L'Énigme des Invalides

C'est à cet arbre modeste qu'il fut donné le privilège de "garder" la tombe de l'Empereur, durant les 19 années que le Grand Homme reposa dans la célèbre Vallée du Géranium ...

J'ai relu cette semaine le poème de Marceline Desbordes-Valmore, éprouvant toujours la même mélancolie, celle qui embrume le regard ...

Alors, je me suis dit que c'était trop beau pour ne pas en rapporter ici quelques strophes, histoire de partager avec vous un moment d'émotion ...

...

Quand le grand Capitaine
Se coucha sans retour
Au flanc de Sainte-Hélène,
Ma feuille prit le jour.
Depuis, je l'environne
D'une couronne d'amour ...

J'entourai sa grande Ombre
De liens innocents.
Il dormit calme et sombre
Dans mes bras frémissants.
Et pour Lui, mon haleine
Fut pure et pleine d'encens !...

Car de pitiés divines
La Vierge pleura tant,
Qu'elle enfla mes racines
Sous le roc palpitant.
Et du bruit de ma sève,
Rendit son rêve content !...

Pour apaiser son âme,
Qui soupirait souvent,
J'imitai d'une femme
Le Requiem fervent ;
Et sur l'étroite pierre,
Une prière d'enfant ...

Quand la mer animée,
Dans ses flots turbulents
Simulait son Armée
Et les tambours roulants,
J'inondais sa mémoire
De bruits de gloire plus lents ...

Du martyr d'Angleterre
Honorant le tombeau,
Sur ce Christ militaire
j'inclinai mon drapeau ;
Et vingt ans son étoile
Ourdit mon voile, plus beau !

Linceul d'amour encore,
Je demande à couvrir
Sa cendre que j'adore,
Qu'Il voulait vous offrir ;
Je veux, comme Lui-même,
Pour ce que j'aime, mourir ! ...

Beau passage en effet ! Merci Rose, c'est agréable de lire un peu de poésie en ce week end de janvier.

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"L'histoire est un mensonge que personne ne conteste."(N)

J'ai la tête près du bonnet parfois...(M)

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Bien à vous.

Nicolas DESCOURS.

Merci à vous, cher Nicolas.

C'est à la même époque, en Décembre 1840, qu'après avoir consacré son poème au Saule de Sainte Hélène, et par conséquent à Napoléon, Marceline Desbordes-Valmore écrivit à son mari pour évoquer l'hommage rendu au Grand Homme par Victor Hugo :

"Les vers de Victor Hugo sont dans Le Siècle, il a écrit avec du sang d'Empereur, et d'Empereur du monde, lâchement assassiné.... C'est bouleversant.... Je ne t'envoie pas aujourd'hui ma pauvre feuille de saule sur Lui.
Victor Hugo a soufflé dessus avec sa puissante haleine...!"

Et nous sous souvenons que dans cette fameuse "Légende des Siècles", Hugo coucha ces vers célèbres :

"Sire, Vous reviendrez dans votre capitale,
Sans tocsin, sans combat, sans lutte, sans fureur,
Traîné par huit chevaux sous l'arche triomphale,
En habit d'Empereur !"