Introduction : "Ce livre n'est pas un roman historique, mais un livre d'Histoire.
C'est l'exposé détaillé d'une enquête qui aboutit à la tragique conclusion qu'illustre le titre de l'ouvrage à savoir que Napoléon, non seulement ne repose pas sous le Dôme des Invalides, mais est encore prisonnier de l'Angleterre, enfoui sous une dalle anonyme de la crypte de l'Abbaye de Westminster. Les textes qui exposent au fur et à mesure les conclusions de l'enquête, ont été systématiquement dépouillés de digressions philosophiques et de considérations psychologiques. Leur style en reste volontairement simple et direct. Aucune concession n'a été faite à la Légende car ce sont en réalité les témoins oculaires de 1821 et de 1840 qui nous parlent par leurs écrits et nous amènent à la conclusion finale. Ceci permet aux Français de pouvoir hurler leur dégoût à la face du pays perfide dans lequel l'Empereur croyait pouvoir être admis à vivre comme un simple citoyen. On connaît la suite : le piège du "Bellérophon" tendu par le capitaine anglais Maitland, l'apparente considération dont on entoura le prisonnier pendant la traversée de l'île d'Aix en Angleterre et puis... brutalement l'annonce sans ménagement du lieu de sa déportation, l'île de Sainte-Hélène, ce "merdier de l'Océan" (Napoléon dixit), sur lequel un geôlier imbécile et sans scrupules le fit mourir à petit feu ! On eût pu croire que l'Angleterre s'arrêterait là... mais non, car l'oligarchie anglaise veillait ! Non satisfaite d'avoir détruit Napoléon, elle s'arrogea le droit de s'emparer subrepticement de sa dépouille et de la remplacer par celle d'un autre Français mort dans l'île en 1818, opérant ainsi une "substitution de cadavres" réputées à crime par le Code. Et ce crime est d'autant plus odieux que le nouveau gisant de la Tombe impériale était un traître à l'Empereur à la solde des Anglais ! C'est ce crime monstrueux, qui salit à jamais le drapeau anglais, qui va faire l'objet de l'enquête à laquelle nous associons le lecteur sans que jamais il puisse émettre un doute quant aux conclusions qui en seront tirées."
L'auteur donne une description très précise de la manière dont cette substitution a été réalisée :
"Mais retournons à Sainte-Hélène, à Sainte-Hélène où nous avons vu que le corps de Cipriani, « déguisé » en Empereur des Français, reposait dans son cercueil en fer-blanc. Darling, obéissant aux ordres, fit alors souder le couvercle et commanda que l’on plaçât la caisse telle quelle dans la tombe du maître d’hôtel au Cimetière de Plantation-House. Ces préparatifs de 1827 concernant Cipriani, annonçaient évidemment l’intention de l’Angleterre de ramener à bref délai les Cendres Impériales à Westminster. C’est pourquoi, après la mission d’O’Meara à Sainte-Hélène en 1827, une autre mission allait, l’année suivante, être confiée mais cette fois à l’ancien geôlier de Napoléon, le sinistre Hudson Lowe. Celui-ci effectuait depuis 1825 son temps de commandement à Ceylan à la tête des troupes de l’île. Or, par un curieux hasard, alors que son temps de commandement n’était pas terminé, on le trouve à Sainte-Hélène en… 1828, en route pour l’Angleterre. L’Histoire nous dit qu’il resta plusieurs jours dans son ancien domaine, visitant les lieux où s’était jadis exercée sa stupide autorité. A son arrivée à Londres, il rendit visite à l’ancien ministre des Colonies Lord Bathurst qui lui « conseilla de retourner au plus vite à Ceylan ». Le Gouvernement anglais n’ayant pas habitué ses officiers à faire du tourisme, il fallait donc que le très long voyage Ceylan-Londres aller et retour de l’ex-Gouverneur de Sainte-Hélène ait été motivé par une raison grave. Disons-le tout de suite : Cette mission importante n’était autre que celle de ramener en Angleterre, les Cendres de l’Empereur. Attention délicate ou machiavélisme du Cabinet britannique ? Quoi qu’il en soit, Hudson Lowe accomplit ponctuellement les ordres reçus. La maçonnerie intérieure de la tombe impériale n’ayant pas été exécutée en mai 1821, ni la terre remise dans la fosse, en retirer le cercueil de Napoléon n’offrait aucune difficulté : juste une couche de ciment à démolir et la dalle de fermeture du caveau à desceller. C’est ainsi qu’au moyen d’une chèvre, le triple cercueil fut amené au sol. Pendant l’opération on avait, bien entendu, interdit l’accès au val du Géranium. Ce fut le char funèbre ayant servi en 1821, et qui depuis était resté à Longwood, qui fut utilisé pour le transport. Mais alors qu’en mai 1821, le char en question n’avait reçu qu’une modeste décoration il fut, en 1828, et par Darling lui-même, magnifiquement revêtu de drap noir plissé garni de franges noires qui le fermait des quatre côtés. Les quatre angles étaient surmontés de plumes d’autruche teintes en noir. C’est dans ce tabernacle, dont on fermera soigneusement les rideaux pour éviter toute indiscrétion, que fut glissé le triple cercueil cependant que pour éviter tout déplacement au cours de son embarquement et pendant le transport, on cala la lourde bière de chaque côté par des tasseaux en bois cloués sur la plate-forme du char. Ce corbillard, qui fut donné par la Reine Victoria à Napoléon III le 5 novembre 1858, est exposé de nos jours dans la Chapelle Napoléon de l’Eglise Saint-Louis des Invalides. Les tasseaux dont il est parlé ci-dessus y sont encore en place. Au sujet de ce char funèbre, l’ « Illustration » du 30 octobre 1858 précise : « Le train du char a appartenu à la voiture qui servait à l’Empereur pour ses excursions solitaires dans l’île. C’est par son ordre que cette transformation avait été faite. LE CORBILLARD RESTA A LONGWOOD JUSQU’EN 1828, EPOQUE A LAQUELLE HUDSON LOWE LE FIT PASSER EN ANGLETERRE où il fut déposé à l’Arsenal de Woolwich. » Et c’est ainsi que, par une nuit noire, dans le brouillard de Londres, le corbillard de l’Empereur déposa à Westminster son glorieux fardeau qui repose, anonyme, depuis cette époque sous une dalle de l’Abbaye, le « Undercroft », sa dernière prison. Peu de temps après, Hudson Lowe repartait pour Ceylan tandis que le char funèbre prenait place dans un local de l’Académie Militaire de Woolwich, ultime et lointain trophée de la victoire anglaise de Waterloo… Napoléon avait dit, le 27 mars 1821, au Grand Maréchal : « … La seule chose à craindre est que les Anglais veuillent garder mon cadavre et le mettre à Westminster… » C’était, hélas !, chose faite !...
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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