Inscription : 14 Déc 2002 16:30 Message(s) : 15822
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Et si Napoléon ne reposait pas dans le tombeau des Invalides ?
Par-delà la polémique sur la mort de l’empereur Napoléon Ier, assassiné ou soigné à l’arsenic, il est un mystère bien plus épais et que nul n’oserait soulever sans provoquer un scandale. Le tombeau des Invalides renferme-t-il les restes mortuaires de Napoléon ou y a-t-il eu substitution du corps lors de son exhumation à Sainte-Hélène ? Reprenant les thèses de Georges Rétif de la Bretonne, enrichies par Bruno Roy-Henry, l’historien Franck Ferrand apporte de nouveaux éléments de réponse dans un livre qui met le feu aux poudres, L’Histoire interdite chez Tallandier.
Pour la première fois depuis plus d’un siècle et demi, la question a été publiquement posée lors d’une table ronde réunissant le prince Charles Napoléon, des historiens, des juristes, des scientifiques et des médecins légistes. Il faudrait ouvrir le tombeau de Napoléon pour répondre à la question de l’identité de celui qui y repose. Longtemps ce débat était tabou. Personne n’aurait osé remettre en cause la thèse officielle selon laquelle l’empereur Napoléon 1er, décédé à Sainte-Hélène le 5 mai 1821 et ramené en France en 1840 pour répondre à son vœu “de reposer sur les bords de Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé”, a été inhumé sous le dôme des Invalides. Il en va de la pérennité des visites d’un million de touristes chaque année. Et jusque très récemment, hormis des œuvres de fiction comme Monsieur N d’Antoine de Caunes, ou les thèses de quelques passionnés qui se manifestent sur le site “www.empereurperdu.com”, il était quasiment sacrilège d’évoquer la possible substitution du corps de Napoléon. Aussitôt des questions affluent. Qui repose aux Invalides sinon Napoléon ? Serait-ce son frère de lait et intendant Cipriani ? Qui a décidé de cette substitution ? Et pourquoi ? Napoléon l’avait dit peu avant sa mort en mars 1821 : “La seule chose à craindre est que les Anglais ne veuillent garder mon cadavre et le mettre à Westminster.” Avait-il des raisons de le craindre ? Et, dans ce cas, faut-il y voir l’ultime folie du roi George iv, frappé de démence, et animé vis-à-vis de l’empereur d’un mélange de haine et de fascination ? Pour tenter d’élucider ce mystère, il convient de se pencher attentivement sur les textes, les documents et les mémoires des témoins de l’époque. Il apparaît clairement que le corps qui est exhumé à Sainte-Hélène le 15 octobre 1840 en présence des derniers compagnons de Napoléon présente de multiples différences avec le corps inhumé quelque vingt années plus tôt.
Moins d’un mois après sa défaite à Waterloo, le 18 juin 1815, Napoléon est déporté contre son gré jusqu’à l’îlot accidenté de Sainte- Hélène, dans l’Atlantique Sud – à quelque 1.800 kilomètres des côtes de l’Afrique australe ! On l’y débarqua le 17 octobre, entouré d’un petit nombre de volontaires, dont entre autres les comtes Bertrand, de Montholon et de Las Cases, le baron Gourgaud, le chirurgien O’Meara et le premier valet Marchand. L’empereur déchu s’installe à partir du 10 décembre à Longwood House. Très surveillé à partir du printemps 1816 par le nouveau gouverneur de l’île, sir Hudson Lowe, le “général Bonaparte”, comme le traitaient les Anglais, renonça bientôt à sortir de son petit domaine ; il rongeait son frein et manifesta, vers l’automne 1817, les premiers signes d’une hépatite chronique. L’état de santé de Napoléon, après une amélioration fin 1819, allait connaître, un an plus tard, une dégradation que ne sut pas enrayer le docteur Antommarchi, un médecin corse dépêché de Rome par la mère de l’empereur. Ainsi l’Exilé de Sainte-Hélène mourut-il prématurément, en mai 1821, âgé de 51 ans. De l’aveu unanime, il en paraissait 65. Stéphane Bern. Revue de l'Eventail, octobre 2008.
http://www.eventail.be/detail_sections?i=292
_________________ "Tant que les Français constitueront une Nation, ils se souviendront de mon nom."
Napoléon.
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