L'Énigme des Invalides

Ainsi que je l'ai déjà signalé, La Cases en avait écrit un précédemment.
Il s'agit d'un Atlas historique dont il n'était pas peu fier.

A ce sujet, il est intéressant de noter que dans le Mémorial publié en 1823, il ne manque jamais d'en faire la réclame alors que le Manuscrit original y fait à peine mention.

On lit également ceci dans les notes de Saint-Denis (Ali) : "Un autre reproche qu'on peut faire à M. de Las Cases dans le Mémorial, c'est d'avoir prôné outre mesure son Atlas de Lesage. Le vrai, c'est que l'Empereur l'a eu sous les yeux, étant à bord du Northumberland, qu'il l'a feuilleté, l'a examiné mieux et ensuite, il l'a laissé là pour ne plus s'y intéresser. Plus que tout autre, j'ai été à même de le savoir, moi qui étais chargé de la bibliothèque et qui donnais journellement à l'Empereur les volumes qu'il désirait lire".

Merci cher Joker de ce témoignage du mamelouk Saint-Denis

il faut croire que l'Atlas de Las Cases ne présentait guère d'intérêt aux yeux de l'Empereur....

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Un intérêt de pure estime, dirais-je.
N'ayant rien d'autre à lire à bord du navire, Napoléon a tué le temps en feuilletant l'ouvrage de Las Cases.
Par après, il a eu d'autres lectures à sa disposition et, s'étant progressivement familiarisé à l'anglais sous la férule du "Jésuite", il a pu lire quelques publications dans cette langue.
Il n'a manifestement jamais demandé à consulter à nouveau l'Atlas de son compagnon d'exil...

Rien n'est plus barbant que de voyager avec uniquement un livre que l'on trouve ennuyeux à en mourir. Mon pauvre Empereur!

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Né dans une île pour aller mourir dans une île, aux limites de trois continents ; jeté au milieu des mers où Camoëns sembla le prophétiser en y plaçant le génie des tempêtes

Châteaubriand

Il me faut préciser que l'essentiel de sa bibliothèque voyageait sur un autre navire faisant voile sur Sainte-Hélène.
Le capitaine du "Northumberland" s'étant quelque peu fourvoyé quant à la route à emprunter, les deux vaisseaux qui formaient le convoi arrivèrent avec trois jours d'avance à destination.

D'accord

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Né dans une île pour aller mourir dans une île, aux limites de trois continents ; jeté au milieu des mers où Camoëns sembla le prophétiser en y plaçant le génie des tempêtes

Châteaubriand

On connaît la prédilection de l'Empereur pour les ouvrages classiques et tout spécialement les tragédies.
Racine et Corneille étaient ses auteurs favoris, par contre il détestait Voltaire.
A Sainte-Hélène, il disposait d'une bibliothèque de plusieurs centaines d'ouvrages.
Tous les trois mois environ, il recevait également les journaux provenant du continent mais qui dataient de plusieurs mois.
Ces derniers faisaient l'objet de soirées de lecture, d'analyses approfondies et de conversations animées.
Parfois celles-ci se prolongeaient assez tard.
Napoléon appelait cela des "victoires sur le temps".

Parfois celles-ci se prolongeaient assez tard

J'ai lu cela , de mémoire, dans Napoléon à Sainte-Hélène de Martineau

Napoléon n'était pas que militaire, c'était aussi un littéraire, un grand lecteur, qui avait caressé un temps l'ambition d'embrasser la carrière d'écrivain.... ce qu'il fit d'ailleurs, avec plus ou moins de bonheur, dans sa jeunesse (Clisson et Eugénie, le Souper de Beaucaire...)

Les soirées s'éternisaient , l'Empereur déclamait, récitait des textes, des vers.... et l'assistance parfois s'assoupissait et attendait que l'Empereur eut fini ses lectures à hautes voix afin de pouvoir aller se coucher...

Gilbert Martineau ajoute (mais il n'est sans doute pas le seul) que les voyageurs de passage, anglais de retour des Indes faisant escale à St-Hélène notamment, et que Napoléon acceptait de recevoir en audience (du moins, au début de l'exil) étaient souvent frappés par sa grande érudition...

Une Lady anglaise (dont j'ai oublié le nom) en eue les larmes au yeux, ayant le sentiment de contempler un vrai monarque....

A contrario, il arrivait aussi que les soirs où il ne se sentait pas très bien, Napoléon confie la charge de la lecture à un des membres de l'assistance et qu'il finisse lui-même par s'assoupir...