J'ajoute que HCB a un jour (et probablement plusieurs) utilisé en faveur de Vichy un argument spécialement pauvre.
Nous nous trouvions, à l'invitation et sous la présidence de Jean-Claude Allain, vers le milieu des années 1990, à une table ronde en petit comité pour examiner la thèse du général Albert Merglen sur la possibilité, pour la France, de résister en Afrique du Nord en 1940. Il y avait là, outre les précités, Christine Lévisse-Touzé, le général Jean Delmas, Robert Frank et peut-être une ou deux autres personnes. Je pris personnellement vigoureusement position en faveur de la thèse ou plutôt d'une partie : Merglen plaidait à la fois que Hitler ne pouvait pas envahir l'AFN et qu'il ne le voulait pas. Je soutenais que peut-être, en y mettant le paquet, il le pouvait, mais que certes il ne le voulait pas et que c'était, à soi seul, une bonne raison de ne pas signer d'armistice. Même si on ne savait pas qu'il ne voulait pas l'envahir, c'était tout de même une chose à tenter... puisque toute autre option lui livrait la France à merci.
Coutau-Bégarie plaida tout aussi vigoureusement que Hitler pouvait envahir l'AFN sans difficulté, en prenant pour exemple les actions-éclair de 1941 dans les Balkans et en Libye, à l'indignation stupéfaite de Merglen.
Mais le plus fâcheux, et de loin, c'est que quelque temps plus tard, dans un article, il se réclama de cette réunion en citant les plus illustres de ses participants, pour dire qu'elle reflétait une adhésion désormais totale des spécialistes à l'idée que l'armistice était inévitable. C'était vite dit, seule Christine L-T lui ayant complètement emboîté le pas. Mais surtout, ce n'était pas un argument d'historien, mais un argument d'autorité de la plus belle eau, suggérant qu'il n'était pas si sûr de sa propre thèse et de ses propres arguments.
Bref, dès qu'il était question de Vichy il n'était guère performant, c'est ce que je tenais à dire tout en rendant, comme tout le monde en ce moment, hommage à son érudition et à sa valeur intellectuelle.
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