que le masque Burguersh, soit -disant réalisation de l'archétype du masque " Antommarchi ", est un masque d'un autre individu que Napoléon, qu'il ne peut pas en être autrement ! Examinons-les, cependant, comme le propose le colonel Chaduc, car il pourrait bien se trouver parmi eux le véritable masque mortuaire de l'Empereur !
° " le masque du type Arnott : On connaît trois exemplaires du type Arnott, il aurait été fait à partir d'une empreinte en cire prise clandestinement (à l'insu des membres de la suite de Napoléon) par le docteur Arnott dans la nuit du 5 au 6 mai. Il ne ressemble en rien au type Antommarchi. "
Et pour cause ! Car il est beaucoup plus ressemblant que l'Antommarchi ; photographié par Badié en 1861 aux Tuileries. Napoléon III le tenait pour un masque authentique -comme son oncle Jérôme- preuve que les Bonaparte se défiaient du masque " officiel " ! Personnellement, je pense que c'est un " vrai-faux " : Arnott, sachant l'imposture commise par Antommarchi, a décidé d'en profiter ; il aurait soudoyé le jeune comte Léon (enfant naturel de Napoléon) pour mouler son visage et le faire passer pour celui de son père. Pour l'instant, ceci reste une hypothèse : ce qui est avéré, c'est la présence de Léon en Allemagne en 1827, date à laquelle apparaît le masque Arnott…
° le masque du comte Pasolini : il proviendrait d'un surmoulage réalisé clandestinement à Sainte-Hélène par des fidèles serviteurs de l'empereur. "
Sans intérêt : fabriqué à partir de papier mâché trempé dans du lait ; si cela était vrai, le résultat n'en demeure pas moins nul !
° " le masque du Royal United Service Museum de Londres provient d'un imposteur qui se faisait appeler " prince " Louis Charles de Bourbon. Ce masque est de provenance totalement inconnue, il présente un personnage joufflu et édenté ressemblant en rien à Napoléon en 1821. "
Alors là, c'est le summum de la désinformation et de la mauvaise foi ! Ce masque a été donné par Charles Adler en 1952 à l'Angleterre. Les autorités britanniques ont " déposé " ledit masque au Royal United Service Museum. Quand cette institution s'est transformée en Royal United Service Institution, le masque a disparu, aux environs de 1972… Charles Adler le tenait d'un escroc, le fameux " prince ", de son vrai nom William Reeves. Ce dernier assurait avoir acquis le fameux masque " par échange ou achat de feu Victor Masséna, prince d'Essling " ! Le sieur Adler a témoigné avoir eu en mains les documents signés du prince Masséna et authentifiant ladite relique. En tout cas, sa provenance est loin d'être totalement inconnue, même si elle est discutable…
Comme est très discutable -pour ne pas dire plus- l'opinion des Conservateurs aux Invalides qui se succèdent à ce poste, assurant ne voir aucune ressemblance entre la physionomie de ce " death mask of Napoleon " et l'Empereur, alors même que cette ressemblance est indubitable, notamment avec les photographies de Jérôme (frère de Napoléon) et de son fils, surnommé " Plon-Plon " ( neveu de Napoléon). En témoigne toute l'enquête réalisée en coopération avec Albert Martin, webmestre du site napoleon1er.com, qui établit notamment par les techniques du morphing la cohérence de ce masque avec le " lebendmaske " , propriété du Rolletmuseum à Baden, en Autriche. L'informatique est impitoyable pour la thèse encore défendue aujourd'hui par le Lt-colonel Chaduc. C'est sans doute pourquoi mon courrier établissant ces faits auprès du général Devaux, directeur du Musée de l'Armée, est resté sans réponse à ce jour ! Voyons donc ce que l'on pense du " lebendmaske " :
° " Le masque du musée de Baden prétendument offert par Antommarchi à l'ex-impératrice Marie-Louise, remariée au comte Neipperg, aurait servi de jouet à leurs enfants. Il est ensuite intercepté par le docteur Rollet puis déposé par son fils au musée de Baden. Ce plâtre n'évoque en rien un mort et semble plutôt avoir été moulé sur un sujet en pleine santé d'une quarantaine d'années. "
En effet ! Mais ce n'est pas aux enfants de Neipperg et de Marie-Louise que ce masque servait de jouet. C'est aux enfants de leur intendant, le baron de Werklein, qui avait comme consigne de le soustraire à la curiosité de l'Aiglon, l'infortuné Napoléon II. Comme Albert Martin, nous pensons que ce masque a pu être réalisé du vivant de Napoléon, probablement lors de son exil elbois… Je dois admettre qu'au départ je ne voyais guère de ressemblance avec l'Empereur. La superposition informatique du death mask et du Lebendmaske m'a ouvert les yeux : même structure osseuse, même forme des yeux, même emplacement de la mâchoire (sauf de profil, où c'est un peu moins vrai). Tous ces résultats ont été communiqués aux autorités ; sans que jamais elles n'y donnent aucune suite ! La volonté de faire l'impasse sur cette enquête est manifeste…
" A l'étude des différents masques, le masque de type Antommarchi apparaît bien comme le plus authentique même s'il présente quelques anomalies [c'est un euphémisme !]. On lui reproche son manque de ressemblance, mais il ne faut pas oublier que tous les témoignages des assistants s'accordent à dire que l'empereur était comme rajeuni dans la mort [note : immédiatement, après le décès ; et encore 6 heures après la mort (30 ans) ; et le matin du 6 mai, à 8 heures (quarante ans) ; le soir à 4 heures (plus que son âge : 52 ans) : le lendemain 7 mai à 4 heures du soir -lors de la prise du masque- certainement plus de 60 ans : c'est exactement la physionomie du death mask !] . D'ailleurs, dans un premier temps Antommarchi se refusa à prendre l'empreinte de Napoléon le jugeant trop peu ressemblant [ Cet argument est grotesque ; il était certainement plus ressemblant 12 heures après la mort que 48 heures plus tard ! Et c'est parce qu'Antommarchi n'avait pas de plâtre qu'il a renoncé à tenter un moulage le 6 mai…]. Ce n'est qu'une fois que Burton se décida qu'il l'assista de peur d'être écarté du projet [le Lt-colonel Chaduc reconnaît donc bien que c'est Burton et non pas Antommarchi qui est l'auteur de la partie faciale]. D'autre part, il ne faut pas oublier que le masque réalisé par Antommarchi n'est le résultat d'un moulage que pour la partie centrale, le reste est issu d'un modelage. "
Que de contradictions dans cette conclusion, et que de contre-vérités ! Nous pensons avoir fait justice de cette thèse saugrenue du " bloc central ", invention pure et simple du baron de Veauce qui en mettait lui-même en doute la plausibilité… Une enquête confiée à un organisme scientifique et certifié conduirait immanquablement à reconnaître la fraude et la supercherie ! Quelle est la raison qui empêche la proclamation de cette vérité ? A vrai dire, c'est l'existence d'une autre fraude, d'une autre supercherie, dont celle-ci n'est que la partie émergée de l'iceberg : la non-présence des Cendres de Napoléon dans le cercueil de porphyre rouge sous le dôme des Invalides !
Dans ces conditions, Mon Colonel, je vous prie instamment de mettre fin aux errements du passé et de diligenter auprès des organismes compétents (CNRS ou autre), l'enquête scientifique qui s'impose. Et vous prie de croire en l'assurance de mon très respectueux dévouement.
Bruno Roy-Henry
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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