L'Énigme des Invalides

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Message Publié : 03 Avr 2005 17:35 
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Inscription : 14 Déc 2002 16:30
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Dans le manoir normand du Mesnil à Jumièges (Seine-Maritime), le 11e jour du mois de février 1450, vers 6 heures de l'après-midi, Agnès Sorel pousse un haut cri et trouve la mort. La célèbre maîtresse officielle du roi Charles VII succombe, selon les chroniqueurs, d'un "flux au ventre". Peu après sa mort, on prélève le coeur pour le mettre en terre au sein de l'abbaye de Jumièges, avant de conduire le corps en Touraine pour l'inhumer en l'église de Notre-Dame de Loches (Indre-et-Loire), devenue depuis la collégiale Saint-Ours.

La paléopathologie, discipline d'avenir
La paléopathologie a pour objet l'étude médicale des vestiges humains exhumés lors des fouilles archéologiques ou conservés dans les reliquaires et les musées. Grâce aux techniques d'investigation scientifiques et médicales (radiographie, génétique, biologie, anatomopathologie...), elle permet d'authentifier les corps, de retrouver la cause d'une mort, voire de résoudre des énigmes historiques. Le travail collectif sur Agnès Sorel a réuni médecins légistes, radiologues, toxicologues, anatomopathologistes, archéologues, anthropologues, paléoparasitologues... Il a été financé par le conseil général d'Indre-et-Loire à hauteur de 5 000 euros, une majorité des 22 signataires ayant collaboré gracieusement.

Samedi 2 avril, les restes des ossements d'Agnès Sorel, qui avaient été exhumés le 29 septembre 2004, devaient être réinhumés en cette collégiale. Ils viennent de faire l'objet d'une longue série d'analyses effectuées par 22 spécialistes de 18 laboratoires et institutions. Ce groupe était coordonné par le docteur Philippe Charlier (service d'anatomie et cytologie pathologiques, CHU de Lille, Ecole pratique des hautes études).

Les résultats de ces travaux devaient être rendus publics le jour de la cérémonie de réinhumation. Selon les signataires de "l'étude anthropologique et paléopathologique des restes présumés d'Agnès Sorel", la maîtresse de Charles VII aurait, à un âge compris entre 25 et 30 ans, été victime d'une intoxication aiguë au mercure, sans que l'on puisse conclure quant au caractère criminel ou non de cette intoxication. Nul ne peut savoir si elle a été empoisonnée sur ordre du dauphin, le futur Louis XI, comme cela a souvent été affirmé.

Bien qu'il ne fasse pas encore l'objet d'une publication dans une revue scientifique, ce travail collectif vient confirmer la puissance des outils de la biologie contemporaine pour, à des siècles de distance, élucider des questions qui avaient pris la dimension du mystère.

Les chercheurs ont tout d'abord cherché à confirmer que les restes humains qui leur avait été confiés étaient bien ceux de la maîtresse de Charles VII. Ils expliquent comment ils ont pu en avoir la quasi- certitude : l'examen anthropologique des éléments osseux du crâne a prouvé qu'il avait toutes les caractéristiques d'un sujet féminin, et l'analyse des cheveux ­ les plus longs mesurent 24 centimètres ­ indique qu'il s'agissait bien d'une femme européenne, naturellement blonde. En dépit des recherches, aucune trace d'ADN nucléaire n'a pu être retrouvée.


"AUCUNE TRACE D'ARSENIC"


Le degré de fermeture des sutures crâniennes, la faible usure dentaire et l'absence totale d'arthrose sont autant d'arguments plaidant en faveur d'un jeune âge, évalué entre 25 et 30 ans. Enfin, la reconstitution du visage à partir du crâne a montré une très grande ressemblance avec le gisant d'Agnès Sorel à Loches, mais aussi avec son portrait dans une oeuvre de Jehan Fouquet (la Vierge de Melun, parfois aussi appelée Vierge à l'enfant, exposée au Musée d'Anvers). La compatibilité des restes crâniens avec les reliefs du visage du gisant avoisine les 100 %.

L'analyse des dents et des sutures crâniennes permet également d'évaluer un âge, au moment de la mort, compris entre 20 et 30 ans. L'examen microscopique du cément dentaire (un des constituants de la racine dont le rythme de dépôt est annuel) a permis aux chercheurs de déterminer qu'elle était morte à un âge compris entre 23 ans 9 mois et 27 ans 9 mois, soit une naissance située entre 1422 et 1426. Les historiens évaluaient jusque-là la naissance d'Agnès Sorel entre 1409 et 1425.

L'analyse des dents a aussi permis de préciser le nombre de grossesses. Les anneaux de cément sont, en effet, plus larges lors de la gestation. Trois anneaux larges consécutifs ont pu être identifiés, correspondant à trois grossesses survenues à 18, 19 et 20 ans. Ses trois filles ­ reconnues par Charles VII ­ ont ainsi, selon toute vraisemblance, vu le jour en 1443, 1444 et 1445. Différents témoignages laissent penser qu'un quatrième enfant serait né de l'union entre le roi et sa maîtresse, enfant qui n'aurait jamais été baptisé. Or les chercheurs ont retrouvé, dans l'urne qui contenait les fragments, la présence d'un squelette foetal de sept mois.

C'est l'étude toxicologique réalisée sur les phanères (les cheveux, les poils et les sourcils) prélevés sur le crâne et récupérés au cours de la fouille de l'urne funéraire qui a permis de conclure sur la cause de la mort. "Aucune trace d'arsenic n'a été détectée. Par contre, des taux considérables de mercure ont été mesurés dans les phanères, tant en superficie qu'en profondeur, souligne le docteur Charlier. Ce mercure aurait pu être contenu dans le plomb du sarcophage, mais l'analyse de ce dernier a montré qu'il n'en comptait qu'un taux infime. La fixation du mercure dans les phanères est donc bien antérieure au décès."

Cet empoisonnement était-il volontaire ? Rien ne permet de le dire. L'analyse paléo-parasitologique ayant montré qu'Agnès Sorel était atteinte d'une infection parasitaire intestinale par l'ascaris, on peut penser que des sels de mercure lui ont été administrés comme traitement vermifuge. A-t-elle été intoxiquée accidentellement ou bien a-t-on exagéré le dosage du médicament dans le but de l'empoisonner ? Le mercure était également utilisé pour faciliter le travail lors des accouchements longs et difficiles. A-t-il été administré à Agnès Sorel lors de la naissance de son quatrième enfant ?

La science, ici, reste muette.

Le Monde: 2/4/2005


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 Sujet du message :
Message Publié : 03 Avr 2005 22:05 
Combien d'histoires d'empoisonnement sont ainsi restées inexpliquées d'un point de vue scientifique... :7:
De la cigüe à l'arsenic, ce ne sont pas les produits qui manquent pour se débarrasser de personnages gênants... :bah:


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 Sujet du message :
Message Publié : 04 Avr 2005 14:38 
Les empoisonnements passé, non résolus, sont nombreux !
beaucoup de gens on été empoisonné, un moyen éfficace, a l'époque ! :diablotin:


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