Bruno Roy-Henry a écrit :
J'ai quand même le sentiment que vous ne tenez aucun compte de ce que l'on vous dit.
J'ai plutôt l'impression que vous ne comprenez pas ce que j'écris. Le masque d'Antommarchi est peut-être complètement faux comme vous le pensez. Aucun témoignage ne permet pourtant de supposer qu'il s'agirait d'un masque de Cipriani. Ca, c'est l'hypothèse de Rétif. Il s'agit peut-être d'une intuition géniale provenant d'une révélation divine, mais ce n'est pas une conclusion tirée de l'étude de documents historiques.
Bruno Roy-Henry a écrit :
En ce cas, pourquoi Antommarchi va déposer un nouveau masque chez Mme Mère ? L'original ne suffit pas ? Comme c'est étrange...
Antommarchi donne toutes les apparences de l'intriguant qui essaie de se placer sous prétexte d'être l'auteur du masque qu'il a subtilisé à Burton. Il multiplie les démarches inutiles et maladroites auprès des diverses personnes auprès desquelles il espère obtenir une rétribution pour son larcin. Comme il n'obtient jamais ce qu'il espérait, il recommence régulièrement.
L'explication de ce comportement étrange pourrait résider là.
Bruno Roy-Henry a écrit :
En Tout cas, Marie-Louise condamne le projet. Elle possède déjà le "Lebendmaske" qu'elle remet à son intendant, le baron Werklein, avec une consigne: "ne jamais le montrer à l'Aiglon", ce qui signe sa ressemblance avec l'illustre souverain déchu...
Cette consigne s'inscrit dans la stratégie qui consiste à ne pas parler à l'Aiglon de son père. La ressemblance avec Napoléon est sans importance dans ce contexte. La moindre allusion à l'illustre père est prohibée. Un masque, n'ayant même aucune ressemblance, pourrait rapidement devenir pour le jeune homme un objet de dévotion à l'égard de ce père dont on l'a privé. Vous donnez au texte un sens qu'il n'a pas.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Les essais maladroits ?
Un essai ? Plusieurs essais ? Quelle importance ? Il en a au moins fait un. Des documents l'attestent. On ne va pas se quereller pour un pluriel malheureux.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Seulement, le résultat obtenu par Burton n'est pas favorable à la légende impériale: "c'est la figure du moment, mais non celle de 6 heures après sa mort qui, la barbe faite, était celle du Premier Consul", comme l'écrit Marchand.
Le texte de Marchand concerne l'aspect physique de Napoléon au moment de la prise du masque ou un peu avant. Ce n'est pas une description du résultat de la prise du masque. Aucun témoin ne mentionne explicitement que le résultat obtenu par Burton serait d'un effet désastreux. C'est vous qui le déduisez à partir des remarques sur l'aspect physique.
Bruno Roy-Henry a écrit :
D'ailleurs, ce bougre d'Antommarchi en convient lui-même: "les témoins cherchaient avec effroi, sur son visage pâle et DEFIGURE, l'expression de grandeur et de bonté qu'ils étaient accoutumés à lui trouver."
Encore une fois, ce témoignage concerne l'aspect physique de Napoléon et non le résultat de la prise du masque. Antommarchi, qui a failli à son devoir
en échouant dans sa tentative de prise de masque et qui a également failli tout faire rater en refusant de le faire quand on lui a apporté le plâtre dont se servira Burton, devait se justifier. Il ne serait donc pas absolument étonnant qu'il en rajoute un peu sur la dégradation, quitte à se contredire à la ligne suivante quand il essaie de faire la promotion commerciale de son masque ou plutôt du masque volé.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Il faut donc que ce grand pendart ait sacrément enjolivé le "travail" de Burton, pour lui donner cet air de noblesse et de jeunesse que d'aucun veulent voir sur les traits du masque officiel... C'est une farce!
Pourquoi une farce ? C'est quand même moins compliqué que de faire en sorte que l'improbable masque de Cipriani puisse être pris pour celui de Napoléon par les nombreux témoins qui l'ont connu de son vivant et qui connaissent ses très nombreux portraits.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Mais si, mon cher, informez-vous: le Dr Paoli a donné une bonne biographie d'Antommarchi -trop favorable, bien sûr- où l'affaire du masque mortuaire est fréquemment évoquée. D'ailleurs il tente de résoudre l'énigme à sa façon: "A LA RECHERCHE DE L'ARCHETYPE PERDU"
(cela pourrait-il s'appeler) où ces savantes digressions techniques entre masques Antommarchi et Arnott, sont très plaisantes à lire, si elles n'étaient totalement erronées!
Vous plaisantez, j'espère. Je vous écris qu'entre 1821 et 1833, on manque de précisions sur l'itinéraire de ce masque. Vous me répondez que je dois m'informer en me renvoyant au travail du docteur Paoli, que vous finissez par qualifier vous-même de "totalement erroné".
Bruno Roy-Henry a écrit :
Innombrables ? Vous déraisonnez, mon ami!
Oui, je déraisonne et j'aime ça.
Bruno Roy-Henry a écrit :
De X à Perceval: une (hypothètique).
Il suffit d'une transmission hypothétique pour que tout s'écroule.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Cinq propriétaires de 1821 à 1939: je ne vois rien "d'innombrable" là-dedans...
Il pourrait très bien y avoir 50 intermédiaires entre X et Perceval, comme X pourrait être Perceval
Bruno Roy-Henry a écrit :
Pour le reste, voyez les photos: après tout, ce masque est un objet (peut-être réduit en miettes à l'heure qu'il est)! Mais nous allons le reconstituer...
Avec les photos, on revient au point de départ. Vous avez l'intime conviction que le Rusi-mask est le véritable masque de Napoléon. Vous avez peut-être raison, mais vous ne parviendrez jamais à en apporter la preuve.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Si on peut "scanner" le visage de "l'exhumé-inhumé" des Invalides, nous aurons son "profil osseux", de quoi reconstituer son visage...
Ce n'est pas idiot comme idée. Essayez de trouver une équipe de chercheurs lituaniens ou mexicains (les Ukrainiens sont déjà occupés sur autre chose
) qui voudraient tenter l'expérience. Eux obtiendront peut-être l'ouverture du tombeau tant désirée et effectueront pour vous le fameux prélèvement permettant les tests ADN.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Bien sûr que le témoignage de Gourgaud est mensonger, puisqu'il nous dit que c'est bien là le visage de Napoléon, et dont on reconnaît sur ses lèvres "le sourire sardonique du plâtre moulé"! L'allusion au masque Antommarchi est incontestable, transparente...
Comme je l'écrivais dans le message précédent, Gourgaud n'était plus à Sainte-Hélène au moment du décès de Napoléon. Pour lui, comme pour la majorité des Français, l'image de Napoléon sur son lit de mort est celle du masque d'Antommarchi. Qu'il établisse ce rapprochement ne relève donc pas nécessairement du mensonge, mais pourrait n'être qu'un effet d'une auto-suggestion.
Bruno Roy-Henry a écrit :
Il y a une autre référence, celle du dessin de Rigo, commandé et dirigé par Pons de Las Cases; et avalisée par l'abbé Coquereau! 3 témoins de l'exhumation. Coquereau n'a rien compris; il n'avait jamais vu Napoléon de son vivant (ou de très loin, étant enfant)!
Donner des indications pour réaliser un dessin n'est jamais chose aisée. Le résultat est souvent très éloigné de ce que l'on pouvait attendre. Faire référence à une représentation existante à laquelle le dessinateur puisse se reporter (le masque en l'occurence) est donc un moyen commode pour avoir une garantie de résultat. Un scénariste de BD, par exemple, s'il veut obtenir un effet particulier, fera lui-même une esquisse ou fournira une photo pour orienter le travail du dessinateur. S'il laisse libre cours à l'imagination du dessinateur, il a lui-même la surprise du résultat.