L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 28 Fév 2024 10:18 
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Un texte est apparu, datant de 1972, mais mis en ligne récemment. Rien ne vaut le résumée de sa pensée, par l'auteur lui-même :

https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=g ... 2%3A%3A299

Un mystère de l'Histoire

Texte Georges Gygax Photos Yves Debraine

« Je suis journaliste, collectionneur et vice-président de l'Association des journalistes, écrivains et artistes de France et d'outre-mer, présidée par Marcel Achard... » Un diable d'homme que Georges Rétif de La Bretonne! Journaliste, il l'est jusqu'au bout des ongles. Sans doute ferait-il aussi un excellent commissaire de police. Pendant de longues années, il a mené une enquête minutieuse, ne laissant rien au hasard, en France, à Rome, Ajaccio et Sainte-Hélène. Une enquête qui a abouti à cette stupéfiante conclusion: Napoléon Ier, Empereur des Français, ne reposerait pas dans le
monumental tombeau de porphyre rouge sous le Dôme des Invalides. Son corps serait resté en Angleterre, à Westminster Abbey, où il serait enseveli sous une dalle anonyme. Les Invalides abriteraient le cadavre du dénommé Cipriani Franceschi, devenu maître d'hôtel de Napoléon, et qui n'hésita pas à le trahir avant de mourir en 1818 de mort violente. Cette mort violente que procure
l'arsenic à ceux qui décident d'abandonner cette terre...
Un livre, un disque, un film
Telle est l'effarante conclusion de l'enquête du journaliste-écrivain parisien. Ces conclusions fantastiques, Georges Rétif de La Bretonne les a développées dans un livre qui vient de sortir de presse. Au fil des pages, il accumule les faits troublants. 11 a gravé un disque 33 tours, préfacé par Michel Simon. Livre et disque portent un titre qui fait « tilt !» : « Anglais, rendez-nous Napoléon!» (Jérôme Martineau, éditeur, Paris). Un film est en préparation.
Hallucinante est l'histoire que conte Georges Rétif de La Bretonne. On hésite parfois à faire crédit aux allégations de l'auteur. Mais les faits sont là, avec leurs enchaînements diaboliques.
Georges Rétif de La Bretonne, 41 ans, deux enfants, est, comme son père, passionné par l'épopée napoléonienne. Il possède à Paris un musée privé qui contient, entre autres reliques, le lit sur lequel mourut l'Empereur à Sainte-Hélène, quelques-uns de ses vêtements, sa canne, sa lorgnette, quatre de ses épées dont celle de guerre, ses épaulettes, la tasse où il but sa dernière potion, etc. Seuls les privilégiés ont accès à cette admirable collection.
L'écrivain dit: « Depuis longtemps, je me consacre entièrement à Napoléon. J'ai été élevé dans son culte. Nous sommes une famille d'officiers. Moi, j'ai opté pour le journalisme. J'ai reçu le Grand Prix international du reportage photographique (4000 photos d'acteurs dans l'intimité). Parmi mes amis, j'aime à citer Gary Cooper, Charlie Chaplin et Michel Simon. Je suis titulaire de la Médaille d'argent de la Ville de Paris pour mes travaux journalistiques. Nous ne sommes pas bonapartistes, nous sommes napoléoniens. Nuance... Personnellement, c'est Sainte-Hélène qui me passionne, beaucoup plus que tout le reste. »
Fort bien, mais comment Georges Rétif de La Bretonne a-t-il abouti à ses découvertes? A la suite de quels cheminements Ce qu'il raconte est un véritable roman policier...
Le lit portait des aigles
« La recherche des pièces de collection, leur authentification, m'ont fait pénétrer dans la petite histoire. Un
jour, mon père et moi avons eu la chance de découvrir le véritable lit de mort de Napoléon. Ce fait m'a conduit à m'occuper désormais plus du cadavre que de l'homme vivant. L'Empereur avait emporté deux lits dans son exil. L'un est au Musée de Waterloo, en prêt. Nous avons retrouvé l'autre (sur lequel Napoléon et le maréchal Bertrand sont morts) chez Mme de Beaumarchais- Bertrand. Le lit était entreposé dans une chambre de bonne. Seules les souris s'en occupaient... C'est le lit de mort de l'Empereur. 11 y a à cela plusieurs preuves. Le valet de chambre de l'Empereur, Marchand, voulut faire une surprise à son maître. Aux quatre coins du lit figuraient des boules dorées, des pommes de pin, qui avaient remplacé les aigles d'argent vendues pour des raisons financières. Marchand enleva les pommes de pin et fixa d'autres aigles fabriquées par lui-même. Etant donné que les aigles possédaient une tige mâle, il fallait que les tringles du lit eussent des trous taraudés femelles pour qu'on puisse procéder à l'opération. Or, seul le lit que nous possédons a ces caractéristiques.
» Le lit nous a naturellement menés au cadavre. L'étude d'un masque mortuaire a tout mis en branle... Ce masque, que vous voyez ici, pris par le Dr Antommarchi, est très... parlant. Un jour que mes yeux se posaient sur lui, j'ai eu un choc; j'ai flairé l'imposture...
Les conséquences d'un vol
» Le masque mortuaire que j'avais sous les yeux a été pris le 6 mai 1821. Or, aucune prise de masque de Napoléon n'a eu lieu ce jour-là. C'est le lendemain de l'autopsie, 7 mai à 16 heures, que le médecin anglais
Burton procéda à cette opération. Le positif fut coulé le 8 mai et fut laissé à sécher dans le salon pendant un jour. Mme Bertrand, femme de l'officier d'ordonnance de l'Empereur, le cacha, refusa de le rendre à Burton, en arguant du fait qu'il appartenait à la famille du défunt. Ce masque-là arriva à Londres dans les bagages du Dr Antommarchi, lors du départ des exilés de Sainte-Hélène. 11 y a donc eu vol. Les anciens compagnons de l'Empereur décidèrent alors qu'il serait profitable, pour l'Histoire et la légende, de faire usage du masque de Cipriani, pris trois ans auparavant à l'insu de l'Empereur, et non du masque de ce dernier. 11 y avait des raisons d'agir ainsi. A la fin de sa vie, Napoléon avait beaucoup grossi et son visage était devenu bouffi. Cipriani, lui, avait une tête fine et racée. Jeune homme, il ressemblait à Bonaparte dans la famille duquel il avait été élevé.
» Il y eut donc conjuration. Les anciens amis de Napoléon
ne souhaitaient plus que la bénédiction de Mme Laetitia, mère de l'Empereur, alors en exil à Rome. Sans cette bénédiction, l'apparition sur les marchés du monde du masque de Cipriani, pris par le Dr O'Meara après le suicide du maître d'hôtel, risquait de provoquer de dangereuses réactions. Notamment celles d'O'Meara! Celui-ci avait averti son gouvernement de ce qui se tramait.
» Antommarchi fila à Rome avec le masque de Cipriani. 11 le présenta à Laetitia. Celle-ci n'hésita pas: ce masque- là devait perpétuer le souvenir de son illustre fils. L'autre masque était si disgracieux qu'il fut confié par madame mère à son propre frère, le cardinal Fesch... La maman avait renié son fils!
» L'Angleterre apprit le choix de Laetitia. Le masque de Cipriani fut remis au sculpteur florentin Canova qui fut chargé d'en faire une représentation en marbre...
L'histoire d'une substitution
» C'est alors que, le mystère des masques étant élucidé, j'en arrivai aux deux cadavres.
»Cipriani mourut en 1818. L'Empereur le suivit dans la tombe trois ans plus tard, en 1821, le 5 mai à 17 h. 49. Un cancer à l'estomac eut raison de sa forte constitution. Il est très gras, comme en témoignent de nombreuses chroniques de l'époque et les actes d'inhumation. La chaleur est torrride et le cadavre se décompose. En quelques heures, le visage est devenu méconnaissable. Le général comte de Montholon, officier d'ordonnance, est chargé d'organiser l'ensevelissement. Il dicte avec minutie les détails de la mise en bière, de la tenue dont le cadavre devra être revêtu, de l'enterrement enfin. Ces notes, il les confie à Hudson-Lowe, gouverneur de l'île. Tout paraît être en ordre. Mais au dernier moment il ne fut pas possible de suivre les instructions de
Montholon à la lettre. Il fallut renoncer à « certaines choses ». Or, le cadavre de Napoléon est officiellement exhumé en 1840, en présence de Hudson-Lowe. En réalité, il y avait eu substitution au cours d'une nuit de 1828. Le corps que l'on mit au jour était celui de Cipriani. Il fut baptisé Napoléon pour les besoins de la cause...
» 1828 fut vraiment l'année de curieux événements. Hudson-Lowe avait quitté Sainte-Hélène en 1821 pour
assumer un poste de commandant à Ceylan. Le Gouvernement anglais le fit revenir en 1828 avec, pour mission, de ramener à Londres le corbillard de l'Empereur. Hudson-Lowe s'acquitta de cette tâche. Il emmena le corbillard à Londres, resta deux jours dans sa capitale et... repartit pour Ceylan!
» Faire venir un homme de Ceylan pour un simple transport de corbillard est impensable. La mission était à la taille de n'importe quel fonctionnaire. Evidemment,
si le corbillard contenait un cadavre, et qui plus est, un cadavre illustre, le voyage Ceylan-Sainte- Hélène-Londres-Ceylan s'explique... Le fait est que le cercueil extrait de la tombe de l'Empereur, en 1840, était celui de Cipriani. L'histoire est cauchemardesque...» Par la suite, les Anglais acceptèrent de donner suite à la requête de Louis-Philippe tendant au retour des cendres de l'Empereur en France, et la France reçut un cercueil renfermant des restes humains. Mais les restes de qui Rétif de La Bretonne est tout à fait net à ce sujet: ce n'est pas l'Empereur qui fut rendu aux
Français, mais le valet Cipriani!
Le crime est prouvé
L'écrivain énumère des faits précis:
«En 1821, le jour de l'enterrement de Napoléon, le cercueil avait été installé dans la tombe sur deux tréteaux de bois... qui avaient disparu le jour de l'exhumation, en 1840. Ce jour-là on retrouva dans la fosse les cordes et les sangles qui avaient servi à descendre la bière. Le 9 mai 1821, sangles et cordes avaient été récupérées. Mais il y a plus...
» Le cadavre, le jour des obsèques, était revêtu de l'uniforme de parade barré, en sautoir, par le grand cordon de la Légion d'Honneur avec croix terminale et trois décorations, à savoir: la Légion d'Honneur, la Couronne de fer et l'Ordre de la Réunion. Le mort exhumé en 1840 portait l'uniforme des chasseurs de la Garde. Il ne portait que deux décorations. Le cordon de la Légion d'Honneur était installé sous l'habit et était privé de croix terminale... Napoléon avait été placé dans trois cercueils: un de fer blanc, un de plomb et un d'acajou. On retrouva 4 cercueils. Sur les pieds de l'Empereur avait été placé le chapeau portant cocarde. On retrouva un chapeau sans cocarde sur les cuisses du cadavre. Les bottes avec éperons d'argent, les bas de soie blanche avaient, eux aussi, disparu, le cadavre exhumé ayant les pieds nus dans des bottes
extrémités béantes. Pas d'éperons en 1840! L'estomac du défunt et son cœur avaient été enfermés dans des vases d'argent que l'on avait placés dans les coins du cercueil de fer blanc. On retrouva deux vases... entre les jambes du mort. Le crâne de Napoléon avait été entièrement rasé au moment de la prise du masque. Le cadavre retrouvé possédait une chevelure. La bouche ouverte laissait apparaître des dents très blanches. L'Empereur, lui, avait une mâchoire en très mauvais état au moment de sa mort. Quant aux visages des deux défunts, ils étaient terriblement différents. Napoléon, au moment de la mise en bière, était bouffi. On vit apparaître un beau visage fin... »
Georges Rétif de La Bretonne conclut: «Aucun doute n'est permis: il y a eu substitution! »
Trop bien faire est dangereux
Une chose est certaine: les auteurs de ce crime ont voulu trop bien faire. Ils ont suivi à la lettre les instructions
de Montholon... sans se douter que celles-ci n'avaient pu être réalisées au moment de l'enterrement de Napoléon. C'est, selon l'écrivain, ce qui prouve indiscutablement la substitution. Celui qui repose aux Invalides depuis le 15 décembre 1840, le dénommé Cipriani, ancien camarade d'école de Bonaparte, devenu traître à son empereur quelques décennies plus tard à Sainte-Hélène, est un usurpateur... involontaire.
L'Empereur, pour sa part, serait resté en Angleterre. Il reposerait à Westminster, sous une dalle anonyme, non loin de la statue de Nelson, peut-être même sous cette statue... La tombe la plus célèbre du monde serait donc la plus anonyme.
Un détail encore: nous avons dit plus haut qu'en 1818, le Dr O'Meara avait pris l'empreinte faciale de Cipriani. Ce moulage, réalisé à l'insu de Napoléon, avait été remis par le médecin à un autre serviteur de Sainte- Hélène, le Suisse Noverraz, ami de Cipriani. Il y a quelques années, le milliardaire cubain Julio Lobo l'acheta à Mlle Noverraz. L'original se trouve donc à Cuba.
Un point mérite d'être précisé. L'écrivain le fait en ces termes : « L'Angleterre a commis l'erreur d'exposer au Royal Service Museum la copie du véritable masque de Napoléon. Une étiquette indiquait clairement: « Masque de Napoléon ». Puis cet objet a fait partie des collections de l'Ecole militaire de Sandhurst avant d'être serré dans une cachette. Un ami de Londres m'en a adressé une photographie. Vous la voyez sur le lit de mort de l'Empereur. Ce masque est une autre preuve de la substitution. Pour s'en convaincre, il suffit de le comparer à celui de Cipriani... »
Georges Rétif de La Bretonne conclut d'un éclat de rire: «Somme toute, j'ai fait échec à l'Intelligence Service »

Le véritable lit de mort de Napoléon 1". Sur le lit, la photo du masque de l'Empereur dont l'original est dans une cachette en Grande- Bretagne. L'épée de combat voisine avec les épaulettes de grenadier de l'Empire, en provenance de Saint-Hélène. Cette épée est l'unique épée de bataille portée par Napoléon de 1805 à 1821. Cette arme a aussi appartenu à Napoléon Iii. Le tableau est un extrait du Sacre,
par David. A gauche du tableau, la canne dont l'empereur se servait journellement à Sainte-Hélène. A gauche une taie d'oreiller et une taie de traversin en provenance de Malmaison. Et dans les mains de Georges Rétif de la Bretonne, son livre explosif: «Anglais, rendez-nous Napoléon».

_________________
"Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."

Napoléon.


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