Je donne ici la réponse adressée à Philippe Ballarini sur les histoforums:
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Bonjour Bruno,
C'est intéressant et cela pourrait être convaincant. Je ne suis pas un grand "napoléonophile", mais je m'interroge sur un point auquel, je l'espère, vous voudrez bien répondre.
Cette cicatrice semble apparaître sur le tableau de Charles Locke Eastlake (en 1815 ?) mais pas sur d'autres tableaux antérieurs. On pourrait donc en conclure que cette cicatrice a une origine tardive. A-t-on des informations sur un événement de nature à être à l'origine d'une telle cicatrice pas vraiment anodine ?
Par ailleurs, et j'espère ne pas vous heurter, le fragment de tableau que vous proposez sur votre forum est tout de même bien flou. N'existe-t-il pas de cliché dans une meilleure résolution ? Ce serait peut-être plus convaincant.
Cordialement
Philippe Ballarini
Deux points dans votre questionnement tout à fait légitime:
L'existence de la cicatrice sur le tableau d'Eastlake. Ce n'est pas un mirage, mais bien une certitude. Elle s'aperçoit(encore plus furtivement)sur une reproduction dans un livre paru récemment. Pour ce qui est d'une photo plus précise, je me suis cassé les dents auprès de l'administration du musée. De la faute de mon mauvais anglais, probablement. Il ressort de cet entretien téléphonique que les photos ne sont pas admises pour les visiteurs, le musée gérant lui-même celles-ci. Tous les détails sont réels a dit la personne concernée, quelque peu choquée que l'on puisse mettre en doute le talent et la sincérité dudit peintre...
S'agissant de l'existence de cette cicatrice, on ne connaît aucun récit qui en fasse mention. Rien ne nous dit qu'elle ne soit apparue qu'en 1815.
Personnellement, je pense qu'il peut s'agir d'une trace laissée par une dartre. Historiquement, on sait que Napoléon souffrait d'une gale rentrée à son retour d'Egypte, dont Corvisart le guérira définitivement au début du Consulat. C'est une origine possible.
L'autre -qui a ma préférence- c'est la crise d'eczéma dont souffrait Bonaparte au moment du 18 brumaire. Cette circonstance lui fut profitable: en sortant des cinq cent, il décida de s'écorcher des boutons qu'il avait au visage pour lui donner une apparence ensanglantée et pour valider ainsi la violence dont il aurait été victime de la part de certains députés.
Il est certain que des députés le bousculèrent et le menacèrent. Seulement, il fallait en porter témoignage à la troupe...
Bien entendu, David n'a pas peint Bonaparte au milieu des députés avec des boutons sur le visage (ou des plaques). Mais le fait que je rapporte est attesté par plusieurs témoins et rapportés par de nombreux historiens...
Voilà l'autre origine possible. Aucun artiste français n'aurait osé représenter l'Empereur avec une telle cicatrice (qui a pu s'accentuer avec le temps). Eastlake était un témoin neutre, parce qu'Anglais et francophile. Il a réalisé son oeuvre comme un "enregistreur photographique". Le détail exact des décorations portées par l'Empereur en témoigne (on y trouve, comme il se doit, l'ordre de la Réunion).
Cette cicatrice n'est pas tombée par hasard du pinceau d'un artiste anglais sur sa toile. Elle est d'ailleurs assez discrète au point de ne pas avoir été commentée (à ma connaissance) depuis bientôt deux siècles...
Mais elle n'en existe pas moins !!! Et on la retrouve quasiment à la même place sur le "death mask of Napoleon".