Une substitution réalisée par un nombre restreint de personnes dans le plus grand secret est un thème romanesque courant. Dans le cas présent, on retrouve certains éléments habituels de ces fictions. Toutefois, le nombre des personnes mises plus ou moins dans la confidence s'avère très élevé.
Il y a d'abord les acteurs principaux de la substitution : Hudson Lowe et O'Meara, selon Rétif. Mais il doit aussi y avoir les commanditaires de l'opération : des membres du gouvernement anglais ou le roi George IV, cela dépend des théories. Il doit aussi y avoir les exécutants : les hommes qui ont ouvert le tombeau et réalisé concrètement la substitution, certains membres de l'équipage du navire qui a ramené le corps de Napoléon en Angleterre, ceux qui l'ont ensuite convoyé vers sa destination finale. Il pourrait évidemment s'agir des mêmes personnes. Mais il est difficile de le savoir. Toujours dans le cadre de la réalisation de cette substitution, il a sans doute fallu s'assurer certaines complicités auprès des autorités de l'ïle de Sainte-Hélène et peut-être de la Compagnie des Indes.
Autres personnes qu'il a fallu informer : au moins quelques membres du gouvernement anglais en 1840 et peut-être des membres des différents gouvernements qui se sont succédés depuis lors jusqu'à nos jours, avec également sans doute certains membres du personnel administratif pour assurer la continuité.
En 1840, il a aussi fallu informer des membres du gouvernement français et peut-être le roi Louis-Philippe lui-même ainsi que son fils le duc de Joinville. Les anciens compagnons d'exil ont également dû être mis dans la confidence. Certains d'entre eux étaient déjà sans doute au courant de la substitution des masques.
Le comte de Rohan-Chabot, le docteur Guillard et l'abbé Coquereau ont-ils été également informés de la substitution ? Rien ne permet de le dire. Il existait néanmoins un risque important si le corps du substitué ne présentait pas d'évidentes ressemblances avec Napoléon qu'un témoin, connaissant ses portraits ou l'ayant éventuellement vu un jour, ne soupçonne une supercherie. La plus élémentaire prudence commandait donc sans doute de les informer également.
Egalement informés par la suite, Napoléon III et puis différents membres des gouvernements de la république et peut-être les présidents successifs et ce jusqu'à nos jours, à nouveau. Comment la continuité a-t-elle été assurée après l'intermède du maréchal Pétain ? Cela fait sans doute également partie du secret.
Difficile évidemment d'avancer des chiffres précis. On s'extasiera néanmoins qu'un secret partagé par tant de monde n'ait jusqu'à présent été révélé que par des personnes qui n'étaient pas dans la confidence.